Tous les processus qui sont envisagés comme opposés découlent d’une médiation. Cette médiation est, par exemple, l’accord et la complémentation qui crée la dissidence ou qui crée l'opposition. Ce sont là des situations courantes et nous faisons cela très fréquemment, que ce soit dans nos familles, ou entre amis, ou entre collègues, nos relations sont envahies par des accords. La vie est dynamique, rien n'est statique.
L'instabilité de l'accord génère, au niveau individuel ou psychologique, de l'anxiété et de la peur, car ce qui ne se complète pas et se solidifie insinue toujours des brèches. Les relations se terminent, elles sont transformées, niées et affirmées dans d'autres dimensions. Les points de polarisation, les influences et ce qui a été convenu, se métamorphosent. C'est la progression, c'est le processus naturel d'être-au-monde-avec-les-autres.
Le mouvement est une caractéristique qui définit notre existence et nous constatons cela dans les transformations ou les changements fréquents dans notre vie quotidienne. S'il y a une antithèse (contradictions et oppositions), il y a changement - c'est la dialectique du processus. Cependant, l'opposition surgit lorsqu'il y a continuité de la médiation, quelque chose d'équivalent à : à force de supporter et de circonscrire le différent ou le contraire, des similitudes surgissent, une médiation surgit qui édifie les contradictions.
Le groupe soumis devient libre, car la continuité de la soumission présente une autre structure qui, à la fin, neutralise et met en antagonisme les processus de soumission. Se familiariser avec ce qui est nuisible, avec ce qui dépersonnalise, structure une autre antithèse, et engendre l'autonomie dans la mesure où elle diffère des processus de soumission. C'est ainsi que pour toute extériorisation des règles surgissent des limitations des besoins.
Dans le domaine social, les systèmes dictatoriaux eux-mêmes créent leurs antithèses, tout comme les participations libérales et démocratiques elles-mêmes le font aussi. Elles convergent vers des îles de vérités maintenues et assumées, des accords qui commencent à fonctionner comme des pôles exemplaires ou comme des dogmes. Les systèmes se détruisent ou se construisent non seulement par l'entropie, mais également par leur faisabilité. C'est comme la vie : plus on vit longtemps, plus on se prépare à la mort. Ne pas s'épuiser en soi-même propose un autre naturellement différent de soi, et par conséquent son antithèse, puisqu'il est la continuité d’une médiation configurée par les éléments posés et apposés, rajoutés par la suite.
Toute confrontation est toujours médiatrice si elle s'insère dans la globalité qui la rend possible. L'opposé de A se fait en configurant B, son antithèse, responsable du résumé médiateur d’infinies conséquences prolongées.
Les points d’union sont des résumés arbitraires et contingents d’innombrables oppositions. Il est difficile de configurer des issues et des solutions dans ce labyrinthe processuel. Voir cette situation de l’extérieur, ou être un autre signifie ne pas être un champ de polarisation de ces oppositions. En ce sens, les visions d’ensemble et les questionnements thérapeutiques permettent de se dégager des contingences, de neutraliser des positionnements et de la sorte de rétablir l’opposition : la peur qui fige, l’envie et l’avidité, des règles et des ajustements qui affichent l’action. Vivre dans les contingences est une forme d’ajustement. C’est le soutien qui aide mais immobilise. La nécessité d’avancer, de bouger oblige à des remises en question, elle oblige à élargir les espaces. Ce mouvement – élargir les perspectives – est la médiation nécessaire pour remettre en question des oppositions écrasantes.
Le contexte humain est un contexte de mouvement et de changement, mais nous pouvons être positionnés, nous pouvons être situés. Tous les passages sont réalisés autour de références et il en découle à la fois la perception de l'immutabilité et celle de l'éternité. Au cours de ce processus, de cette continuité, nous faisons l'expérience de la non-contradiction, mais cette expérience est aussi épanouissante qu’anesthésiante Ces possibilités antagoniques – la dualité – sont une manière de recréer le mouvement et la contradiction. Nous en faisons l'expérience, par exemple, dans les histoires d'amour, avec toutes leurs peurs elles sont ancrées dans cette réversibilité : le désir d'éternité, que l'amour ne change pas, ne finisse pas, est la contradiction d'un organisme plein de besoins et foisonnant de possibilités.
Lorsque les processus – la dialectique – s’installent, les médiations nécessaires pour les configurer, pour les élargir, s’installent aussi. La non-perception de celles-ci engendre la volonté d’être toujours gagnant, ainsi que l'être ou le ne pas être, le savoir ou le non savoir, qui aliènent. En finir avec ce positionnement est une manière de laisser intactes les données processuelles responsables de l'être et le ne pas être, du faire et ne pas le faire, de l'omission, de la participation.
Ces antagonismes ne sont médiatisés, résolus, que lorsque l'on perçoit, lorsque l’on a une vision d’ensemble de ce qui se passe. Il n'y a pas de directions données, il y a en fait trop d’indications de quel chemin prendre, et vers où avancer. Choisir des issues implique d'avoir des portes fermées, des chemins aujourd'hui obstrués alors qu’ils étaient par le passé des facilitateurs de refuge.
Chaque fois qu'il y a opposition, il existe une médiation, c'est-à-dire que l'impasse indique sa solution. Chaque fois que le problème est configuré, la solution est atteinte. La problématique est configurée comme une possibilité, d'où la nécessité d'une remise en question, d'antithèses, ainsi que la nécessité de l'autre devant soi, même si c'est par renoncement ou par un artifice du propre personnel. Ainsi, il est structurant et humanisant de percevoir les contradictions existantes et la façon dont elles sont en relation, et de les modifier, de les transformer en constats, ou de les intégrer. Ignorer la dynamique revient à créer des déserts réels, qui obligent à imaginer des châteaux de sable toujours symbolisés par des situations de peur, de doute et de panique.















