Le rêve serait impliqué dans la stimulation et la performance de la créativité.
Le phénomène a été étudié par des scientifiques et a révélé des éléments non négligeables.
Les artistes y ont recours de mille et une façons, et le rêve a même trouvé d’autres domaines d’application.
Pour plus de détails, se reporter à la suite de l'article.
Implication du rêve dans la créativité
Les zones cérébrales impliquées dans le processus de créativité sont nombreuses, et chaque type de créativité implique l'activation de régions cérébrales spécifiques.
Prenons pour exemple la créativité scientifique. Elle mobilise des régions cérébrales spécifiques : le cortex préfrontal, le cortex pariétal (aidant à visualiser des concepts complexes, à établir des connexions entre des idées sans rapport en apparence), le cortex temporal (associé à la mémoire), le système limbique, le DMN et le cervelet.
La créativité manuelle (la sculpture, la peinture et autres formes d'artisanat), quant à elle, stimule plutôt le cortex moteur que le cortex cérébelleux.
Au cours du sommeil, le réseau par défaut (Default Mode Network) s'active en interaction avec d'autres réseaux tels que le réseau de contrôle exécutif, le système limbique ou encore le cortex préfrontal.
D'après Pauline Petit, rédactrice pour Radio France, lors de la phase d'endormissement ou de sommeil paradoxal précisément, notre état cognitif est comme libéré des associations stéréotypées, efficaces et guidées, qu'opère notre cerveau en veille : le cortex préfrontal est en repos.
De nouvelles associations sont alors rendues possibles, et de nouvelles idées, moins conventionnelles, précise-t-elle, se forment.
Pour jouir des vues de cette muse de la sieste, il faut se réveiller à temps.
Pour ce faire, de nombreux artistes emploient ou ont employé des techniques d’apprivoisement de cet état particulier qui les aide à les stimuler dans leur créativité.
Comment s’y prennent les artistes pour stimuler leur créativité ?
Façons dont les artistes utilisent leurs rêves comme source d’inspiration
Le sommeil, ou certaines phases du sommeil - si l'on s'en tient aux études qui stipulent que l'activation du DMN n'est pas constant tout le long du sommeil -, crée des rêves.
Des associations et idées nouvelles forment un corpus onirique dont de nombreux artistes s'inspirent.
Ce fut le cas d’Albrecht Dürer (Vision de rêve - 1525), de Johann Heinrich Füssli (Le Cauchemar - 1871) ou encore Marguerite Yourcenar (Les Songes et les Sorts - 1938).
Pour apprivoiser ces rêves qui peuvent être parfois fuyants ou parfaire leur performance créative, certains artistes emploient des techniques très particulières.
Pauline Petit cite Salvador Dali : Assis dans un fauteuil, l'artiste tenait une clef entre le pouce et l'index de sa main gauche, commençait à s'assoupir… et se réveillait en sursaut au bruit de la clef tombée sur l'assiette préalablement placée au sol. Les images nées dans cette énigmatique phase de pré-sommeil étaient alors encore fraîches dans sa mémoire, il pouvait les capturer.
D'autres artistes pratiquent la méditation ou la visualisation avant de partir pour le royaume des rêves. Cette méthode de stimulation de la créativité est jugée très efficace par ceux qui en sont convaincus, dont Bruno Clairin, coach artistique : La méditation guidée peut nous aider à nous relaxer, à évacuer nos soucis du jour et à favoriser un sommeil réparateur (...).
Elle peut également nous aider à préparer notre nuit, à rêver, à accéder à notre inconscient et à notre sagesse intérieure.
Pour ceux qui cherchent à exploiter leurs rêves de façon plus profonde, le rêve lucide
s'avère être une excellente option.
L'exploration des idées créatrices est faite directement dans le rêve.
Par ailleurs, une collaboration avec des psychologues ou des chercheurs du sommeil peut également aider les artistes à mieux comprendre leurs rêves pour mieux s'en inspirer.
Mais le rêve n'est pas l'apanage des seuls artistes. Pour favoriser la créativité, il a su être popularisé, formalisé et même systématisé.
Popularisation, formalisation et systématisation du rêve
C'est au 19e et 20e siècle qu'on s'est intéressé au rêve comme outil pour favoriser la créativité, avec notamment l’interprétation des rêves de Sigmund Freud, neurologue autrichien, fondateur de la psychanalyse.
Freud pensait du rêve qu'il ne pensait ni ne calculait, que d'une manière générale, il ne jugeait pas, mais qu’il se contentait de transformer.
“Transformer” traduit bien cette idée de créativité et d'imagination.
Dans le sillage de la psychanalyse, Carl Jung, disciple de Freud, fondateur de la psychologie analytique, a élargi le concept du rêve en y adjoignant l'idée d’un inconscient collectif et d’archétypes, pouvant contribuer à la créativité, voire au développement personnel.
La connaissance de soi était, pour Carl Jung, un pilier de prime importance, et le rêve constituait une facette parmi d'autres de l’intériorité, mais tout aussi riche de bénéfices.
Du côté des scientifiques, outre une minorité d'entre eux qui pensent que le rêve est une production aléatoire du cerveau, ils sont nombreux à voir en le rêve un moyen de nous préparer à mieux affronter les menaces de notre quotidien.
Une chercheuse au Centre de recherche en neurosciences de Lyon (CRNL), Perrine Ruby, aurait confié à La Matinale : Il y a vraiment quelque chose à comprendre dans l'analyse des rêves: ça, j'en suis certaine.
De la même manière, les surréalistes ont, à leur façon, donné au rêve la place qu'il mérite. Le surréalisme, écrit-on dans le numéro 1 de la Révolution Surréaliste (1924), ouvre les portes du rêve à tous ceux pour qui la nuit est avare.
On imagine bien combien le volet du rêve a dû être exploité par les surréalistes !
L'exploitation des rêves s'est étendue à de multiples autres domaines, dont la roqya : la pratique de l'exorcisme chez les musulmans.
Abderraouf Ben Halima, ingénieur en statistiques et économie, confie à ses internautes : Il y a maintenant une autre réalité : quelle que soit la façon qu’un djinn attaque un humain, on peut facilement le dominer et même le tuer. La façon la plus courante est dans les rêves : tu rêves un chien qui t’attaque, un serpent, des soldats, etc. Ce sont les djinns qui viennent ainsi – mais parfois c’est le sorcier qui attaque dans le rêve. Si en le voyant, tu as le réflexe de dire : « Bismillah ! Allahou akbar ! » ou de lire le Coran, ça va le bloquer, il va s’arrêter puis s’enfuir. Donc il faut l’attraper d’abord puis lire le Coran , de préférence ayat korsi jusqu’à ce qu’il meurt. Pour faire cela, il faut se préparer avant de dormir (...).
Les bénéfices du rêve ont une portée cognitive qui a permis à des artistes, comme à d'autres, de surpasser leur potentiel créatif, mais les mystères qu'il continue à dévoiler sont d'autant plus engageants, d’autant plus que la science s'est appropriée la question.
Les premières données des études menées sur le rêve ont poussé des rêveurs de nombreux secteurs à s'approprier des moyens de tirer bénéfices de leurs expériences oniriques.
Le rêve commence à gagner du terrain dans l’esprit collectif et au sein des entreprises.















