La légende d’Arsenal a été choisie par la Fédération Française de Football le mois dernier et succède à Sylvain Ripoll pour des débuts déjà réussis. De quoi confirmer ses ambitions en vue des Jeux ?

Il veut gagner, pas seulement participer. Après des passages contrastés à Monaco, en sélection Belge et à l’Impact Montréal, Thierry Henry va connaître sa première grande expérience chez les tricolores des moins de 21 ans. Un choix qui laisse perplexe bon nombre de personnes lui reprochant son manque d’expérience et de références en tant que sélectionneur. Pourtant, c’est bien lui que la 3F a désigné comme successeur de Sylvain Ripoll, au nez et à la barbe de gens comme Sabri Lamouchi ou Julien Stéphan.

Des débuts fracassants

Huit buts en deux matchs, un seul encaissé. L’arrivée de “Titi” sur le banc des Espoirs est déjà une réussite même si évidemment, il est encore trop tôt pour tirer un premier bilan. Les Danois et Slovènes n’ont cependant pu que constater les dégâts. L’après-Sylvain Ripoll est donc reparti sur des bases élevées. Mais que faut t-il donc attendre de lui ? Son expérience sur les différents bancs a montré ses compétences mais également ses limites. Aucun titre en plusieurs années, pas de parcours notable non plus, mais ces deux premières victoires avec la qualité de jeu entrevue a livré son lot de promesses. Seulement, jusqu’où peut t-il mener cette équipe ? Gorgée de talents à tous les étages dont on nous vante les mérites depuis des années sans jamais avoir su concrétiser son potentiel ? (On rappelle que le dernier titre des Espoirs remonte à l’Euro 88). Les Jeux, qu’il veut gagner, seront une étape cruciale dans son parcours et l’Euro qui suit servira de confirmation (ou pas). Mais ce qui ressort surtout d’Henry, c’est sa capacité à transmettre plus encore que son passé de joueur qui plaide bien entendu en sa faveur. Légende absolue chez les Gunners dont la statue de bronze trône devant l’Emirates, il est plutôt vu aujourd’hui par beaucoup davantage comme un générateur de mèmes à la télévision que pour ses analyses poussées sur les matchs de Ligue 1 chez Prime Video et les américains de CBS. Erreur de jugement ou simple constat ?

Si l’on creuse un peu, on va se rendre compte que l’homme a enfin fait le deuil du joueur, et en écoutant son dernier interview par Olivier Dacourt sur Canal+ il y a quelques mois, on se rend compte qu’Henry a compris la complexité d’entraîner au niveau international. Passée la frustration des premiers pas, l’Impact Montréal et la sélection Belge l’ont fait grandir au point d’être aujourd’hui à la tête d’une équipe de jeunes pépites qui n’attend qu’une chose : être drivée par l’un des plus prolifiques attaquants de l’histoire des Bleus et unanimement respecté par ses pairs. Il était, il faut le dire, difficile, à l’heure de faire le choix, de trouver parmi les candidats quelqu’un ayant autant d’aura que lui. Sa carrière parle pour lui, son palmarès aussi.

Exigence du haut niveau, ordre et discipline

Ce qui anime le champion du Monde 1998 est maintenant de faire part de son savoir, celui qui a révolutionné le jeu d’un certain Romelu Lukaku chez les Diables (à l’époque où il entraînait les attaquants de la sélection Belge), « Titi » sort du lot surtout par son exigence, celle que lui a transmise son paternel, qui lui a permis de réaliser cette carrière exceptionnelle et ainsi, de devenir une légende de son sport. Et avec ça, le retour de l’ordre et de la discipline, l’idée étant de remettre sur pieds ces Bleuets, profiter de la nouvelle génération lyonnaise dite sacrifiée (Lukeba, Caqueret, Barcola…) et d’en tirer le meilleur pour enfin glaner un titre qui marquerait les esprits (et pourquoi pas l’Histoire). Le dernier Euro sous Ripoll a déjà permis d’entrevoir certaines promesses, mais le plafond de verre étant atteint depuis un certain temps, il était venu le bon moment pour changer, tout en prenant le risque de le faire à un an des Jeux. Pour la 3F, le choix s’explique donc, n’en déplaise à ceux qui auraient préféré un autre larron.

Avec Baticle et Clichy dans le staff

Pour mener à bien sa mission, Henry avait l’embarras du choix. Avec sa connaissance du football, il a choisi un ex-coéquipier chez les Bleus et les Gunners (Gaël Clichy) ainsi qu’un ancien de la maison lyonnaise (Gérald Baticle). Charge à lui désormais de construire son équipe, avec la réussite qu’on lui souhaite. Un premier sacre à Paris l’an prochain lui permettrait de franchir un énorme pas dans sa carrière d'entraîneur et de devenir ainsi le premier à décrocher l’Or olympique en tant que sélectionneur. Et comme il l’a si bien dit au micro de Dacourt : « Le temps, on l’a pas ». Le sien est déjà compté et on le jugera vite. Après tout, l’accessit à la gloire est à prix.