La technologie n'a cessé, depuis la préhistoire et les premiers outils en métal, de transformer nos sociétés.
Son impact s'est particulièrement intensifié au cours de la révolution industrielle, puis au 19e/20e siècle, et enfin après la Seconde Guerre mondiale.
Lors de la révolution numérique et au 21e siècle, son intensification s'est poursuivie avec la naissance d'Internet et les débuts de l'ordinateur personnel, d'une part, et le développement des smartphones, des réseaux sociaux, de l'intelligence artificielle et de l'Internet des objets (IoT), d'autre part.
À contre-courant d'un engouement pour la technologie, certaines communautés choisissent de s'en passer et de vivre au plus près de la nature.
Quelles sont ces communautés ? Comment justifier la nécessité de vivre sans technologie ? La technologie est-elle aussi néfaste qu'il faille revenir à un mode de vie plus sain ?
Des technophobes minoritaires, mais toutefois répandus
Lorsque l'on parle de technophobie, la communauté qui nous vient à l'esprit est celle des Amish.
Récemment, c'est à elle qu'a fait allusion E. Macron lorsqu'il s'est adressé aux représentants de la “French Tech” à l'Élysée, au lendemain de la demande de moratoire sur le déploiement de la 5G de 70 élus de gauche et écologistes, dont Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot : J'entends beaucoup de voix qui s'élèvent pour nous expliquer qu'il faudrait relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile ! Je ne crois pas que le modèle Amish permette de régler les défis de l'écologie contemporaine.
Qui sont les Amish ?
Les Amish sont des chrétiens américains vivant sans technologie, se repliant sur eux-mêmes et refusant toute cohabitation avec les sociétés modernes. Sans électricité ou automobile, ils mènent une vie simple et austère.
En outre, ils vivent strictement selon les normes prescrites par leur religion. Avec les communautés huttérite et mennonite, la communauté amish forme l'une des trois anciennes branches anabaptistes chrétiennes toujours existantes.
Quant aux Huttérites, ils vivent de l'agriculture. Ils s'autorisent l'utilisation de techniques agricoles modernes, mais bannissent toute autre forme de technologies, comme la radio ou la télévision.
Par ailleurs, ils sont fortement attachés à leur dialecte et leurs traditions.
Les Mennonites, résidant en Bolivie depuis 1950, ont un mode de vie similaire. Dans leur lutte anti-technologique, ces communautés chrétiennes sont soutenues par les écologistes.
Deux philosophes écologiques se sont exprimés au micro de Radio France sur la question des technologies: Arne Næss, philosophe norvégien, résistant, non-violent, écologiste, alpiniste, qui prône les technologies douces et André Gorz, philosophe français, journaliste écologiste et socialiste, qui voit les technologies comme des sources d’émancipation et de dépendance.
La puissance accrue de la technique a donc un prix, comme le souligne André Gorz, elle coupe le travail de la vie.
Chez les minimalistes, le bonheur ne se trouve pas dans la consommation, mais dans les relations et le sens de la vie, justement.
Fumio Sasaki, auteur de Goodbye things, décrit le minimalisme comme un style de vie dans lequel vous limitez ce que vous possédez à l’absolu minimum dont vous avez besoin pour vivre.
Pourquoi se passer de la technologie ?
Les raisons de vivre sans technologie
En tête des préoccupations des anti-technologistes concernant l'usage des technologies, on peut citer l'impact écologique.
La production de dispositifs technologiques nécessitent des ressources naturelles rares qui, lorsqu'elles sont extraites de leur milieu naturel, s'épuisent ou ont pour conséquence la dégradation des écosystèmes.
De surcroît, la fabrication de ces dispositifs entraîne une pollution de l'air et des eaux. Des gaz à effets de serre sont émis et des substances toxiques se répandent dans l'environnement atmosphérique.
Les nouvelles technologies impliquent une surconsommation énergétique et nuisent à la biodiversité, notamment quand elles fragmentent les habitats naturels. C'est le cas des routes, des lignes électriques et des industries, par exemple.
Outre une consommation d'énergie accrue, investir dans un dispositif technologique peut être coûteux, comme c'est le cas pour les ordinateurs et tablettes, les téléviseurs intelligents, les équipements de jeux vidéo, la technologie domestique intelligente ou encore les voitures électriques.
À l'exemple de Simon, 34 ans, certains technophobes se soucient autant de leur santé physique que mentale : Au-delà de l’impact écologique, c’était une question de santé mentale, confie-t-il, le 24 septembre 2024 à Marion Bastit, journaliste pour le média de l'écologie Reporterre.net. Je n’en pouvais plus d’être connecté en permanence, d’avoir ce truc (un smartphone) qui sonne tout le temps. Je ne voulais plus me laisser happer.
D'autre part, les témoignages sont nombreux à souligner le risque d'addiction engendré par certaines technologies et d'aliénation causée par d'autres : Pour moi, c’est un symbole de la numérisation de nos vies (le smartphone), que je trouve aliénante et déshumanisante, et qui consomme beaucoup de ressources et d’énergie, avertit Antoine, 39 ans, cantonnier dans la Meuse.
D'après la règle de saint Benoît, une règle monastique offrant un cadre à la vie cénobitique (530), les usagers d’Internet au sein d'un monastère sont considérés comme des gyrovagues internautiques, les gyrovagues se disant de moines toujours sur les routes, esclaves de leurs désirs et ne cherchant qu’à bien manger.
Les comportements de fuite et la distraction inhérents à l'usage d'Internet constituent des risques préoccupants pour les usagers de tout secteur. Néanmoins, les nouvelles technologies peuvent comporter de réels bénéfices.
Les bénéfices des nouvelles technologies
Comment arriverait-on à communiquer via les médias et les réseaux sociaux si les nouvelles technologies n'avaient pas révolutionné les modes de communication ?
Elles sont aussi à la source d'une toute autre manière de travailler : plus simple et plus productive.
Créer, stocker et partager des documents en un rien de temps, collaboration avec des membres du monde entier : nous ne saurions nous en passer au regard des bénéfices qu'elles procurent en matière de productivité, d'efficacité et de rapport résultats/temps.
Et puis, bien qu'avoir recours aux technologies peut avoir un impact sur l'environnement et sur la santé à forte dose, celles-ci contribuent tout de même à l'amélioration de la santé. Un article de la rédaction Futura publié le 12 septembre 2023 sous le titre de “L'importance des nouvelles technologies dans notre quotidien” présente les apports des nouvelles technologies pour la santé et le bien-être : Les nouvelles technologies ont amélioré notre qualité de vie. Les objets connectés tels que les montres intelligentes, les bracelets fitness ou encore les capteurs de sommeil nous permettent de surveiller notre santé et notre bien-être de manière plus précise. Les applications mobiles telles que MyFitnessPal ou Headspace nous permettent également de suivre nos objectifs de santé et de bien-être en temps réel.
Les technologies concernent aussi les personnes en situation de handicap, c'est pourquoi leur accessibilité a été facilitée.
Les assistants à commande vocale, les lecteurs d'écran et les logiciels de synthèse vocale, les dispositifs d'aide à l'écoute ou encore les applications de conversion de la parole en texte en temps réel permettent chaque jour à des personnes en situation de handicap de rompre avec l'isolement et d'avoir une meilleure qualité de vie.
Finalement, l'efficacité des technologies est une question d'équilibre.
Dans certains contextes, elles peuvent se révéler nuisibles, mais en faire un usage modéré et réfléchi contribue au bien-être et à la productivité.















