« 10 Americans » montre l’importance de l’oeuvre de Paul Klee dans l’évolution de l’art américain au milieu du 20ème siècle. Des artistes célèbres américains, comme Jackson Pollock, Robert Motherwell et Mark Tobey, ont été inspirée entre 1930 et 1960 par la pratique artistique de Klee et par sa pensée plastique.

L’impact de Klee sur la génération des jeunes artistes américains de cette époque est pour la première fois sujet d’une exposition detaillée. Des travaux de William Baziotes, Gene Davis, Adolph Gottlieb, Norman Lewis, Robert Motherwell, Kenneth Noland, Jackson Pollock, Mark Tobey, Bradley Walker Tomlin et Theodoros Stamos seront présentés à côté d’oeuvres de Paul Klee.

L’exposition résulte d’une coopération avec The Phillips Collection et sera ensuite montrée à Washington D.C. du 3 février au 6 mai 2018.

Dans les années 1930 et 1940, la renommée de Klee monta en flèche aux États-Unis où il fut souvent exposé. De nombreux galeristes allemands de l’artiste avaient émigré en Amérique pour fuir le national-socialisme. Fin 1933, Klee fuit également l’Allemagne pour rejoindre Berne, sa ville natale. Alors que le marché de l’art s’effondrait en Europe et que Klee travaillait en Suisse dans un isolement relatif, le peintre connaissait un véritable succès outre-Atlantique. Il n’alla pourtant jamais aux USA. Dès le début, son oeuvre suscita des réactions positives de la part des artistes américains. Ces derniers s’efforçaient de dépasser l’héritage artistique, tant américain qu’européen. Aussi furent-ils particulièrement fascinés par la capacité de Klee à combiner des tendances diverses (cubisme, surréalisme, constructivisme) pour créer un style inédit.

Ils réussirent à prendre un nouveau départ en revenant aux origines mêmes de l’activité artistique. Différents procédés leur permirent de progresser sur la voie d’un art nouveau. Ils eurent recours à l’automatisme, procédé développé par Klee et, plus tard, par les surréalistes. Ils laissaient courir librement le crayon ou le pinceau sur le support, laissant apparaître des lignes que, dans un second temps, ils retravaillaient de façon volontaire. En tentant de renouer avec les débuts de l’expression artistique, ils furent amenés à s’intéresser aux dessins d’enfants et aux oeuvres ethnographiques. Ils reprirent notamment, dans leur propre création, certains principes comme la simplification et la schématisation de signes et symboles archaïques, universels.

La ligne, médium direct et universel par excellence, se prêtait parfaitement à l’expression de l’authenticité visée. Une raison de plus pour se référer à Klee, qui était avant tout dessinateur. Celui-ci considérait le dessin comme une forme d’écriture et il développa son propre langage calligraphique, lequel oscillait entre la spontanéité et le contrôle. Ce sont précisément ces oppositions que les artistes américains présents ici se sont efforcés de faire cohabiter dans leur travail.

Pour cette exposition, dix artistes ont été choisis qui se sont explicitement exprimés sur la création de Klee ou qui ont profité, de manière indirecte, de ses acquis. Klee fut l’un des nombreux artistes à les avoir inspirés et aidés à développer leur propre langage plastique. Ce ne sont pas tant de quelconques analogies avec les oeuvres de Klee qui importent ; il s’agit avant tout de mettre en évidence une démarche comparable et une attitude similaire face au processus de création.