Le Mali traverse une crise énergétique majeure qui impacte profondément son économie, ses institutions et le quotidien de ses citoyens. Marqué par des délestages récurrents et une dépendance accrue aux importations d’énergie, le pays peine à répondre à une demande croissante. Entre héritage historique, mauvaise gouvernance et instabilité géopolitique, la crise s’est aggravée sous la transition actuelle. Pourtant, des solutions existent pour sortir de cette impasse.

La crise énergétique au Mali trouve ses racines dans l’histoire récente du pays. Depuis des années, le secteur énergétique fait face à de nombreux défis structurels. La société nationale, Énergie du Mali (EDM), chargée de fournir l’électricité, connaît d'importantes difficultés financières, limitant sa capacité à moderniser les infrastructures et à répondre à la demande.

Le Mali, dépourvu de ressources énergétiques fossiles suffisantes, dépend largement des importations d’électricité depuis des pays voisins comme la Côte d’Ivoire. Cette dépendance rend le pays vulnérable aux crises régionales et aux fluctuations du marché énergétique mondial.

La situation s’est particulièrement détériorée depuis 2020. Les autorités de transition ont hérité d’un secteur en crise, marqué par des contrats désavantageux avec des fournisseurs étrangers et une mauvaise gestion des ressources disponibles. En 2023, les Maliens ont fait face à une série de délestages massifs, notamment dans la capitale Bamako, paralysant les activités économiques et le fonctionnement des services publics. Cette crise énergétique a été aggravée par les effets de la guerre en Ukraine, qui a entraîné une hausse mondiale des prix du carburant et des difficultés d’approvisionnement.

Conscientes de l’urgence de la situation, les autorités maliennes ont envisagé plusieurs solutions pour atténuer les effets de la crise énergétique. Parmi celles-ci figure la diversification des sources d’énergie. Le Mali, bénéficiant d’un fort ensoleillement, cherche à développer les énergies renouvelables, notamment le solaire. Plusieurs projets de centrales solaires sont en cours, mais les résultats tardent à se concrétiser.

En parallèle, le gouvernement s’efforce de renforcer les partenariats régionaux avec des pays voisins, à l’instar du Niger, pour sécuriser l’approvisionnement en électricité. Des discussions seraient notamment en cours, avec d’autres partenaires, pour augmenter les importations d'énergie. Cependant, ces mesures restent insuffisantes face à une demande qui ne cesse de croître.

Le gouvernement malien a également mis en place des subventions pour soutenir Énergie du Mali, tout en prévoyant des investissements pour moderniser les infrastructures et réduire les pertes sur le réseau de distribution. Toutefois, la lenteur administrative et les contraintes budgétaires freinent ces efforts. À court terme, les coupures d’électricité persistent, accentuant le mécontentement des citoyens.

La crise énergétique touche directement la vie quotidienne des Maliens. Les délestages fréquents perturbent les activités économiques, notamment les petits commerces qui dépendent de l’électricité pour fonctionner. Les entreprises, les hôpitaux et les écoles sont également affectés, créant un climat d’incertitude économique et sociale. Les ménages, de leur côté, se voient contraints d’investir dans des groupes électrogènes, augmentant ainsi leurs dépenses. Pour les plus pauvres, ces solutions sont inaccessibles, les laissant dans le noir pendant de longues heures chaque jour.

Dans les rues de Bamako et des grandes villes, les opinions des citoyens sont variées mais souvent critiques envers la gestion de la crise par les autorités. Certains dénoncent un manque de vision et d’anticipation de la part du gouvernement. « Nous payons des factures d’électricité exorbitantes, mais nous passons la moitié du temps sans courant », s'indigne un commerçant du marché de Faladié. D’autres appellent à une réforme profonde du secteur énergétique, plaidant pour plus de transparence et une plus grande implication des acteurs privés. Pourtant, une partie de la population semble résignée face à une crise qu’elle considère comme chronique et inévitable.

Pour sortir de cette impasse, le Mali doit envisager des solutions durables et ambitieuses. La transition vers les énergies renouvelables apparaît comme une nécessité. Le potentiel solaire du pays est immense et pourrait, à terme, permettre au Mali d'atteindre une certaine autonomie énergétique.

Des projets de mini-centrales solaires, particulièrement dans les zones rurales, pourraient également contribuer à réduire la dépendance aux importations et à améliorer l’accès à l’électricité dans les régions reculées.

Le renforcement de la coopération régionale est une autre piste prometteuse. En sécurisant les accords avec ses voisins, le Mali pourrait mieux gérer les périodes de forte demande. Cependant, ces partenariats doivent être équilibrés et transparents pour éviter les erreurs du passé.

La réforme de la gouvernance du secteur énergétique est également essentielle. La société Énergie du Mali doit être restructurée pour devenir plus performante et plus efficace. La lutte contre la corruption, qui gangrène le secteur, doit être une priorité pour éviter que les fonds destinés à l’amélioration du réseau ne soient détournés.

À moyen terme, le Mali doit encourager les investissements privés dans le secteur énergétique pour diversifier les acteurs et stimuler l’innovation. À long terme, l’objectif doit être l’autosuffisance énergétique, en tirant parti des ressources renouvelables du pays.

La crise énergétique que traverse le Mali est un défi majeur pour son développement. Elle menace non seulement l’économie, mais aussi la stabilité sociale et le bien-être des citoyens. Toutefois, elle peut aussi être une opportunité de changement et de modernisation du secteur. Avec une stratégie claire, des investissements ciblés et une gouvernance efficace, le Mali pourrait transformer cette crise en une nouvelle ère énergétique, synonyme de progrès et de prospérité.