Récemment honoré par une importante exposition au Musée des Beaux-Arts de Lyon, intitulée Empreintes, le peintre français François Rouan fait aujourd’hui l’objet d’une nouvelle exposition à la Galerie Templon à Paris. Près de vingt œuvres majeures déploient un œuvre que l’on peut redécouvrir, selon les mots d’Alfred Pacquement, comme « possédant une densité et une profondeur que l’on rencontre rarement sur les chemins de l’art contemporain ».
Dès ses débuts, Rouan a été associé au mouvement Supports/Surfaces, bien qu’il ne s’y soit jamais conformé totalement. Sa démarche singulière l’a conduit à approfondir le geste pictural par le collage, puis, à partir de 1965, par l’invention du tressage. Dans les années 1980, son exploration de nouveaux médias – photographie et film – l’a amené à élargir le champ de la peinture, déconstruisant les structures picturales traditionnelles afin de les réinventer.
L’exposition réunit principalement des peintures des séries Transis et Recordas. Dans les premières, réalisées à la cire, des formes émergent de motifs réitérés tels des vestiges de mémoire, transformant chaque œuvre en apparition, en sorte de linceul indélébile. Dans les secondes, Rouan tresse minutieusement des fragments de toile, produisant une surface à la fois littérale et symbolique. Les couleurs s’entrelacent avec intensité ; les formes reviennent avec une insistance obstinée, tandis que la surface peinte ne cesse de se défaire. Rien ne se révèle au premier regard : l’œuvre exige une attention patiente, sans cesse renouvelée.
À travers ce jeu d’éléments empruntés et d’empreintes, François Rouan compose un œuvre au caractère résolument palimpseste — ce que Daniel Sibony a qualifié de « magnifique méditation sur la texture de l’existence ». Cette rigueur formelle et spirituelle le situe parmi les plus grands peintres abstraits de la modernité.
François Rouan s’est récemment vu confier la création de nouveaux vitraux pour le réfectoire de l’Abbaye de Fontevraud.
















