La Galerie Nathalie Obadia est heureuse de présenter After examining the logbook, the doctors assume they are dealing with the plague,la deuxième exposition de l’artiste Shahpour Pouyan à Paris, après celle qui lui a été consacrée en 2017. Considéré comme l’un des artistes iraniens les plus importants de la scène contemporaine, Shahpour Pouyan explore les notions de pouvoir et de domination dans une oeuvre multiple et poétique bâtie à partir de l’influence croisée de la culture persane, des symboles de l’histoire et des enjeux sociaux-politiques contemporains.

A travers un ensemble de miniatures et de céramiques récentes, Shahpour Pouyan propose un dialogue entre la peinture et la sculpture, la poésie et la fonctionnalité, et les éléments d’eau et de lumière, tout en poursuivant sa pratique qui consiste à faire converser l’histoire et la tradition avec le présent et la modernité.

Les miniatures bi-dimensionnelles, reproductions altérées de peintures médiévales et prémodernes d’Iran et d’Asie centrale, constituent la suite d’une série initiée en 2008. Montrées pour la première fois à la Biennale de Lahore en 2017, elles se rapportent ici aux thèmes de la voile et du voyage en mer. Ces reproductions sont conçues de manière presque totalement fidèle aux originales en termes de dimensions, d’esthétique et d’apparence d’ancienneté, créant l’illusion d’une historicité effective. Toutefois, les personnages, héros ou créatures mythiques qui y figuraient ont disparu, les sujets se retrouvant cachés et l’assise narrative de ces mondes dépeints dans ces miniatures perturbée.

Un bateau en mer a depuis le Moyen-Age en Iran et ses alentours été la métaphore du destin ou de l’incertitude de la vie humaine ainsi qu’une des représentations principales de la destinée. L’eau, élément sacré, représente la clarté et la purification et est toujours rendue dans la tradition de la peinture persane en peinture argentée, dont le sort est de s’oxyder, de noircir. Une vie humaine peut être vue comme un bateau navigant sur une mer sombre, incapable de voir ce que les ondes agitées peuvent dissimuler et incapable également de contrôler où les courants du destin le mèneront.

En dialogue avec les miniatures, les céramiques émaillées présentées dans cette exposition constituent autant de variations sur le motif du phare. Les phares illuminent et guident les navires en mer, leur permettant ainsi d’éviter les obstacles dangereux et de tracer une voie sûre dans l’obscurité. Fondés sur les mathématiques, ils sont utilisés comme symboles de l’orientation et de la connaissance, incarnant une identité plus fonctionnelle et plus utilitaire que celle qui se dégage du récit poétique des peintures.

La hauteur d’un phare est basée sur une formule de trigonométrie qui permet de calculer le champ de vision nécessaire pour éviter l’approche dangereuse à la côte. La couleur et la forme de la structure sont calculées elles aussi afin d’optimiser le guidage des navires égarés. A travers l’histoire, plusieurs sources d’énergie ont été utilisées pour éclairer les phares, que ce soit le feu ou le générateur thermoélectrique à radioisotope. Le pigment phosphorescent employé dans ce travail est une source de lumière alternative. Les constructions présentées ici ne se basent sur aucun phare existant mais prennent une forme mi-familière mi-insolite, entre architecture traditionnelle de phare et buildings futuristes, leurs structures étant conçues à partir de considérations fonctionnelles et géométriques à l’extrême et créées en réponse aux miniatures.

Le titre de l’exposition est tiré de l’intrigue du film Nosferatu, Une Symphonie de l’horreur de F.W. Murnau. L’artiste s’inspire aussi du symbolisme de Dracula de Bram Stoker et de l’actuelle crise des réfugiés.