La digitalisation transforme le paysage économique en créant de nouvelles opportunités tout en rendant certaines tâches, voire des professions obsolètes. Elle agit comme un double tranchant, stimulant l'innovation et la productivité tout en engendrant des pertes d'emploi dans certains secteurs.

D'une part, de nombreux emplois sont créés grâce à la numérisation. Les secteurs technologiques, tels que le développement de logiciels, le marketing numérique et l'analyse de données, connaissent une croissance exponentielle. Par exemple, l'émergence des plateformes de commerce électronique a engendré un besoin croissant de spécialistes en marketing digital, en logistique et en service client. De plus, des métiers innovants, comme les ingénieurs en intelligence artificielle ou les experts en cybersécurité, sont désormais essentiels pour répondre aux défis contemporains. D'autre part, la digitalisation entraîne la disparition de certains emplois traditionnels. Les caissiers, par exemple, voient leur rôle diminuer avec l'augmentation des caisses automatiques et des systèmes de paiement mobile. De même, des métiers liés à la production et à l'assemblage sont menacés par l'automatisation et la robotisation. Dans l'industrie automobile, des robots remplacent de plus en plus les travailleurs sur les chaînes de montage, réduisant ainsi le besoin de main-d'œuvre humaine.

Ainsi, bien que la digitalisation offre de nombreuses possibilités, elle exige également une adaptation des compétences et des stratégies pour garantir que la transition soit bénéfique pour l'ensemble de la société. Nous nous proposons de réfléchir aux tenants et aux aboutissants psychologiques et sociaux de l’ère du tout tactile…

Première partie

Les affres du tout tactile

La digitalisation1 serait une menace déstructurante pour les emplois selon certains, une opportunité pour d’autres. C’est oublier un peu vite que les emplois perdus par la numérisation peuvent être amplement compensés par ceux qui exercent des métiers supports dans les domaines informatiques et des nouvelles technologies. Cela dit, depuis le coup de pouce, utilisé par un établissement bancaire pour promouvoir sa marque, il y a quelques années, jusqu'au dernier catalogue d’un géant de l’ameublement qui se feuillette d’un doigt, il ne faut pas occulter l’essentiel. Ce n’est pas tant la digitalisation qui est le plus à craindre, mais son corollaire, le tout tactile. Une nouvelle phobie susceptible d’engendrer une race nouvelle de consommateurs qu’il faudra assister davantage eu égard aux bouleversements qu’une telle révolution ne manquera pas de créer dans leur métabolisme.

Je vous le dis, avec tout le doigté qui sied en la matière, le tout tactile va faire une place de roi au doigt et plus particulièrement à notre index ou à notre pouce, organe en pleine mutation génétique et générationnelle, en passe de concentrer l’intelligence humaine. Savez-vous qu’il a été nécessaire de patienter jusqu’au XVIIIe siècle pour que le cerveau supplante le cœur comme adresse des sensations humaines ? Alors qu’il ne faudra qu’une décade pour que le doigt supplante le cerveau à son tour, et cela, de manière irréversible.

En mettant le cœur, puis le cerveau comme parties motrices de notre existence, nous avons construit des sociétés fondées sur l'émotion et la raison. Ces deux éléments, souvent perçus comme opposés, ont guidé nos choix, nos relations et notre développement culturel. Mais aujourd'hui, avec l'avènement de la digitalisation des échanges, une nouvelle dimension entre en jeu : celle de la technologie, symbolisée ici par le "doigt". Au choix, votre pouce ou votre index !

L'Homme : entre cœur et cerveau

Au fil des siècles, l'humanité a évolué grâce à des interactions humaines riches en émotions (le cœur) et des réflexions analytiques (le cerveau). Le cœur représente nos passions, notre capacité à aimer, à empathiser et à créer des liens. Le cerveau, quant à lui, incarne notre faculté de raisonner, d'étudier, de comprendre et d'innover. Ensemble, ils ont permis à l'homme de bâtir des civilisations, d'inventer des outils, de développer des arts et des sciences. Cependant, avec la digitalisation et l’immiscion de l’Intelligence Artificielle, nous assistons à l'émergence d'une nouvelle dynamique. Les échanges ne sont plus uniquement basés sur des interactions directes, des face-à-face, des poignées de main, des écrits, mais se déroulent également dans un espace virtuel où le contact humain peut être réduit. Ce changement transforme notre rapport à l'autre et à nous-mêmes. Le "doigt" devient alors un symbole puissant de cette évolution : en touchant un écran, en glissant sur une interface, en mettant des lunettes ou en portant un casque, nous prenons des décisions, nous établissons des connexions, et nous accédons à des informations en un instant.

Cette nouvelle forme d'interaction soulève des questions cruciales sur l'avenir de l'humanité. Si nos échanges reposent de plus en plus sur la technologie, qu'advient-il des émotions et de la pensée critique ? La digitalisation peut-elle enrichir nos vies ou, au contraire, les appauvrir ? L'avenir de l'homme semble suspendu à la capacité de trouver un équilibre entre ces trois forces : le cœur, le cerveau et le doigt.

Les risques et les opportunités

La dépendance à la technologie peut engendrer des risques : isolement social, perte d'empathie, superficialité des relations. D'un autre côté, elle offre des opportunités sans précédent : accès à l'information, possibilité de créer des communautés globales et de collaborer au-delà des frontières.

Il est impératif que l'humanité prenne conscience de cette dynamique. Dans un monde où les échanges digitaux dominent, il devient crucial de préserver l'humanité, de cultiver nos émotions et de ne pas négliger la pensée critique. La digitalisation ne doit pas être une fin en soi, mais un moyen d'améliorer nos vies tout en restant connectés à nos valeurs fondamentales.

L’avenir de l'homme, suspendu à son doigt dans le cadre de la digitalisation, est un appel à repenser notre rapport aux outils technologiques. Pour naviguer avec succès dans cette nouvelle ère, il est essentiel d'intégrer le cœur et le cerveau dans notre utilisation de la technologie, de manière à construire un avenir qui soit à la fois éthique, humain et durable.

Notes

1 La digitalisation du secteur bancaire et des assurances dépasse largement la simple adoption de nouvelles technologies, influençant également la culture d'entreprise, le modèle opérationnel et l'expérience client et représente une transformation profonde qui impacte tous les domaines des opérations et des services. Cette évolution se manifeste à travers plusieurs éléments majeurs : Automatisation des processus opérationnels : En révolutionnant les méthodes traditionnelles, l'automatisation accroît l'efficacité tout en réduisant considérablement les erreurs humaines; Développement de canaux numériques : L'instauration de plateformes en ligne et d'applications mobiles modifie la manière d'interagir avec les clients, rendant les services à la fois plus accessibles et personnalisés; Innovation en matière de produits et services : De nouvelles solutions financières sont créées pour répondre aux besoins évolutifs des clients, telles que les micro-prêts, les assurances personnalisables et les outils avancés de gestion de patrimoine.