David B et ses fils Ulysse et Tito, Ramuntcho Matta, ses enfants et son père, Guillaume Pinard et sa fille Sasha, Jochen Gerner, sa fille Marta et ses fils Pavel et Caspar, Nicolas et Roland Topor.

L’idée de cette exposition commence avec un livre intitulé « Un monsieur tout esquinté » publié en 1972. Il rassemble une centaine de dessins réalisés par Roland Topor et son ls Nicolas, alors âgé de 5 ans. L’ouvrage débute avec un entretien entre le père et son ls : « Nicolas, vous êtes un petit garçon de cinq ans et demi, vous faites de superbes dessins et vous racontez de magni ques histoires, pourtant cela ne semble étonner personne. On ne vient jamais vous interviewer pour connaître votre avis sur une foule de choses, comme l’Art, votre œuvre, ou les di érents problèmes de l’heure. Cette indi érence est surprenante à une époque où l’on est particulièrement friand d’opinions. Je suis donc heureux de réparer cet oubli grâce à la série d’entretiens que vous avez bien voulu m’accorder.... »

Dans cet échange Nicolas Topor parle d’un Chinois, de chevaux et d’Indiens. Il déclare d’ailleurs parler couramment indien.

De nombreux artistes ont parlé du dessin d’enfant, comme un dessin brut, d’un dessin primitif, dénué de toutes formes préfabriquées, loin de toute socialisation. Un geste pur, non encore conditionné. Céline Delavaux dans un article publié dans la revue Hors-Champs explique que : Dans les années vingt, Paul Klee accorde un rôle déterminant aux travaux des enfants qu’il donne pour modèles à ses étudiants du Bauhaus. Il introduit ses propres dessins d’enfant dans le catalogue de ses œuvres : « Je veux être un nouveau-né, ne sachant rien de l’Europe, ignorant les poètes et les modes, presque un primitif. » En 1863, dans « Le peintre de la vie moderne », Baudelaire écrivait « Le génie n’est que l’enfance retrouvée à volonté (... )», ou encore « rien ne ressemble plus à ce qu’on appelle l’inspiration, que la joie avec laquelle l’enfant absorbe la forme et la couleur »

Ramuntcho Matta, lui, dessinait régulièrement dans l’atelier de son père Roberto. Tous deux réalisaient des peintures et des dessins ensemble. Le père était très intéressé par les dessins de son ls. Pour Ramuntcho Matta, en plus du plaisir de peindre, c’était un moyen d’entrer en communication avec son propre père, un dialogue silencieux, un dialogue par les formes.

Le jour où Ramuntcho Matta est devenu parent, il a laissé ses enfants œuvrer de leur côté, en se gardant d’intervenir, sans vouloir s’imposer. Sa manière a lui de dialoguer avec eux fut de leur dessiner des histoires. Il y a quelques années, Jochen Gerner avait réalisé des dessins avec ses ls Pavel et Caspar. Aujourd’hui il dessine avec sa lle Marta qui a 6 ans. Chaque jour, elle réalise plus d’une dizaine de dessins, à l’école, dans sa chambre, dans l’atelier de son père. Jochen Gerner a pris l’habitude de conserver précieusement les dessins de ses trois enfants. Il n’a jamais voulu leur apprendre à dessiner, surtout pas ! Aujourd’hui il présente un ensemble de dessins réalisés à 4 mains avec Marta, Caspar et Pavel.

En 2010, Guillaume Pinard a réalisé avec sa lle Sasha un livre. Les dessins avaient été réalisés individuellement, mais ils les ont ensuite sélectionnés pour qu’ils se répondent. Après cette expérience, Guillaume a proposé à sa lle de réaliser un lm d’animation. Sasha a imaginé l’histoire et Guillaume a créé l’animation avec les dessins de sa lle. « Youki », puisque c’est le titre de ce lm, narre une histoire dramatique. Sasha du haut de ses 5 ans, à l’époque, ne l’avait pas aimé. Depuis, 7 années se sont écoulées, elle a appris à l’apprécier et nous a donné son accord pour le montrer aujourd’hui.

Et en n David B présentera des dessins réalisés avec son ls Ulysse. Le grand frère de David B en est le sujet. Ce frère terrassé par la maladie et sublimé par David B au l de ses livres et ses expositions. Aujourd’hui, son ls dessine cet oncle qu’il ne connaît qu’à travers les dessins de son père.

Le titre de cette exposition est emprunté à certains visiteurs, qui en regardant une œuvre ayant peu de valeur à leurs yeux, disent que leur enfant pourrait en faire autant.

Alors, comment ne pas conclure en citant cette fameuse phrase de Picasso : Quand j’étais enfant, je dessinais comme Raphaël mais il m’a fallu toute une vie pour apprendre à dessiner comme un enfant.