Le silence est pour les oreilles ce que la nuit est pour les yeux.

Cette citation de Pascal Quignard, selon moi, synthétise à elle seule, la nécessité du silence dans une société qui émet de plus en plus de bruits.

À l’ère de l’information, nos sens sont inlassablement plongés dans un flot de stimuli permanents. Nous vivons pour la plupart dans de grandes villes, infestées d’écrans, nous traversons quotidiennement de Grands Boulevards où le bruit des moteurs, des klaxons accompagnent bien souvent nos pas. Nous rentrons dans les gares, métros, bus, avec leur ribambelle de signaux visuels et sonores qui nous accompagnent jusque dans nos bureaux et nos centres commerciaux où les bruits ne nous laissent pas de répit tout au long de la journée.

Ce bourdonnement permanent, nous ne le sentons même plus. Mais cela reste difficile à digérer pour nos cerveaux.

Beaucoup suggèrent alors divers moyens de relaxation pour se reconnecter à soi-même. En tête de liste, nous retrouvons le yoga, la méditation ou encore le reiki qui ont particulièrement le vent en poupe. Loin de moi l’idée, ici, de qualifier ces moyens comme non efficaces ou de les décrédibiliser. Bien au contraire, je pense que toutes ces disciplines sont de formidables sources de reconnections et il serait dommage de ne pas les expérimenter afin de décider de celles qui vous conviennent le mieux. Il me tient cependant à cœur de mettre en lumière un élément majeur qui, à mon sens, ne reçoit pas suffisamment d’attention et qui est pourtant au cœur de ces diverses disciplines : le silence.

Les neurones sont le siège de mouvements de particules chargées qui créent des micro-courants responsables des ondes électriques que l’on peut enregistrer à la surface du crâne. La fréquence de ces ondes reflète l’état de vigilance et de conscience. Influencer le taux vibratoire des ondes, c’est influencer le fonctionnement du cerveau, et par effet de chaîne, celui du corps tout entier. Consciemment ou non, à travers l’histoire, beaucoup l’ont compris. Ces personnes sont ce que l’on appelle communément des génies. Grâce à un état de conscience plus élevé que celui de l’humain ordinaire, ils ont réussi à se hisser au sommet de leurs arts respectifs à accédant à ce taux vibratoire particulier de leurs cerveaux.

Le silence est un allié de taille. Il a le pouvoir de nous apaiser mais aussi de développer nos flux créatifs à un niveau que l’on pourrait difficilement imaginer. Les grands artistes, écrivains, musiciens et poètes le deviennent parce qu'ils prennent l'habitude de se fier à la "petite voix" qui parle de l'intérieur.

Les personnes qui ont une imagination "vive" savent bien que leurs meilleures idées leur viennent de ce qu'on appelle des "intuitions".

Napoléon Hill nous confiait plusieurs cas de cette vérité dans son livre Pensez et devenez riches.

Il y narrait l’histoire d’un grand orateur qui n'atteint pas la grandeur, jusqu'à ce qu'il ferme les yeux et commence à se fier entièrement à la « faculté d'imagination créatrice ». Lorsqu'on lui demandait pourquoi il fermait les yeux juste avant les points culminants de son discours, il répondait : "Je le fais parce que dès lors, je parle grâce aux idées qui me viennent de l'intérieur".

L'un des financiers les plus prospères et les plus connus d'Amérique avait pour habitude de fermer les yeux pendant deux ou trois minutes avant de prendre une décision. Lorsqu'on lui demandait pourquoi il faisait cela, il répondait : "Les yeux fermés, je suis capable de puiser dans une source d'intelligence supérieure".

Feu le Dr Elmer R. Gates a créé plus de 200 brevets utiles, dont beaucoup sont fondamentaux, grâce à sa capacité à se mettre dans cet état vibratoire particulier que peut procurer le silence. Sa méthode est à la fois significative et intéressante pour quiconque souhaite atteindre le statut de génie, catégorie à laquelle le Dr Gates appartenait incontestablement.

Bien que peu médiatisé contrairement à d’autres scientifiques de renom comme Einstein, le Dr Gates n’en demeure pas moins l’un plus grands scientifiques du monde.

Elmer R. Gates est à l’origine d’inventions comme l'extincteur à mousse, le fer à repasser électrique amélioré, un procédé aseptique de brassage et de fermentation, des mécanismes de métier à tisser électrique, des séparateurs diamagnétiques et magnétiques pour extraire l'or du sable, un four à gaz incandescent à manteau, le jouet éducatif "Box and Block", et de nombreux autres dispositifs mécaniques, scientifiques, psychologiques et éducatifs.

