Les premières guerres mondiales nous ont appris comment recourir aux armes peut être destructeur.

À l’ère du XXIe siècle, certaines zones du globe continuent pourtant à s’embraser.

Dans l’inconscient collectif, nous rejetons l'idée d'une troisième guerre mondiale, mais nous continuons d'invoquer des raisons légitimes pour nous permettre l'usage des armes. Passons-les en revue.

Bien qu'il y ait des situations où l'usage des armes est justifié, cela rend-il pour autant cet usage acceptable ?

Les raisons légitimes invoquées

On entre en guerre pour la protection des droits humains.

Le cas du conflit qui oppose la Russie à l'Ukraine illustre bien cette situation.

En 2014, la Russie a annexé la Crimée, une péninsule d'Europe de l'Est entourée par la mer Noire et la mer d'Azov, au mépris de tout droit international, comme nous l’instruit Camille Magnard, dans un article édité par Franceinfo, le 27/03/2024.

Cette annexion a engendré une guerre dans l'Est de l'Ukraine, dont les premières attaques sont datées de l'année 2022.

L'Ukraine défend les droits des citoyens ainsi que sa souveraineté face à l'agression russe.

Revendiquer des droits territoriaux peut justifier le recours aux armes.

Outre l'Ukraine, le conflit israélo-palestinien et celui qui oppose la Chine à Taïwan sont motivés par des revendications territoriales.

Israël et la Palestine peinent à trouver des compromis qui répondent à leurs revendications respectives, liées à une question de territoire.

Les Palestiniens revendiquent un État indépendant en Cisjordanie et à Gaza, une revendication incompatible avec la volonté israélienne d’expansion de ses colonies. Le second conflit oppose La Chine à Taïwan.

Depuis la guerre civile chinoise (1927-1949), Taïwan s'est constitué en une démocratie indépendante1, ce que la Chine considère comme un acte de rébellion. Les récentes menaces chinoises suscitent des inquiétudes et laissent penser que la Chine se prépare à une invasion.

En 2005, selon Alexandre Gandil, politiste associé au Centre de recherches internationales de Sciences-Po, l’Assemblée nationale populaire chinoise a adopté une loi dite anti-sécession, légalisant le recours à la force si toutes les possibilités d’une réunification pacifique avec Taïwan sont considérées comme épuisées (“La Chine va-t-elle envahir Taïwan ?- L'humanité- 18 novembre 2024).

Parfois, c'est la lutte contre la démocratie qui légitime la prise d'armes, comme c'est le cas pour le Venezuela.

La corruption du dictateur Nicolás Maduro est âprement combattue bien que les manifestations contre le régime soient encore durement réprimées.

L'impact des conditions environnementales peut conduire à des conflits armés.

En Afrique, la République Démocratique du Congo est le théâtre de conflits armés. Outre les rivalités ethniques, les luttes pour le contrôle des ressources naturelles (notamment le coltan et l'or) sont au centre des préoccupations.

L’ONG américaine International Rescue Committee explique que plus de la moitié des conflits déclenchés depuis 1995 se sont produits dans les pays les plus exposés au réchauffement et les moins en mesure de s’y adapter.

Enfin, la sécurité nationale peut mobiliser des actions militaires préventives.

La protection des droits des Ukrainiens a suscité chez ses alliés, en l'occurrence la France, des opérations militaires dissuasives.

Le ministre des Armées français parle de “rehausser notre posture défensive sur le flanc est de l'Europe”. Dans le cadre de missions de défense, de dissuasion et de protection du flanc oriental de l'Europe, la France aurait déjà déployé “une compagnie renforcée de véhicules blindés de combat d'infanterie ainsi qu’un escadron de chars Leclerc”.

Malgré ces justifications, les conséquences de la guerre sont dévastatrices, c'est pourquoi il nous faut reconnaître que les armes n'ont pas leur place.

Les motifs qui rendent l'usage des armes inacceptable

L'annexion de la Crimée est à l’origine du conflit russo-ukrainien. Or, l'annexion d'un État sans approbation internationale constitue une violation des principes du droit international.

Le réel motif de la guerre entre ces deux États n'a pas lieu d'être. Ainsi, des milliers de civils ont été tués inutilement.

De la même façon, le soutien à des groupes séparatistes2 qui luttent corps et âme pour des questions géopolitiques est strictement illégitime.

Alexandra Goujon, chercheuse spécialiste et autrice de L’Ukraine : de l’indépendance à la guerre (Éditions Le Cavalier bleu), décrit la situation comme étant une disposition pouvant aller d’une volonté de poursuivre des relations proches avec Moscou à l’attente d’une annexion.

Si cette situation avait été maîtrisée et les groupes séparatistes neutralisés, les tensions ne se seraient pas aggravées.

En Afrique, des élites politiques ou militaires usent de la violence pour contrôler les ressources naturelles, proscrivant ces dernières à la population locale.

Patricia Huon, envoyée spéciale à Birambo, a commenté la situation du contrôle sur les ressources naturelles ainsi : lorsqu'un enfant s'approche un peu trop près, un policier le chasse à coups de bâton. “Il vient du village là-bas”, selon les propos d’un géologue. “Nous allons les relocaliser. Ce n'est pas bon d'avoir des familles à côté de la mine.” Pas bon pour les affaires. Pas question de donner une mauvaise image (“En République démocratique du Congo, le contrôle des métaux a mauvaise mine”- 28 juillet 2019-Libération).

C'est une forme de corruption qui prêche l'inégalité et l'inhumanité et qui alimente l'instabilité du pays.

De même que les privations de libertés politiques ou démocratiques, comme on a pu le voir dans le cas de la Chine et Taïwan.

Au Venezuela, ce sont les libertés civiles qui sont touchées; si le recours aux armes est contre-productif, porter atteinte aux libertés des civils demeure inacceptable.

Au 20 septembre 2024, réagir face à l'oppression du régime totalitaire Vénézuélien devient une urgence.

Selon Ana Piquer, directrice pour les Amériques à Amnesty International, la population vénézuélienne continue de résister à la politique de répression impitoyable et systématique du gouvernement de Nicolás Maduro. “Le travail inspirant des défenseur·e·s des droits humains dans le pays contraste fortement avec la violence orchestrée par l’État, dans le cadre de laquelle 20 personnes ont été tuées par le recours à la force, des milliers de personnes sont maintenues en détention arbitraire et la société civile est la cible d’une législation répressive. Certains de ces agissements pourraient constituer des crimes contre l’humanité et faire l’objet d’un examen dans le cadre de l’enquête en cours du bureau du procureur de la Cour pénale internationale (propos recueillis par Amnesty International- “Venezuela. L’urgence de la situation des droits humains appelle une action plus ferme du Conseil des droits de l’homme des Nations unies”- 20 septembre 2024).”

En conclusion, bien que certains conflits armés peuvent sembler légitimes, il est essentiel de repousser le recours aux armes par le dialogue et les négociations, en évaluant soigneusement chaque contexte.

En venir aux mains reste néanmoins un facteur de souffrance et d'instabilité qui peut avoir des impacts à l'échelle mondiale et humanitaire.

Promouvoir des solutions pacifiques nous assurerait incontestablement un avenir meilleur.

Notes

1 L’indépendance de Taïwan, une zone grise du droit international
2 Ukraine : qui sont les séparatistes prorusses ?