Jaume Plensa, figure majeure de la sculpture contemporaine internationale, présente à la Galerie Lelong son exposition 5 rêves, 5 désirs. Le projet, conçu spécialement pour Paris, se déploie dans tous nos espaces : la galerie et la librairie du 13 rue de Téhéran et le second espace du 38 avenue Matignon. Il réunit un ensemble d’œuvres récentes – sculptures en albâtre, fer, bronze et œuvres sur papier — où la matière, la figure humaine et le silence forment un vocabulaire sculptural profondément contemporain.
Le titre de l’exposition reprend deux mots clés du lexique poétique de Plensa. Déjà présents en 1997 dans l’exposition Désir-rêve au Jeu de Paume à Paris, « rêve » et « désir » traversent son œuvre comme des formes mentales, corporelles et spirituelles. Ils réapparaissent aussi dans ses installations dans l’espace public, notamment à Vitry-sur-Seine, et trouvent ici une traduction plastique renouvelée.
Au 13 rue de Téhéran, cinq sculptures en albâtre sont disposées au sol, à l’horizontale. Leurs formes ovales évoquent des nénuphars ou des pierres flottantes. De ces masses surgissent des visages — parfois accompagnés de mains dans des gestes de caresse ou de tendresse — qui semblent émerger d’une surface liquide. L’albâtre, poli ou laissé brut, joue sur les tensions de texture et de lumière. Le contraste entre la rugosité et la transparence inscrit chaque sculpture dans une ambiguïté sensorielle, entre minéralité et rêve. Ces œuvres invitent à une contemplation silencieuse, à une dérive sensible à travers la figure humaine.
Au 38 avenue Matignon, trois sculptures sont présentées sur deux niveaux distincts. Au rez-de-chaussée, deux grands portraits en fonte de fer, matière dense et oxydée, se font face. À l’étage, un visage en bronze peint de blanc apparaît comme une présence presque éthérée.
Dans ces trois œuvres, séparées mais en dialogue, la matière devient symbole d’un état d’être. Le fer ancre, le bronze blanc élève. La même figure, dans deux matières opposées, exprime deux intensités du désir : terrestre et spirituelle. Autour de ces visages, les mains sculptées introduisent une dimension de paix, de relation intérieure.
À la librairie, sont exposées des œuvres récentes sur papier, uniques et multiples. Jaume Plensa y poursuit une recherche formelle parallèle à sa sculpture. Ce sont des visages de profil, figurés au moyen de trames ajourées. Les figures semblent flotter à la surface du papier, entre apparition et disparition, présence et effacement.
Le dessin devient ici un lieu de concentration, de souffle, de présence retenue. Il prolonge dans un registre plus intime les tensions que la sculpture déploie dans l’espace.