Bien qu'il soit un inventeur prolifique, Gates se considérait comme un psychologue. Il a longuement étudié les processus par lesquels l'esprit découvre de nouvelles connaissances. Cette étude l'a conduit à la "psychotaxie", la hiérarchie intégrée des discriminations sensorielles nécessaires pour créer une représentation mentale valide et complète d'une partie donnée du monde physique. La psychotaxie est une composante majeure de la "psychurgie", l'art d'utiliser l'esprit qu'il considère comme une méthode scientifique améliorée.

Il a mené de nombreuses expériences sur des animaux pour vérifier les effets de discriminations sensorielles raffinées sur la structure du cerveau. Pendant deux ans, quatre fois par jour, il a tenu trois séries d'enregistrements détaillés pour déterminer les conditions environnementales et corporelles dans lesquelles sa propre mentalisation était la plus réussie.

Dans son laboratoire, il avait ce qu'il appelait sa salle de communication personnelle. Cette pièce était pratiquement insonorisée et pouvait être disposée de manière à ce que toute lumière puisse être occultée. Il l’avait également équipée d'une petite table, sur laquelle il gardait un bloc de papier à lettres. En face de la table, sur le mur, se trouvait un bouton-poussoir électrique qui commandait les lumières. Lorsque le Dr Gates souhaitait puiser dans les forces dont il disposait grâce à son imagination créatrice, il se rendait dans cette pièce, s'asseyait à la table, éteignait les lumières et se concentrait sur les facteurs connus de l'invention sur laquelle il travaillait.

Il restait dans cette position jusqu'à ce que des idées commencent à "jaillir" dans son esprit en rapport avec les facteurs inconnus de l'invention. Une fois, les idées lui sont venues si vite qu'il a été contraint d'écrire pendant près de trois heures. Lorsque les pensées se sont arrêtées et qu'il a examiné ses notes, il a découvert qu'elles contenaient une description minutieuse de principes qui n'avaient pas d'équivalent parmi les données connues du monde scientifique.

De plus, la réponse à son problème était intelligemment présentée dans ces notes. De cette manière, le Dr Gates a complété plus de 200 brevets qui avaient été commencés, mais inachevés par ses prédécesseurs. La preuve de la véracité de cette affirmation se trouve dans l'Office des brevets des États-Unis.

Djibril Diop Mambety qui est indiscutablement l’un des plus grands cinéastes africains, confiait dans un interview, qu’à chaque fois que l’on veut voir la lumière, nous devons fermer les yeux. Pour lui, il suffisait de fermer les yeux pour faire du cinéma. Il fermait les yeux et disait voir des points de lumière, des points de lumières qui se précisaient à mesure qu’il les serrait. Alors, la tête fonctionnait, des personnages apparaissaient, la vie se créait, et quand il les réouvrait, il avait une histoire. C’est vraisemblablement via ce processus qu’il a produit les films les plus marquants de sa génération et aurait pu laisser une marque peut être encore bien plus grande dans l’histoire du cinéma s’il n’avait pas été prématurément happé à sa vie en 1998 à l’âge de 53 ans.

Ces divers exemples sont loin d’être isolés, mais ils permettent néanmoins de voir se dessiner un schéma. Les grandes « inspirations » proviennent de l’intérieur et surgissent lorsque nous nous coupons des influences du monde matériel.

Mais tout cela est bien plus facile à dire qu’à faire. Comment procéder lorsque nous vivons dans des conditions qui nous empêchent bien souvent d’avoir le droit à ce luxe du silence ? Je suis tout à fait conscient, également, que pour des personnes qui n’y sont pas acclimatées, le silence peut être source d’inconfort et de frustrations. Alors, comment renouer avec cet état qui devrait être beaucoup plus présent dans nos vies ?

Eh bien, je pense que, comme pour toute chose qui ne fait pas partie de nos habitudes, pour s’y faire, il suffit de s’y entraîner.

Procédez graduellement. Vous pouvez, par exemple, éteindre votre télé lorsque vous ne l’utilisez pas. Mettre une limite sur votre visionnage de vidéos via les réseaux sociaux. Décider d’éteindre la radio quand vous faites un trajet dans votre voiture ou encore faire le choix d’aller au sport sans mettre de musique dans vos oreilles. Tout changement dans cette direction est une avancée.

Les moments du quotidien que l’on peut vivre sans bruits, c’est déjà un bon départ. Mais pour ceux qui font déjà tout cela, vous pouvez choisir d’activement chercher ce silence. Trouvez vous un havre de paix, chez vous ou en extérieur. Un endroit dans lequel vous pouvez, ne serait-ce que quelques instants, profiter de votre propre présence.

Respirez un grand coup, et profitez des effets remarquables de la mélodie du silence.