"Prolifique voire infinie, car comment rendre-compte et faire image, autrement, des relations sociales. Ce qui m’intéresse c’est ce qu’un individu développe dans le monde social, ce qu’il intègre de la société en lui-même, en son corps. C’est ce qu’Aristote appelle l’Hexis corporelle et Bourdieu, l’Habitus. Il s’agit de ce qui va être partagé avec l’entourage par des relations d’autorité, de subordination ou de réversibilité. Face à cette infinitude de possibilités, j’ai posé les fondements d’un protocole qui me permet de saisir ces relations en images.

Chaque image obéit à ce même protocole, et contient donc, en un sens, toutes les images. Le protocole en question procède selon trois niveaux. Tout d’abord, il mobilise le choix d’un terrain et d’une véritable « immersion », installée dans un temps long. Il se base sur l’emploi d’une caméra grand format de type chambre photographique pour réaliser les prises de vues, car elle renvoie à un espace projectif permettant à l’observateur et à l’observé d’avoir un rapport en dehors du simple fait d’être là.

Ce rapport crée une relation imaginaire et culturelle autour de cette « boîte noire » dans laquelle il se passe quelque chose et où chacun peut se penser être à un moment donné. Le troisième point c’est la construction, via la circulation et l’exposition des images, d’une relation avec l’intéressé, le groupe, le monde extérieur. Cela va de la contemplation de sa propre image reproduite, ou en circulation sur internet, à la construction d’un autre lieu du social pour le spectateur extérieur : l’exposition."

D'un entretien entre Florent Tosin et Olivier Menanteau , décembre 2015