La vie peut-elle vous donner une seconde chance ?

La vie peut-elle vous donner une seconde chance ? Sarah Frikh, présidente de l'association "Réchauffons nos SDF", en est persuadée. Entourée d’une équipe fidèle dont sa complice Salima Benacer, elle s’appuie sur l’élan de solidarité de tout un chacun pour offrir aux destins tragiques, la possibilité d’un nouvel espoir.

La vie peut-elle vous donner une seconde chance ? Sarah Frikh, présidente de l'association "Réchauffons nos SDF", en est persuadée. Entourée d’une équipe fidèle dont sa complice Salima Benacer, elle s’appuie sur l’élan de solidarité de tout un chacun pour offrir aux destins tragiques, la possibilité d’un nouvel espoir. L’association compte à son actif plus de deux cents femmes et enfants sans domicile fixe, tous sauvés de l’enfer de la violence et de la maltraitance. Sur les réseaux sociaux, Sarah Frikh reçoit d’abord ce qu’elle appelle une alerte. Une fois qu’une femme est désignée en danger, des bénévoles sont dépêchés pour évaluer la situation, créer une relation de confiance. Dans un deuxième temps, grâce aux dons des particuliers, une solution d’hébergement provisoire est mise en place. Après cette phase dite de mise à l’abri, l’association via son site, récolte des fonds qui serviront à un relogement plus pérenne, à l’achat de vêtements ou d’objets de première nécessité.

C’est ainsi que Maria, dont le récit est poignant, a pu retrouver un toit. Lorsque son propriétaire décide de vendre l’appartement qu’elle occupe, la femme d’un certain âge n’imagine pas encore les bouleversements qui vont s’en suivre. Étant dans l’incapacité d’acquérir le bien, Maria n’a pas d’autre choix que de quitter les lieux. Elle se retourne alors vers les bailleurs sociaux, ils lui proposent des appartements vétustes et insalubres, qu’elle refuse. Attachée à sa ville, elle préfère dormir dans sa voiture. Elle imagine que ce sera l’affaire de quelques jours, le temps que la municipalité lui trouve un appartement décent. Hélas pour elle, ce qui devait être une solution passagère devient sa réalité. Pendant deux ans, Maria va vivre et dormir dans sa voiture jusqu’au jour où « Réchauffons nos SDF » vienne à son secours. Depuis, la sexagénaire a pu reprendre les rails de sa vie grâce à la mobilisation de généreux donateurs. Aujourd’hui, elle a un toit, et à son tour, elle aide d’autres SDF.

Sarah se souvient de chacune des femmes qui ont pu être sauvées par l’association. Il ne fait aucun doute pour elle, il faut d’abord offrir à ces êtres que la vie a maltraitées, le temps de se reposer. « La rue crée des traumatismes. Beaucoup de femmes, y sont violées, certaines quotidiennement. Elles mettent au monde dans la rue des enfants issus de ces viols. Elles sont maltraitées physiquement. Elles essaient de se mettre à l’abri en se cachant dans des sous-sols par exemple, mais, il est difficile de véritablement se prémunir contre les dangers de la rue. Une fois que nous parvenons à leur aménager un temps de répit, nous les aidons à clarifier leurs situations administratives, à demander ce qui leur revient de droit (prestations sociales, documents officiels, cartes vitales…). Nous ne leur mâchons pas le travail, elles doivent être dans une dynamique de reconstruction active mais nous ne les lâchons pas dans la nature pour autant. Elles deviennent nos amies. Je veux aller encore plus loin pour ces femmes, en interpellant les pouvoirs publics avec une pétition, pour que plus de centres d’accueil soient créés.

On peut écouter la fondatrice de « Réchauffons nos SDF » pendant des heures, elle vous raconte les maraudes, les désillusions et surtout les espoirs. Même s’il reste difficile pour certaines personnes de quitter complètement la rue, plusieurs tentatives sont parfois nécessaires pour les décider, l’association ne désespère jamais. Anne par exemple, après 17 ans dans la rue, est parvenue à sortir de l’engrenage de la précarité, grâce à la main tendue par l’association et ses bénévoles. L’ancienne sans domicile fixe, aide aujourd’hui les femmes démunies à accoucher dans la rue. Elle met tout en œuvre pour éviter aux futures mamans les complications d’un enfantement dans des conditions difficiles.