Pour la première fois en Belgique, la Galerie Templon présente Hervé Di Rosa dans son espace bruxellois, avec l’exposition Idolâtries. Ce second volet d’un cycle entamé à Paris autour des Idoles et trésors confirme la vitalité d’une œuvre qui, depuis plus de quarante-cinq ans, s’emploie à abattre les frontières entre les disciplines et à réconcilier cultures populaires et mémoire savante.

Figure majeure de la Figuration libre, Di Rosa invente des univers où le grotesque se dispute au merveilleux, où la bande dessinée croise l’ombre de Brueghel, où la sculpture africaine dialogue avec la Renaissance flamande. À Bruxelles, il revisite avec insolence le grand cycle des saisons peint par Brueghel au XVIe siècle : paysages enneigés, ruines féériques, architectures chimériques deviennent le décor d’une mythologie débridée, saturée de couleurs, traversée de figures triviales et jubilatoires.

L’exposition ne se limite pas à la peinture : sculptures en céramique créées au Cameroun et au Portugal côtoient de vastes toiles, abolissant toute hiérarchie entre images et objets, beaux-arts et arts dits modestes. Dans cette polymorphie assumée, Di Rosa brouille les cartes de l’orthodoxie artistique et affirme la légitimité de toutes les formes d’expression.

Grand voyageur et grand regardeur, il convoque ses souvenirs mexicains et camerounais autant que les visions de Piranèse ou d’Hubert Robert pour élaborer une narration éclatée, débarrassée de toute morale. À l’heure du crépuscule des idoles, l’artiste entend « renouer avec la grande peinture » et se réaffirmer en maître renouvelé du paysage.