Comment faire progresser les personnes porteuses d’un handicap dans le milieu du football amateur, quelle qu’en soit la forme, quelque soit le niveau affiché par les joueurs qui composent l’équipe ? Comment évoquer sans filtre ce sujet encore tabou en France ? C’est l’idée d’un organisme de la région nantaise dont la fonction est d’insérer des personnes en situation de handicap psychique dans le monde du travail.

Aborder le handicap sans crainte

Le sujet est complexe car empli de méfiance et d’ignorance. Le handicap, qu’il soit psychique, mental ou physique, effraie plus qu’il n’attire car il appartient à une norme qui semble être encore de nos jours bien éloignée des standards, tout en faisant pourtant entière partie de notre quotidien. Le sport, lui, l’est aussi et le plus populaire en France, le football, n’est autre que le reflet de notre société. L’idée est alors, en 2017, de rassembler des personnes de tous âges au sein d’une même passion, en l’occurrence le ballon rond et d’en former un collectif. La consigne est simple : promouvoir le handicap au sein du football amateur. Vaste programme... Et si l’ambition est grande, l’objectif l’est également. La méthode tient en trois points clés : pédagogie, patience et communication. D’abord l’observation, afin de cerner le profil de chaque joueur, ensuite adapter l’entraînement en fonction de leur niveau et pour terminer, créer une cohésion collective afin de bâtir une équipe sur le long terme. La philosophie est claire : permettre aux joueurs de prendre du plaisir et ainsi pouvoir faire de leur handicap, une force. À raison de deux entraînements par mois, l’équipe se prépare pour le tournoi annuel rassemblant toutes les formations de la région. L’équipe grandit peu à peu et termine, au bout de sa deuxième participation seulement, parmi les cinq premiers de la compétition. La progression est donc réelle et ce grâce à l’investissement de chacun, permettant ainsi de former une osmose donnant des résultats pour le moins bluffants.

Cerner le handicap invisible

Beaucoup ne le savent pas mais le handicap psychique ne ressemble pas à ce que l’on peut croire. Le sport est réputé pour révéler les personnalités et s’il y a une chose qui soit évidente pour ceux qui côtoient au quotidien ces personnes porteuses de ce genre de pathologie, c’est qu’elle cache des capacités parfois supérieures à la moyenne : une difficulté dans un domaine peut avoir comme conséquence directe le sur-développement d’un autre et l’une des plus grandes problématiques au sein même de notre société est de savoir définir son handicap pour mieux le gérer au quotidien, certains étant plus à l’aise que d’autres dans cet exercice demandant une grande connaissance de soi. Le handicap invisible - tel qu’on le nomme - peut être un fardeau pour la personne qui le porte autant qu’il peut être une véritable opportunité dans le monde du sport comme dans celui du travail. Dans le football - puisque qu’il en est question ici - le fait est que lorsqu’on rassemble chaque personne autour du même objectif en utilisant la bonne méthode, les résultats viennent naturellement.

Comment tirer le meilleur de l’équipe sur le long terme

La question est complexe, le football étant cyclique et la pandémie toujours parmi nous, la projection sur le long terme est un sujet difficile à aborder. Il y a alors deux choix possibles : repartir avec le même effectif ou rafraîchir l’équipe avec de nouveaux visages ? La première option est plus risquée car l’innovation des entraînements doit être prise en compte sous peine de voir une certaine stagnation voire légère régression se produire chez les joueurs. La seconde, quant à elle, nécessite d’appliquer une nouvelle méthode : faire découvrir l’équipe aux nouvelles recrues et les y intégrer sans en bouleverser l’équilibre. Tout est une question de dosage. Le programme est donc vaste pour permettre une progression chez les personnes en situation de handicap, mais elle a le mérite d’exister et de fonctionner.