Le Musée Guggenheim Bilbao présente la première exposition anthologique en Espagne consacrée à Joana Vasconcelos, sans conteste la créatrice portugaise (bien qu’étant née à Paris en 1971) à plus fort rayonnement international de toute sa génération, notamment suite à sa participation à la Biennale de Venise de 2005 ou à sa grande exposition organisée au Palais de Versailles en 2010.

La rétrospective actuelle, Joana Vasconcelos. Je suis ton miroir — un titre qui rend hommage à Nico, la célèbre chanteuse allemande qui interpréta I’ll be your mirror avec le groupe new-yorkais The Velvet Underground —, comprend une trentaine d'œuvres réalisées de 1997 jusqu’à ce jour. Parmi les pièces sélectionnées, on remarque quelques-unes très connues de l'artiste, telles que Burka (2002) ou La fiancée (2001–05), ainsi que des œuvres plus récentes et d’autres tout spécialement réalisées pour l’occasion, comme la monumentale Égérie (2018), installée dans l’Atrium du musée. En outre, deux sculptures gigantesques trônent aux alentours du musée : Coq pop (2016) et Solitaire (2018).

La production de Vasconcelos renvoie aussi bien à la culture populaire de son pays — en s'appropriant du coq de Barcelos, du cœur de Viana do Castelo ou des céramiques de Bordallo Pinheiro — qu’aux débats théoriques plus récents de l'art contemporain, en particulier en ce qui concerne la volonté de promouvoir la participation du spectateur dans l’interprétation des œuvres. L’artiste utilise de nombreux objets du quotidien, comme des électroménagers, des carreaux de faïence, des tissus, des médicaments, des urinoirs, des casseroles ou des couverts en plastique, en exploitant la charge narrative et émotionnelle qu’ils possèdent ou dégagent. Ses sculptures, parfois dotées de mouvement, de lumières et de son, et généralement réalisées à grande échelle, se caractérisent par leur exubérance et chromatisme. Avec un sens de l’humour attractif et fuyant le dogmatisme, son œuvre explore également des questions identitaires qui comprennent des aspects très intimes jusqu’à des thèmes sociopolitiques universels, comme l’émigration et l'exploitation de la femme, associés aux sociétés postcoloniales mondialisées.