Le Centre International de Conférences de Bamako a récemment accueilli une rencontre de haute importance entre le gouvernement de la transition du Mali et ses partenaires techniques et financiers. L’enjeu : la présentation officielle de la Stratégie Nationale pour l’Émergence et le Développement Durable (SNEDD) 2024-2033. Plus qu’un document de planification, cette stratégie constitue une véritable déclaration d’intention politique et économique, une feuille de route structurée qui ambitionne de refonder en profondeur les bases du développement national, en projetant le Mali vers une transformation irréversible à l’horizon 2063.
Portée par la Vision Mali Kura Ɲɛtaasira ka bɛn san 2063, cette stratégie se veut le reflet des aspirations populaires telles qu’exprimées lors des Assises Nationales de la Refondation. Elle s’appuie sur les trois principes fondamentaux défendus par le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi GOÏTA : la souveraineté, les choix souverains du peuple et la primauté des intérêts du Mali. L’ambition affichée est claire : faire émerger un Mali souverain, stable, juste et prospère, qui s’appuie sur ses propres forces, tout en étant ouvert aux opportunités du monde.
La SNEDD, dans sa formulation, repose sur une approche intégrée et transversale, prenant en compte les priorités nationales les plus urgentes et les leviers à actionner pour enclencher un changement systémique. Elle vise à corriger les déséquilibres historiques, à renforcer les fondations institutionnelles, à stimuler la croissance inclusive et à garantir un développement équitable sur l’ensemble du territoire. Elle se positionne aussi comme une réponse stratégique face aux défis contemporains, notamment ceux liés au climat, à la sécurité, à l’accès aux services sociaux de base et à la transformation numérique.
Parmi les projets emblématiques de cette stratégie figurent des initiatives aux noms évocateurs comme Farafina Jigine, orientée vers la souveraineté alimentaire, Yelen Kura qui ambitionne de généraliser l’accès à l’électricité, ou encore le programme d’industrialisation nationale destiné à redonner au Mali son rôle de puissance productive. D’autres projets, tels que Kankou Moussa Seguina, axé sur la valorisation des richesses culturelles et naturelles, et Mali Vert et Bien-être, dédié à la protection de l’environnement et à la santé publique, traduisent une vision holistique du développement. L’État entend également moderniser la gouvernance, revitaliser les villes à travers Sigida Yiriwa, et bâtir une infrastructure numérique robuste avec Kunafoni Taa Sira. L’ensemble de ces projets se structure autour de l’idée maîtresse selon laquelle un pays ne peut se développer durablement sans réformes profondes et sans une mobilisation nationale autour d’objectifs partagés.
L’une des grandes innovations de cette stratégie réside dans sa démarche inclusive. Elle a été élaborée à partir d’un processus participatif ayant impliqué les collectivités territoriales, les organisations de la société civile, les opérateurs économiques et les partenaires au développement. Ce mode de co-construction est un gage de pertinence, de redevabilité et d’appropriation collective. En intégrant les acteurs de terrain dans la réflexion stratégique, le Mali affirme sa volonté de rompre avec les approches descendantes qui ont, par le passé, limité l’impact des politiques publiques.
Le coût total de la mise en œuvre de la SNEDD 2024-2033 est estimé à 61 232,1 milliards de FCFA sur dix ans, soit plus de 6 100 milliards de FCFA par an. Ce budget ambitieux reflète non seulement l’ampleur des transformations à opérer, mais aussi la volonté politique de faire du développement un acte souverain. Une partie de ce financement sera mobilisée à travers les ressources internes de l’État, tandis que l’autre s’appuiera sur les contributions des partenaires et des investisseurs stratégiques. Les autorités maliennes ont insisté sur le fait que cette stratégie ne doit pas être perçue comme une simple addition de projets, mais comme un changement de paradigme.
Khassim Diagne, représentant du système des Nations Unies au Mali, a salué la clarté de la vision et l’alignement de la SNEDD avec les objectifs de développement durable. Il a promis un accompagnement soutenu, tout en insistant sur la nécessité d’un cadre de redevabilité mutuelle. Les partenaires techniques et financiers, de leur côté, ont exprimé leur disponibilité à soutenir une stratégie qui place le Mali au centre de ses choix et qui met en avant la performance, la transparence et l’impact.
Le Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, a tenu à rappeler que cette stratégie s’inscrit dans une dynamique de rupture avec les modèles imposés ou inadaptés. Selon lui, le Mali ne veut plus être spectateur de son destin, mais le principal architecte de son avenir. Il a souligné que la SNEDD représente un engagement à ne pas reproduire les erreurs du passé, et à bâtir un Mali résilient, fier et pleinement maître de sa trajectoire.
La gouvernance de la stratégie sera assurée par un système intégré de suivi-évaluation, avec des indicateurs précis et des mécanismes de remontée d’information en temps réel. Le gouvernement entend mettre l’accent sur les résultats, en instaurant une culture de performance et de transparence dans l’exécution des politiques publiques. Ce dispositif permettra non seulement de mesurer les avancées, mais aussi d’ajuster les interventions en fonction des contextes et des besoins émergents.
Dans un monde en mutation rapide, le Mali se projette avec audace. Il veut faire de cette décennie un tournant historique vers l’émergence. La SNEDD 2024-2033 est ainsi bien plus qu’un plan : elle est une promesse de refondation, un pacte entre l’État et le peuple, une invitation à reconstruire ensemble, sur la base de valeurs partagées et de priorités claires. L’avenir du Mali, désormais, s’écrit avec les Maliens, pour les Maliens, dans un esprit d’engagement, de responsabilité et d’espérance.















