La Galerie Nathalie Obadia est très heureuse de présenter une nouvelle exposition personnelle de Luc Delahaye. Le photographe proposera à cette occasion un ensemble de dix oeuvres réalisées depuis 2011.

Par ces photographies, Luc Delahaye continue sa réflexion sur la représentation de la condition de l’homme dans le monde contemporain. Avec rigueur et liberté, il poursuit sa quête d’une image qui affirme son autonomie et dépasse sa nature photographique.

Cette quête est d’abord l’errance inquiète de celui qui, par sa présence impersonnelle, tend à une conscience du monde. De la guerre, elle mène le photographe vers une actualité plus ordinaire, plus ouverte: celle d’un village indien, d’une banlieue d’Athènes ou d’une institution financière. Elle le conduit aussi à étendre ses moyens d’intervention. Car si l’approche documentaire reste au centre de la pratique, celle-ci accepte dorénavant certains artifices liés habituellement à la fiction.

Ainsi, des quatre photographies réalisées dans le village indien, deux l’ont été dans les conditions classiques du documentaire, en prise directe sur le réel (Coal Gleaner, The Tree); une autre est la reconstitution d’une scène vue lors d’un précédent séjour (Father and Daughter); la dernière (Boys Fighting) est la création, avec des «acteurs», d’une situation imaginaire. Autre exemple, dans un univers bien différent, Trading Floor est une composition numérique faite à partir de clichés pris, sur le vif, à la bourse des métaux de Londres. Death of a Mercenary et House to House, réalisées en Libye pendant la guerre de 2011, s’apparentent, elles, plus aisément aux travaux antérieurs de l’artiste.

Une exposition est un moment dans l’oeuvre d’un artiste, elle est partie d’un tout en constante définition, et la variété d’approches et de sujets présentés ici en quelques photographies marque sans doute une volonté de faire feu de tout bois. Chaque oeuvre de l’exposition porte cependant, à sa façon, les motifs récurrents dans le parcours de l’artiste. Car le travail de Luc Delahaye s’articule invariablement dans ce jeu dialectique de faux contraires: distant-présent, archétypal-singulier, beau-cruel, évident-énigmatique. Et le tableau, cet objet-image, est le lieu qui accueille et contient ces tensions.

Né en 1962, Luc Delahaye vit et travaille à Paris.