Daedalus’ Choice, la nouvelle exposition collective de Xippas Paris, réunit les œuvres de 8 artistes qui renvoient au thème du labyrinthe et à ses multiples dimensions. Elle invite le visiteur dans un dédale scénographique et imagine l’insurrection fantasmée d’une figure légendaire, devenue commissaire.

Dès l’entrée, Closed Heliopolis (2007) de James Siena annonce le sujet sous la forme d’un plan de ville labyrinthique vue de dessus. Par définition ces représentations sont dénuées de perspective, mais James Siena dessine la ville en utilisant un algorithme et crée de cette manière l’illusion d’une impasse.

Il faudra la contourner en descendant l’escalier pour découvrir le parcours de l’exposition dans une salle souterraine. Dans cet espace mis en scène, le visiteur se trouve confronté à des labyrinthes physiques et temporels. Il est d’abord accueilli par Perfect Time (2013), l’horloge mécanique de

Darren Almond. Erigée en totem, contraignant l’entrée de la salle, l’œuvre permet d’imaginer un fantasme borgésien dans lequel les temps ne se succèdent pas, mais existent simultanément.

Plus loin, la photo Winter Landscapes (2014) d’Hannah Whitaker s’interroge sur la restitution de notre mémoire, en montrant comment une expérience vécue peut se briser en morceaux dans les couloirs de l’inconscient, pour ressurgir sous forme fragmentée, comme un puzzle. La recomposition s’invite aussi avec l’intervention de Philippe Ramette qui conçoit pour cette exposition des cimaises suspendues au plafond, évoquant l’idée de murs inversés. Sur ces cimaises sont accrochées des dessins qui introduisent avec humour la figure humaine et ses doutes existentiels. En contrepoids, les œuvres de Michael Scott détournent notre regard de cette architecture suspendue et révèlent des labyrinthes souterrains, composés de tuyaux, de canalisations et de robinets d’arrêt.

Deux œuvres de Dan Walsh explorent quant à elles la dimension abstraite du sujet. Leurs titres

se répondent phonétiquement – Treat (2013) et Retreat (2009) et leur composition ornementale isole ou multiplie les zones d’enfermement. L’idée du labyrinthe abstrait se décline aussi dans l’œuvre de Joël Stein, qui s’est intéressé à ce sujet dès la fin des années 50, et s’est rapproché ici de l’iconographie grecque d’un labyrinthe unicursal; ou dans les œuvres de James Siena dont le concept emploie l’algorithme et transforme son œuvre en compositions fluides et mouvantes ou encore géométriques.

Il y a enfin les dédales au sens propre, réinterprétés par Vik Muniz comme Carcere XIV, The Gothic Arch, after Piranesi Prison (2002), prison imaginée par Piranèse à la fin du 18ème siècle ou Dog, After Francesco Segala (2001), le chien dessiné par l’architecte italien du 16ème siècle. Il devient alors possible avec ce dernier de jouer en suivant du regard un parcours imaginaire, pour trouver une issue, à la manière de Daedalus.