En ce XXIème siècle bouleversé par les attentats terroristes, les crises économique et sanitaire et autres calamités, nous sommes nombreux à nous mobiliser pour surmonter ces difficultés et trouver des solutions.

Ce qui motive l'action, c'est avant tout l'élan d'optimisme. Les intellectuels et visionnaires y voient des bénéfices indéniables et des espérances de résolution promettantes.

Que nous apprennent-ils à son sujet ?

Des élans constructifs aux résultats optimaux

L’optimisme constitue un élan constructif : on est plus heureux en essayant de changer les choses. Et si on essaie de changer les choses, on est forcément optimiste, soutient Hervé Fischer, écrivain, philosophe, sociologue et artiste franco-canadien. Le dépassement de l’homme par le numérique- ce qui, selon Hervé Fischer, représente le mieux ce à quoi l’optimisme a mené ses contemporains - est l’effet optimal d’une posture optimiste créatrice de progrès.

L’économiste Paul Romer qualifie cet optimiste d’action d’optimisme conditionnel. Un enfant qui n’attend pas ses cadeaux, qui n’est pas attentiste, se dit qu’avec du bois et des clous, plus l’aide de quelques congénères, il peut construire une cabane dans un arbre.

Pour Steven Pinker, psycholinguiste et psychologue cognitiviste canado-américain, cette action constructive ne peut se départir d’une vision réaliste des progrès réalisés depuis le siècle des Lumières . Oser se fier aux statistiques et se méfier des médias qui mettent l’accent sur la négativité des faits tout en occultant les progrès humains, repousserait l’anxiété et éviterait de nourrir de fausses croyances en renversant des institutions jugées défaillantes.

De quelque manière que cela soit, tout élan d’optimisme vise plus facilement des objectifs à long terme plutôt que des récompenses immédiates face à une situation difficile. Dans un article publié sur le site Se-réaliser.com, le docteur en psychologie Bastien Wagener parle d’un état d’esprit de développement qui élargit les horizons.

Et pour faire écho aux propos de Steven Pinker, Bastien Wegener reconnaît qu’être optimiste sans aucun ancrage dans la réalité ou s’en remettre uniquement à sa bonne étoile n’a aucun impact positif à long terme.

Un optimisme constructif refuse un optimisme rigide. Il est constructif lorsque l’on est capable d’utiliser le pessimisme à bon escient pour anticiper les obstacles sur notre route.

Plus qu’une nécessité : un besoin vital

Fabienne Marais, journaliste web, a confié au média Ouest-France que non seulement l’optimisme faisait du bien au corps et à l’esprit, favorisait les bonnes relations avec les autres, avait un impact bénéfique sur notre santé, mais il boostait aussi nos défenses immunitaires et notre goût de vivre.

Selon de nombreuses études, l’optimisme permettrait de plus hauts niveaux de bien-être subjectif. Il permettrait surtout de souffrir moins de maladies chroniques et de réduire les risques de mort prématurée. Il repousserait la mortalité, les maladies cardio-vasculaires, la douleur, les cancers et les symptômes physiques.

L’optimisme allonge la durée de vie par les effets qu’il procure à l’organisme, mais aussi par les relations sociales qu'il favorise. Le cortisol et la pression sanguine chutent tandis que la dopamine augmente. Quand aux relations sociales, la recherche scientifique en fait l’un des éléments clés permettant l’allongement de la durée de vie. Dans les interactions sociales, l’ocytocine et la dopamine diminuent le cortisol, l’hormone du stress et la présence d'un proche incite à prendre soin de soi.

Outre la longévité obtenue par l’exercice de l’optimisme, d’après l’université de Stanford, les optimistes ou les couples dont l’un des partenaires est optimiste ont une vie amoureuse plus riche et plus longue. Quoi de plus fertilisant pour agrandir et souder une famille et créer du lien que faire preuve d’optimisme au sein de son couple !

Une étude réalisée en 2000 par Grenon relève un recul des idéations suicidaires chez les personnes motivées face à la vie. Plus ces dernières sont optimistes, moins elles risquent d’entretenir des idéations suicidaires et plus elles adoptent des stratégies « vigilantes ». C’est pourquoi on peut dire qu’être optimiste est vitalement protecteur !

Le mot des scientifiques

Les émotions quel qu’elles soient ont leur fonction et leur utilité. Positiver rehausse leurs effets bénéfiques. Selon Martin Seligman, chercheur américain considéré comme l’un des pionniers de la psychologie positive, certes, des sentiments comme la peur ou la colère permettent de mettre en place des réflexes de survie, mais des pensées positives, elles, peuvent aider les gens à sortir le meilleur d’eux-mêmes.

Un taux de sécrétion d’ocytocine important aide à repousser la dépression. Les optimistes en sécrètent plus que les autres, c’est pourquoi, nous apprend Tali Sharot, chercheuse et professeure en neurosciences cognitives, les optimistes, huit fois moins touchés par la dépression, résistent en outre deux fois mieux en cas de coup dur.

L’optimisme en tant que facteur d’allongement de l’espérance de vie a été analysé par des scientifiques. Après analyse, ils relèvent que le quartile de personnes présentant l’optimisme le plus élevé par rapport au plus bas était associé à une durée de vie plus longue de 5,4.

Mais d’après les chercheurs, ce sont plutôt les comportements induits par l’optimisme qui protègent : plus d’activités physiques, moins d’addictions, plus de prévention sur le plan sanitaire.

Des recherches récentes utilisant l’imagerie par résonance magnétique ont tout de même déceler une compatibilité de l’optimisme avec la structure cérébrale : notre cerveau est naturellement conçu pour voir le verre à moitié plein.

Si votre trait de caractère est conforme à votre nature alors vous devriez vous attendre à vivre des expériences positives dans le futur, pour reprendre la définition de Carver et Scheier.

Alors comment vous voyez-vous dans deux ans ? Dans cinq ? Dans dix ans ?