La galerie Perrotin a le plaisir de présenter une exposition personnelle de Sophie Calle, la quinzième depuis le début de la collaboration avec l’artiste en 2001. À cette occasion, Sophie Calle présente deux nouveaux projets Parce que et Souris Calle, avec la collaboration d’une quarantaine de musiciens.

Sophie Calle est l’une des artistes françaises les plus reconnues internationalement. Depuis près de quarante ans, son œuvre combine récit, image photographique, performance, vidéo, dans une traversée permanente entre le ctionnel et le réel, l’intime et le public. Comme l’af rme Alfred Pacquement : « Sophie Calle est artiste à la première personne. Elle se met elle-même en scène dans ses travaux, sans retenue. Elle y raconte en langage direct des histoires vécues, avec un souci du détail qui ne peut laisser indifférent. Elle rend le spectateur complice de son intimité sans qu’il puisse s’y soustraire.»

L’exposition ouvre sur une série de photographies inédites, de la série Parce que masquées par des rideaux brodés d’un texte que le visiteur peut lire avant de les soulever pour découvrir l’image. Le texte qui débute par « Parce que » explique la raison pour laquelle cette image existe, pourquoi l’artiste a choisi ce moment ou ce lieu.

Ainsi, « Parce que la tentation de la suivre » s’applique à La ligne blanche (2018), photographie d’une ligne de démarcation de route qui s’enfonce sous l’eau, ou « Parce que quoi d’autre après plus rien ? » devance Plurien, sortie (2018), cliché d’un panneau de sortie de ville, face au cimetière de Plurien. La justi cation de la photographie est ainsi lisible avant l’image, dans un rapport tautologique inédit qui questionne la relation texte – image.

Sophie Calle est familière des jeux d’auteurs, collaborant ponctuellement avec des écrivains (Paul Auster, doubles-jeux), des artistes (Greg Shephard, No sex last night) entre autres. Pour le projet Souris Calle, dévoilé pour la première fois à la galerie Perrotin, l’artiste a sollicité une quarantaine de musiciens et de chanteurs. Chacun a composé un morceau en hommage à Souris, le chat de l’artiste, mort en 2014. La compilation ainsi produite prend la forme de trois disques 33-tours, à la fois objet accroché dans l’espace d’exposition et son diffusé dans plusieurs salles et alcôves aménagées pour l’écoute : « Le travail entrepris par Sophie Calle (...) ne cesse d’interroger et de redé nir la notion d’auteur, laquelle s’est enrichie de processus de plus en plus complexes de co-signatures, de palimpsestes et d’hypertextualité.» écrivait à son propos la commissaire d’exposition Christine Macel.

Avec ce projet, Sophie Calle étend encore plus la notion d’auteur pour partager un deuil et la célébration d’un être aimé. Comme le décrit le critique d’art Yve-Alain Bois « [Sophie Calle] partage avec les endeuillés mélancoliques qui, pour endiguer leur malheur, transforment l’être cher qu’ils ont perdu en un idéal de perfection.»

Cette monomanie peut prendre plusieurs formes, on se souvient de Douleur Exquise (1984-2003) ou Prenez soin de vous (2004-2007). Elle aboutit ici à un protocole collaboratif avec des musiciens, tel un acte de résilience pour combler le manque de Souris. « J’ai noté son recours obsessionnel au passé que par bribes cumulatives elle conjure en un tout qui semble plus unitaire.» Cet album est plus qu’une compilation musicale, c’est une œuvre complexe qui crée une unité dans l’absence. La vidéo Souris Calle (2018) est projetée dans une salle adjacente: Sophie Calle y raconte les dix-sept années de vie commune avec son chat, sa personnalité, leur habitudes et le vide créé par sa disparition.

Le dispositif de l’exposition est complété par une sélection d’œuvres de la série des Autobiographies, liées au décès de Souris. Juxtaposant des textes encadrés avec des photographies, ces Autobiographies sont une des séries les plus fameuses de l’artiste. Depuis 1991 elles ont été exposées dans le monde entier : Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de la Ville de Paris, Tel Aviv Museum of Art, Sprengel Museum de Hanovre, Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, entre autres.

« Elle fait de sa vie une performance continue5» disait d’elle l’historienne de l’art RoseLee Goldberg. Entre collaborations, détournements et jeux, Sophie Calle développe une œuvre singulière, aux prétextes autobiographiques mais à la portée universelle.

Artistes participants au projet Souris Calle : AaRon, Laurie Anderson, Juliette Armanet, Mathieu Baillot & Mazarine Pingeot, Alex Beaupain, Benjamin Biolay, Bono, Brigitte, Camille, Arnaud Cathrine et Florent Marchet, Jeanne Cherhal, Christophe, Clarika, Pascal Comelade, Javis Cocker, Lou Doillon, Stephan Eicher & Frédéric Lo, Thomas Fersen, Feu! Chatterton, Irène Jacob, Jean-Michel Jarre, Keren Ann, Kincy, Ragnar Kjartansson & Kristín Anna, Pierre Lapointe et Albin de la Simone avec Sophie Calle, Miossec, Mirwais, Fabrizio Moretti, Joseph Mount, The National, Linus Öhrn, Ayumi Paul, Marie Modiano & Peter von Poehl, Raphael, Nicola Sirkis, Casey Spooner & Wolfram, Michael Stipe, Mina Tindle, Pharrell Williams.

Le travail de Sophie Calle a été exposé dans de nombreux de musées internationaux. Une rétrospective de son travail a eu lieu au Centre Georges Pompidou à Paris en 2003, puis au Martin-Gropius-Bau, Berlin, Irish Museum of Modern Art, Dublin et Ludwig Forum für Internationale Kunst, Aachen. En 2007, Sophie Calle a représenté la France à la 52e Biennale de Venise, l’exposition « Prenez Soin de Vous » a ensuite voyagé dans une vingtaine de musées à travers le monde.

L’exposition « Rachel, Monique » a été présentée au Palais de Tokyo (2010), au Festival d’Avignon (2012), à la Episcopal Church of the Heavenly Rest de New York (2014) et au Castello di Rivoli à Turin (2015). Plusieurs expositions personnelles ont été également consacrées à Sophie Calle au Musée d’art contemporain de Montréal, Canada (2015), au Toyota Municipal Museum of Art, Aichi (2015), au Nagasaki Prefectural Art Museum (2016), au Museo Tamayo de Mexico (2014), au Centro Cultural Néstor Kirchner de Buenos Aires (2015), à La Virreina Centre de la Imatge de Barcelone (2016), à Fort Mason San Francisco (2017), au Musée de la Chasse et de la Nature à Paris (2017) ou encore au Château la Coste, France (2018). Sophie Calle a reçu le prix Hasselblad pour la photographie en 2010 et le prix ICP In nity en 2017.