Andréhn-Schiptjenko a le plaisir d'annoncer la première exposition personnelle de la peintre suédoise Sixten Sandra Österberg à Paris : Flood. Le vernissage aura lieu le samedi 6 septembre 2025 de 16h à 20h en présence de l'artiste et l'exposition se poursuivra jusqu'au samedi 11 octobre 2025.

Sixten Sandra Österberg est connue pour ses représentations de corps où les figures émergent et se dissolvent à la fois sur la toile. Dans cette pulsation constante entre réalisme et abstraction, ses portraits représentent souvent la communauté dont elle fait partie, tout en y associant des éléments de la peinture classique. Dans Flood, Österberg poursuit l'exploration de ces thèmes en s'inspirant cette fois des grandes compositions des préraphaélites et des mouvements victoriens, avec un intérêt tout particulier pour la représentation des cheveux longs.

Comme Österberg, les préraphaélites cherchaient à saisir le monde qui les entoure avec honnêteté et vérité, par opposition à l'idéal promu dans l'œuvre de Raphaël. Dans les centres villes de l'époque victorienne, c'est la présence croissante de cultures diverses et de minorités ethniques qui a attiré l'attention de nombreux artistes préraphaélites. Les femmes des communautés irlandaises de la classe ouvrière sont devenues de premières sources d'inspiration, les portraits de personnages aux cheveux roux servant d'emblème au préraphaélisme.

Au fil des siècles, les cheveux longs ont revêtu une variété de significations différentes souvent liées au genre. Pour les corps féminins, les cheveux longs ont généralement été considérés comme attrayants dans toutes les cultures. De nombreux personnages féminins mythiques sont également associés aux cheveux longs afin de communiquer leur pureté. Pour les préraphaélites, les cheveux longs symbolisaient la parure suprême d’une femme et le reflet de sa passion intérieure.

Österberg réinterprète le motif des cheveux longs à travers le prisme de son propre contexte culturel alternatif. Contrairement aux longues tresses en cascade des sujets préraphaélites, les cheveux longs d'Österberg sont plus désordonnés, plus sombres et plus libres. Dans The kiss, les cheveux coulent sur un dos lors d'un moment intime, rappelant le tableau de Hayez de 1859 portant le même titre, l'une des œuvres les plus emblématiques du romantisme. Les cheveux longs restent au centre de l'attention, mais ils ont des connotations différentes : presque textiles, ils s’assimilent à un vêtement et un marqueur d'identité.

Bien qu'inspirées par le portrait classique, les peintures d'Österberg ont l'instantanéité des photographies contemporaines prises par un téléphone sorti d’une poche quelques instants auparavant pour capturer une scène intime - un couple s'embrassant passionnément sans remarquer ce qui l'entoure, un autre se reposant nonchalamment sur un fauteuil, ou s'embrassant dans un champ de mauvaises herbes en plein essor. Les sujets ne regardent jamais le spectateur dans les yeux, chaque scène se déroulant avec une authenticité tranquille.

Ces sensations de spontanéité et de proximité avec les sujets que l’on peut ressentir en regardant les œuvres d’Österberg sont renforcées par la manière dont ces scènes réalistes se dissolvent en une douce abstraction. Elles laissent au spectateur l’impression d’un souvenir flou ou d’un rêve fragmenté – quelque chose de profondément personnel, transformé par l’esprit, où la réalité flotte et les couleurs éclatent.

À l’opposé d’une approche historique, les cadrages extrêmement resserrés d’Österberg, qui se concentrent sur un seul détail tout en faisant abstraction de la scène environnante, sont résolument contemporains. Ils confèrent à ses peintures une qualité dynamique et cinématographique. Le spectateur n’aperçoit qu’un fragment d’un ensemble plus vaste – une expression, un geste ou, dans Year around friend, des orteils poussant sur une botte en cuir pour l’enlever. Ce sont ces détails, à la fois infimes et réalistes, qui caractérisent la pratique d’Österberg. Son travail est imprégné de codes culturels alternatifs et s’adresse à sa communauté à travers le regard tendre et affectueux de son propre environnement social.

Représentant un couple de dos, le diptyque Carpenter and dreamer met une fois de plus à l’épreuve les codes du portrait classique. La composition en miroir attire l’attention sur les longues chevelures des deux protagonistes ainsi que sur les ornements situés au bas de leur dos : un large tatouage et un string orné de bijoux. Ces éléments expriment à la fois une style personnel et une individualité, tout en évoquant la rébellion et la liberté sexuelle. La féminité et la pureté traditionnellement associées aux cheveux longs sont résolument brisées par cette diva portant un couteau dans un fourreau.

À travers la célébration de la chevelure longue et la représentation réaliste de la diversité et de la culture alternative, Österberg crée ses propres muses préraphaélites du XXIe siècle – non plus des idéaux passifs, mais des figures fluides et puissantes, empreintes d’assurance, de style et de défi. Avec cette exposition, Österberg inonde la toile d’une beauté nouvelle, audacieuse et percutante.