Je m’astreins à une certaine logique mais ce sont les surprises qui donnent au travail sa dimension poétique.
Bernard Villers est une figure incontournable de la scène artistique belge depuis les années 60.
Qualifié de « minimaliste joyeux » par Jacques Lizène, il se définit aussi comme un artiste « conceptuel », bien que sa pratique échappe souvent à la définition habituelle de ce terme. Pour Villers : « Le concept, s’il y a concept, n’est pas antérieur à l’œuvre, il se construit en même temps qu’elle se construit ».
L’art, pour Bernard Villers, est un champ d’investigation ouvert, un terrain de jeu où il reconnaît une part d’aléatoire. Les œuvres ne résultent pas d’un hasard pur mais il n’y a pas de détermination non plus. C’est dans cet espace subtil, entre hasard et détermination – un espace rarement revendiqué par les artistes – que réside la véritable liberté de Bernard Villers.
Les œuvres présentées ici couvrent une période allant des années 70 à 2025. Il est fascinant de constater comment, malgré l’écart de plus de quarante ans, ces œuvres se répondent et suivent une même logique, une même règle du jeu. Comme si l’artiste, après de nombreuse années, revenait jouer à un jeu laissé un temps de côte. Parmi ses séries, on trouve les Retournements, des œuvres où « l’envers vaut l’endroit ». Ici, la perception de ce qui est visible ne peut être dissociée de ce qui est caché. Dans la série Recto / Verso l’artiste joue de la transparence du papier. La couleur appliquée sur une face apparait transformée sur l’autre, à la fois proche et lointaine.
Chez Bernard Villers, il n’y a pas de mystère dans le procédé. Les règles du jeu ne sont pas cachées et voir toutes les ficelles ne gâche rien. L’avant et l’arrière, une couleur et son souvenir. Les choses n’ont pas besoin d’être au premier plan pour exister, elles laissent des traces. C’est, et ça a été. La présence et l’absence. Et la légèreté, toujours.
(Texte de Marie Verbove)














