La finale de la ligue des champions est l'événement le plus attendu de la planète football chaque année. Le match que nous allons revivre est définitivement resté gravé dans la mémoire collective. On peut l’évoquer en se rappelant “le miracle d’Istanbul”. Cette finale coche toutes les cases du match légendaire par excellence.

Le contexte

Deux ogres de la compétition se retrouvent le 25 mai 2005 dans le stade Olympique Atatürk pour se disputer la coupe aux grandes oreilles. 10 victoires pour ces deux clubs dans la compétition reine, 6 pour le Milan AC et 4 pour Liverpool. Le club anglais retrouve ce niveau de la compétition 20 ans après la dramatique finale du Heysel perdue un à zéro contre la Juventus de Platini, mais marquée à jamais par la mort tragique de 39 supporters avant le match à la suite de débordements. C’est aussi la cinquantième finale de la ligue des champions. Nul doute que les deux équipes ne manqueront pas de tout donner pour cet anniversaire symbolique !

Les forces en présence

Ce match sent la poudre. L’artificier en chef, l’Ukrainien Andreï Shevchenko peut étrenner son ballon d’or. Auteur de 6 buts lors du parcours sans faute du Milan AC, il est le danger numéro un d’une équipe composée de stars internationales. Les Brésiliens Cafu, Dida et Kaka, la garde italienne Pirlo, Gattuso, Nesta et Maldini, le capitaine, sans oublier Crespo, le renard des surfaces, Seedorf, le métronome et enfin Stam le boucher hollandais. Cette équipe n’a pas de défaut et ses 9 victoires en 12 matchs pour arriver à la finale peuvent en témoigner.

Liverpool n’a certes pas autant de grands joueurs dans son effectif, mais poussés par 40 000 fidèles qui ont fait le déplacement, prêts à entonner fièrement le célèbre chant “You’ll never walk alone”, les joueurs vont tout donner jusqu’à y laisser leur cœur sur le terrain. Le fighting spirit anglais n’est pas juste une légende. Le stade est rouge, les supporters ont gagné la bataille des tribunes. Le capitaine Steven Gerrard, l’enfant du club, est porté par l’histoire du club et de la ville, il doit se mettre au niveau et mener son équipe vers un titre qui leur échappe depuis tant d’années.

Milan, trop puissant ?

Pas de round d’observation, la finale est lancée par le but du capitaine Paolo Maldini dès la première minute. C’est le but le plus rapide d’une finale de ligue des champions. Douchés mais pas résignés, les Anglais repartent au combat. Ils pensent même obtenir un penalty suite à ballon détourné du bras par Nesta, les Milanais ne bronchent pas et foncent en contre qu’ils exploitent parfaitement. Crespo inscrit alors le but du break. Quelques instants avant la fin de la première mi-temps, nouveau contre assassin des Milanais, l’Argentin double la mise d’un subtil ballon piqué. Le Milan AC mène trois buts à zéro quand l’arbitre décide de faire souffler les 22 protagonistes. Le match est à sens unique et les Milanais pensent avoir fait le plus dur, ils ont quasiment les deux mains sur le trophée.

La mi-temps arrive à point nommé. L’ambiance festive du vestiaire des Italiens contraste avec celle, triste et silencieuse du club anglais. Les joueurs peuvent entendre résonner le chant des 40 000 supporters qui ne lâchent pas et veulent croire au “miracle d’Istanbul”. Un match n’est jamais terminé avant le coup de sifflet final. Seul un but rapide en deuxième période pourrait relancer le match. Cet infime espoir suffit à redonner du baume au cœur des joueurs de la Mersey.

“You’ll never walk alone”

Qui de mieux placé que le capitaine de Liverpool pour sonner la révolte. D’une tête décroisée, Gerrard mystifie le gardien Dida. Rageur, il part chercher le ballon au fond des cages pour le poser sur le rond central. Le match est lancé, les Anglais ont les crocs. 2 minutes plus tard, Smicer, le canonnier tchèque envoie un missile hors de portée des gants du portier brésilien. Les joueurs de Milan ne sont qu’au début du cauchemar. Ils concèdent un penalty 4 minutes plus tard. Xabi Alonso décide de s’en charger. Il s’élance mais son tir est repoussé par le gardien. L’Espagnol choisit de suivre son action et par chance parvient à propulser le ballon dans les buts pour la troisième fois en six minutes. Un exploit à la hauteur de cette finale d’exception.

La peur a changé de camp. Le plus dur est fait mais rien n’est encore gagné. La débauche d’énergie pour revenir à égalité a certainement entamé les forces de l’équipe de Liverpool. Mais ils sont galvanisés par cette réussite et avec ce public bouillant, ils croient fermement à la victoire. Les deux équipes se renvoient coups pour coups et les prolongations vont peut-être pouvoir départager ces 22 magnifiques joueurs. Le destin frappe une nouvelle fois trois minutes avant le coup de sifflet final quand Shevchenko, qui s’est retrouvé des milliers de fois dans cette position, se heurte sur le gardien de Liverpool, auteur d’une double parade miraculeuse avec un ballon sauvé de la tête. Lui qui avait si mal démarré cette finale en sera peut-être le héros.

Red dingue

Les deux clubs n’ont rien lâché, chacun a eu sa mi-temps. Maintenant un seul repartira avec ce trophée si convoité. Les penaltys sont toujours la manière la plus dramatique de séparer deux équipes. Triste et cruel à la fois, ce dénouement ressemble à une séance de roulette russe où tout peut se passer. Les nerfs sont mis à rude épreuve. Le sang-froid et les tentatives de déstabilisation peuvent être autant d’atouts à ajouter dans la panoplie du futur vainqueur. Le Milan AC pense avoir toutes les caractéristiques du champion. Ils peuvent se rappeler leur victoire deux ans auparavant contre un autre club italien. Une finale bien différente, au bout de l’ennui, ils ont fait la différence lors de cet exercice si particulier.

Mais en cette soirée magique du 25 mai 2005, les Anglais sont portés par l’aura d’un gardien légendaire. Jerzy Dudek s’inspire de son homologue Bruce Grobbelaar, vainqueur avec Liverpool de cette coupe en 1984. Il s’était amusé en tirant la langue puis simulant l’épuisement face à ses adversaires qui s’élançaient du point de penalty. A son tour, le virevoltant gardien polonais fait craquer sous la pression les meilleurs joueurs du Milan et offre la cinquième coupe d’Europe des clubs champions au club de Liverpool! “Du the Dudek”, une chanson fut inventée en son honneur tant ses pas de danses ont marqué cette séance légendaire de penaltys. Les joueurs sont rouges et ivres de bonheur ! Le stade Olympique s’embrase et ce match devient pour toujours le “miracle d’Istanbul".