Depuis 1992, la Journée internationale des personnes handicapées est célébrée chaque année dans le monde entier sous l'égide des Nations Unies.
Cette journée a pour but de promouvoir les droits et le bien-être des personnes en situation de handicap dans tous les domaines de la vie sociale et d'accroître la sensibilisation à leur condition particulière dans les sphères politique, sociale, économique et culturelle.
Selon l’ONU, près de 650 millions de personnes vivent actuellement avec un handicap à travers le monde, et 80 % d'entre elles se trouvent dans les pays les plus défavorisés. Il est incontestable que ce sont les nations les plus riches, ayant plus de ressources financières, qui offrent le meilleur soutien aux personnes concernées.
En France, en 2021, 6,8 millions de personnes âgées de 15 ans ou plus, vivant à domicile, rapportent avoir au moins une limitation sévère dans une fonction physique, sensorielle ou cognitive.
De plus, 3,4 millions d'entre elles se disent gravement limitées dans leurs activités quotidiennes en raison d'un problème de santé, selon la DREES1.
Ces chiffres ne tiennent probablement pas compte des personnes exclues des nouvelles technologies, qui aggravent les inégalités et compliquent l'accès aux soins, à l'éducation et aux services publics, en particulier pour les personnes âgées.
Par ailleurs, qui, parmi nous, peut dire qu'il n'a jamais été confronté à un handicap, qu'il soit léger ou sévère, temporaire ou pérenne ? La réalité est que chacun peut être limité dans ses actions en raison d'une malformation, d'un traumatisme, d'un accident ou tout simplement, du vieillissement.
Mon propos va au-delà de la définition légale du handicap fournie par le Code du travail, qui se concentre sur l'impact des handicaps dans le domaine de l'emploi. De même, devrait-on inclure une rubrique « handicaps » sur les CV ? Si nous ne bornions pas le handicap à la pauvreté ou aux cas extrêmes, nous réaliserions que la majorité de la population mondiale est, d'une manière ou d'une autre, affectée par ce phénomène social.
Il ne faut pas s'y méprendre, la condition de handicap, quelle qu'elle soit, est souvent le résultat de la vie en société où les individus se comparent les uns aux autres. voire incités à le faire… Ces comparaisons, qu'elles soient liées aux ressources ou aux performances, créent une « normalité sociale », qui peut engendrer des complexes et des frustrations, donnant ainsi l'impression d’un handicap.
Être en situation de handicap accroît le risque d'être confronté à diverses formes de discrimination. La publicité, consciente ou non, contribue parfois à renforcer cette dynamique. Dans une société où la compétition est omniprésente, chacun est mesuré et évalué, et le handicap est généralement perçu comme un facteur d'inégalité engendrant frustrations et déceptions, mais aussi, paradoxalement, comme une occasion de relever des défis et de connaître des joies intenses.
En somme, nous vivons tous avec un certain nombre de handicaps, qu'ils soient physiques, mentaux ou sociaux. Le handicap, mesuré en fonction de la perte d'autonomie et de plaisir, fait partie intégrante de notre quotidien. Tout comme un golfeur en quête du hole-in-one, chacun peut se demander quel est son handicap ou envisager de se doter d'un « HandicapScore ».
Tout est possible !
Il est notoire que l’homme aime exhiber ses handicaps, que ce soit par jeu, par opportunisme ou par défi. Cela dit, dénoncer ces handicaps à tout bout de champ et en faire une source de division ne doit pas être un but en soi.
Les personnes handicapées ne se préoccupent guère des lamentations des chanceux lorsque l'on souligne leur faiblesse ou leur incapacité. Ce qu'elles désirent, avant tout, c'est qu'on remédie à leur souffrance ou à leur inconfort.
L'essentiel est donc de trouver des solutions concrètes, que ce soit par elles-mêmes ou par l'intermédiaire de professionnels comme des scientifiques ou des médecins. Ainsi, les personnes en situation de handicap peuvent également apporter des idées novatrices aux personnes qui ne présentent pas de faiblesses visibles.
