Making worlds is not limited to humans. We know that beavers reshape streams as they make dams, canals, and lodges; in fact, all organisms make ecological living places, altering earth, air, and water. Without the ability to make workable living arrangements, species would die out. In the process, each organism changes everyone’s world.
(Anna Tsing)
De meeste kennis die we hebben verzameld over de dieren die in zee leven, is nuttige kennis. Kennis die we kunnen inzetten om processen soepeler te laten verlopen, om de stabiliteit van onze omgeving te garanderen, om onszelf in leven te houden. Ik geloof dat de waaromvraag een ander soort kennis zoekt, de bevestiging van een zelf. Dat je niet alleen bent. Dat je jezelf ergens in kunt herkennen. Een spiegel, een wateroppervlak.
(Nikki Dekker)
La mer reflète notre moi profond. Plus encore, l'eau nous dit comment nous allons et qui nous sommes réellement. Chercher sans cesse le contact avec ce reflet nous rapproche de nos émotions et de notre personnalité. Découvrir notre identité est un processus qui prend du temps. Ceux qui ne se conforment pas aux normes dominantes et doivent se débrouiller sans beaucoup de références y passent beaucoup plus de temps. Il est donc essentiel d'avoir un cadre de référence, que l'on ne trouve pas toujours dans nos propres cercles. Nous pouvons chercher des alternatives dans d'autres univers. Briser la surface de l'eau et étudier le monde qui se trouve en dessous nous offre de nouvelles perspectives sur notre place dans le monde. Nous pouvons apprendre d'autres sociétés et organismes et ainsi réinterpréter et redéfinir notre univers et nous-mêmes. When a bubble hits the surface part de la différence entre deux mondes - l'un au-dessus et l'autre sous l'eau - et met l'accent sur le contact et l'échange qui ont lieu à la surface de l'eau. L'océan recèle encore une infinité de choses inconnues de l'homme. Cela nous amène à réfléchir à la tendance humaine à se placer au sommet de la pyramide et à penser que l'on sait tout, ou du moins que l'on peut et que l'on a le droit de « découvrir » tout. Cependant, l'océan continuera toujours à receler des secrets. Ce que nous pensons savoir reste soumis au regard que nous portons sur l'autre.
L'artiste Bram Van Breda a été frappé par la manière dont Nikki Dekker aborde le monde sous-marin dans son roman diepdiepblauw (2022). Elle révèle que le mode de vie des animaux sous-marins est souvent différent de ce que nous avons toujours appris. Ainsi, la queeritude est courante chez les créatures sous-marines, qui ne se heurtent pas à des barrières bureaucratiques et idéologiques comme leurs homologues humains. Nos normes et attentes sociales deviennent donc visibles lorsqu'on les compare au mode de vie d'autres organismes. Cela nous aide à apprendre à repenser et à changer. Dans sa nouvelle série d'œuvres, Van Breda rend hommage aux créatures sous-marines qui peuvent inspirer notre société, comme le poisson-clown qui vit dans une sorte de matriarcat et peut changer de sexe. Les personnages qui apparaissent dans ses œuvres, qu'il s'agisse d'animaux, de plantes ou d'hybrides, sont égaux à leur environnement. Cela montre la fascination de Van Breda pour un écosystème durable où la collectivité occupe une place centrale, comme un tissu où chaque fil soutient et est soutenu à la fois. Dans son livre, Dekker évoque également les contes de fées qui ont été modifiés au fil du temps parce qu'ils ne correspondaient plus aux normes sociales. L'histoire d'Ariel, la petite sirène, traitait à l'origine d'une relation queer, mais a finalement été transformée en une histoire d'amour binaire traditionnelle.
Van Breda voit cependant la beauté et la poésie précisément dans ce qui est non traditionnel ou subversif. Dans ses matériaux, cela se traduit par la rupture du tissu binaire. Car plus encore que dans la représentation d'un monde marin, sa recherche s'exprime dans le langage visuel, la technique et la matérialité des œuvres. Les formes creuses avec lesquelles Van Breda expérimente depuis longtemps sont désormais des enveloppes qui servent de refuge à un organisme et de terreau à un autre. Il recherche également cet équilibre en utilisant les matières premières de manière écologique. Van Breda choisit délibérément des matériaux qui ont déjà eu une vie et qui n'ont pas encore fait leur temps. Leur histoire enrichit son travail. Van Breda combine des toiles de protection utilisées en Inde pour les impressions au bloc avec des matériaux industriels considérés comme des surplus, et avec des techniques qui font parfois référence à l'histoire du textile ou s’inspirent des filets de pêche.
Ce sont ces rencontres entre les matériaux et les techniques qui permettent à l'œuvre d'embrasser la queerness: en s'écartant des sentiers battus et en célébrant la diversité grâce à des choix non conventionnels ou inattendus. L'œuvre s'efforce de créer des zones de contact entre différents mondes qui sont généralement séparés ou coexistent. Dans ces zones, où les bulles perforent la surface de l'eau, nous voyons un signe de la vie qui se déroule parallèlement à la nôtre. Cette suggestion de ce qui se trouve en dessous ou derrière, et la manière dont différentes intrigues s'entrecroisent, est ce qui motive Van Breda. Il s'agit d'oser regarder de l'autre côté de la surface de l'eau, sans perturber l'autre, mais en se voyant reflété et en réfléchissant à qui l'on est ou à qui l'on veut être, tout en sachant que tout est fluide. Quand une bulle touche la surface.











