Je m’appelle Le Yin, j’ai 36 ans et je suis une banane. Je ne suis ni incurvé, ni oblong, simplement jaune. On appelle des gens comme moi des bananes.

On devrait donc rajouter une seconde définition dans le dictionnaire.

Banane se dit des personnes d’origine asiatique ayant grandi dans un pays occidental. En ayant reçu une éducation et une construction de repères occidentaux, ils se retrouvent dans la configuration suivante: “Jaune à l’extérieur et blanc à l’intérieur” comme une banane. Avoir un esprit occidental avec un physique d’asiatique.

Je suis donc français d’origine chinoise et pendant longtemps j’avais voulu m’appeler autrement Pierre Paul ou Jacques même Barnabé. Mais on ne choisit pas son nom me semble-t-il… Je vois souvent des gros yeux quand j’explique aux gens notamment à l’étranger que je suis Français. Et oui! Je ne suis pas l’archétype du Frenchy traditionnel.

Dans ces deux cultures, il y a bien un domaine dans lequel il y a des similitudes: celui de la cuisine. La richesse de la gastronomie. Il n’est donc pas surprenant que la cuisine joue un rôle important dans ma vie.

Ce qui m’anime, c’est d’aller creuser la gastronomie de mon coté asiatique pour l’expliquer, la partager, la démystifier. La cuisine asiatique ne se borne pas à des nems, du riz cantonnais ou rouleau de printemps, même si en France, ces plats semblent en être une représentation relativement limitée. Il y a une telle richesse gustative dans la cuisine asiatique. Il serait un peu réducteur de résumer la cuisine asiatique à ces quelques plats…

Pour vous faire entre-apercevoir la diversité de ces cuisines, je pourrais nommer à titre d’exemple les crevettes sautées au sel et poivre, le Nem Thadeua, une salade laotienne de riz croustillant, le ragoût de bœuf vietnamien à la citronnelle.

D’ailleurs, il y a souvent pas mal d’amalgames sur l’origine des plats. Le rouleau de printemps n’est pas chinois mais vietnamien; idem pour les nems.

La cuisine asiatique a aussi beaucoup évolué dans les pays occidentaux. En fonction des origines de la diaspora asiatique installée, la cuisine aura des gouts et des parfums différents.

N’avez-vous jamais remarqué que les mêmes plats des restaurants chinois n’ont pas le même gout qu’on soit en France ou au États-Unis?

La cuisine asiatique d’ailleurs s’adapte aux gouts du pays d’hôte.

Voici quelques anecdotes sur ces “faux ou presque faux” plats asiatiques.

En métropole, dans les restaurants japonais, on nous sert invariablement en entrée une salade de chou. D’ailleurs la plupart des patrons de ces restaurants sont autant japonais que moi congolais. Ils se disent que pour un regard d’occidental un bridé ressemblera forcément à un autre bridé… Sachez qu’une grande majorité des restaurants nippons en France sont détenus par des chinois. Ce sont tous ces restaurateurs chinois qui se sont reconvertis en japonais suite aux scandales des appartements raviolis et la chute de leur commerce. Ils ont également senti le bon filon de la mode pour la cuisine nippone. En plus de cela c’est une cuisine qui est nettement plus rentable qu’un restaurant asiatique standard. Cette salade de chou n’a en réalité rien de japonais. Au pays du Soleil Levant on ne vous servira pas ce genre de salade. Je pense que ce sont les restaurateurs en France qui ont imposé ce standard. Ici aussi c’est vraiment dans un but lucratif qu’on nous propose ce plat. Sachez qu’avec un demi-chou qui m’a couté 1 euro, j’ai pu faire cette recette pour plus de 12 à 14 personnes. Rentabilité avant tout!

De la même manière, en France, les consommateurs sont friands d’un plat qu’on nomme riz cantonnais. En réalité, ce plat de riz sauté n’a aucune origine cantonaise. Peut-être que ce nom accentuait le coté exotique du plat…

Vous trouverez des milliers de variantes de ce plat. Mes parents disaient également que c’était souvent le plat de “restes”. On récréait un plat avec les restes de viandes de légumes des repas précédents.

À travers mes articles, nous plongerons un peu plus dans le monde de la cuisine asiatique…