Certainement, les personnes handicapées sont tout aussi capables que celles qui se considèrent comme « normales ». Tout est possible ! Des figures emblématiques comme Philippe Croizon2, qui a perdu tous ses membres après un accident électrique, ou Dorine Bourneton3, privée définitivement de l’usage de ses jambes après un accident d’avion, la première femme pilote de voltige aérienne, en sont des exemples inspirants.
Libre et autonome
On peut voir le handicap comme une norme lorsque l'individu est capable d'agir de façon indépendante, de bâtir des relations saines, de contrôler ses émotions et de faire des choix réfléchis.
Inscrivons dans notre Constitution cette revendication d’autonomie que partagent celles et ceux qui aspirent à la liberté : celle de nager, de voler, de jouer, de voyager et de travailler. Pensons au handicap chaque jour de l'année, et pas seulement le 3 décembre.
Il est crucial que notre créativité intègre dès le départ tous les moyens destinés à faciliter la vie des personnes concernées lors du développement de nouveaux produits ou services. Créer un objet ou un service accessible à tous est assurément plus efficace que de concevoir des solutions spécifiques après coup.
La question « comment améliorer une situation de handicap ? » devrait être posée dans tous les guides de management et les plans d'action privés et publics.
Il est évident qu'une personne informée sur les enjeux du handicap pourra contribuer plus efficacement à cette cause qu'une personne a priori en bonne santé.
Penser au handicap ou envisager le risque de le subir4, qu'il soit temporaire ou à vie, devrait être une réflexion menée dès l'enfance. Au quotidien, les personnes handicapées ne cohabitent-elles pas avec celles qui se considèrent comme « normales » ?
L'objectif que nous devons poursuivre est d'encourager l'autonomie afin que chaque espace puisse être accessible à tous. En résumé, notre engagement doit viser à garantir que le plus grand nombre d’individus puisse savourer pleinement la vie !
Comme l'affirmait le physicien britannique Stephen Hawking, le handicap n’est pas une excuse pour se limiter. Au terme de cette réflexion, faisons en sorte que cela reste vrai pour chacun d'entre nous.
Notes
1 Le handicap en chiffres, Édition 2023.
2 Philippe Croizon, né le 5 mars 1968 est connu pour avoir surmonté des défis extraordinaires après avoir perdu ses quatre membres à la suite d'un accident en 1994. Il a réalisé des exploits remarquables, notamment en devenant le premier homme amputé des quatre membres à traverser la Manche à la nage en 2010. Il a également participé à d'autres défis sportifs et a inspiré de nombreuses personnes par son courage et sa détermination.
Philippe Croizon est devenu un conférencier motivant et un auteur. Son parcours illustre la résilience humaine et la capacité de surmonter les obstacles, faisant de lui une figure emblématique du dépassement de soi.
3 Dorine Bourneton est une pilote de planeur française, connue pour son parcours inspirant. Elle est devenue la première femme handicapée à obtenir un brevet de pilote de planeur en France. Malgré les défis liés à son handicap, elle a réussi à réaliser son rêve de voler. Elle est également engagée dans la sensibilisation au handicap et utilise son expérience pour inspirer les autres.
4 Nombre de bénéficiaires au 31/12/2022 de :
- l'allocation compensatrice pour tierce personne : 47 000
- la prestation de compensation du handicap : 383 000
- l’aide sociale à l’accueil : 157 000
Champ : France hors Mayotte, bénéficiaires de tous âges vivant à domicile ou en établissement.
Source : Drees, enquête Aide sociale.
- l'allocation aux adultes handicapés : 650 000 hommes ; 608 000 femmes
- l'allocation de parent isolé et du RSA selon le sexe : 210 000 femmes ; 8000 hommes.
Champ : France, prestations versées par la CAF.
Source : Cnaf, fichiers Fileas et Allstat FR6.