C’est un sujet maintes fois abordé qui fait (encore) débat sur la planète foot. Doit-on assainir, nettoyer ou purger le monde du ballon rond ? Entre polémiques, décisions litigieuses et conflits au sein même de la Fédération Française de Football (FFF), le futur probable licenciement du patron des arbitres, Stéphane Lannoy, doit être le déclencheur d’une nouvelle époque. Va-t-on enfin vers un football plus sain ?

97è minute de PSG-Rennes au Parc pour le compte de la vingt-troisième journée de Ligue 1 quand l’attaquant parisien Gonçalo Ramos s’écroule tout seul sur la pelouse au bout d’un slalom, tentant d’aller chercher le pénalty de la dernière chance qui sauverait les meubles. L’arbitre, dans un premier temps, ne bronche pas avant de parler dans l’oreillette avec l’assistant var (assistant vidéo à l’arbitrage), décider d’aller checker l’écran et après moult réflexion, d’enfin désigner le petit point blanc et d’administrer une biscotte à un Steve Mandanda blême, devant des Bretons incrédules.

C’est l’histoire d’une rencontre où l’homme en noir a décidé d’un sort particulier, « l’arbitrage des grandes équipes » selon l’entraîneur rennais Julien Stéphan, bien impuissant devant les écrans qui montrent clairement qu’à aucun moment son portier ne commet la moindre erreur face à l’attaquant portugais du PSG, le même (tiens donc) qui avait déjà tenté de piéger l’arbitre dix minutes avant, sans succès. La sentence transformée, c’est donc avec un petit point au lieu de trois que les Rouge et Noir rentrent en Bretagne, après une série de six victoires consécutives en championnat. Un coup d’arrêt difficile à avaler pour la bande à Stéphan qui a longtemps cru faire la passe de sept après l’ouverture du score d’Amine Gouiri (33è).

Le Var, ami ou ennemi ?

Le but premier de l’arbitrage vidéo, instauré voilà quelques années, était de réduire au maximum l’erreur humaine, en prenant bien en compte le fait que c’est à la demande d’une assistance bien calée dans son fauteuil de régie de faire le signalement à l’arbitre central qui lui, est chargé de prendre la décision finale. Au Parc des Princes ce dimanche 25 février, la situation est devenue ubuesque. Sur le ralenti, si faute il y eut, ce fut plutôt de la part du dernier défenseur rennais sur lequel un contact exista. Sanctionner le protagoniste aurait donc été une explication rationnelle au fait que Ramos s’écroule.

Mettre un carton jaune à Mandanda est peut-être (sûrement) le clou du spectacle. Pas de contact, pas de faute, l’ex-marseillais fait opposition sans même effleurer l’attaquant venant se vautrer sur lui et le gazon. Jouer avec l’homme en noir est traditionnel depuis plusieurs décennies au point d’être banalisé, on appelle ça le vice. Mais n’est pas Luis Suarez qui veut ! La logique aurait voulu que Bastien Dechepy indique une sortie de but et mette le carton qui va bien au Portugais. Là, l’absurde a voulu qu’il offre la possibilité au club parisien de finir l’après-midi sur une bonne note.

Copinage, arrogance et incompétence

Le sujet est arrivé sur le devant de la scène cette semaine, dans une publication sur les réseaux sociaux. On y apprend que les arbitres eux-mêmes ne savent pas comment gérer les diverses situations, que les stages sont d’une utilité limitée sans parler de la relation entre Anthony Gautier, actuel DTN (Directeur Technique National) et Stéphane Lannoy, tendue au point que ce dernier se retrouve aujourd’hui sur le point de se faire éjecter de son poste. Le bazar à tous les étages. Déjà décrié lors de sa carrière, Gautier n’a jamais été dans le ton. Sa réputation de « shérif » le suit encore maintenant et les principaux acteurs vous indiqueront que Clément Turpin a pris le relai dans le genre « gâchette facile ».

Il y a quelques années à Nantes, lors d’un FCN-PSG, j’ai été témoin d’une sortie lunaire de l’arbitre de l’époque qui arriva ce dimanche-là en retard sur son planning, rétorquant à la remarque d’un officiel du club canari : « Je sais ce que je fais, je suis un professionnel, vous êtes des amateurs. » J’ai aussi le souvenir d’un match à Lorient où Gautier avait été d’une rare nullité, n’hésitant pas à « cartonner » certains acteurs. L’incompétence dans toute sa splendeur, calfeutrée comme il se peut par une agressivité incompréhensible venant de gens incapables d’entrer dans une espèce de dialogue et préférant la menace à la diplomatie. Certains diront sans doute qu’après tout, nous ne sommes pas sur un cas isolé, que ce n’est pas mieux ailleurs (voire pire), et que le changement n’est pas forcément pour tout de suite car il s’agit d’un tout et ici sont occultés beaucoup de problèmes annexes.

Vers une refonte ou un statut quo ?

Le journaliste Philippe Auclair, spécialiste du football anglais (Eurosport et ex-RMC) parle dans l’un de ses articles de purge, en mettant en lumière un calendrier annuel surchargé, par ailleurs sujet récurrent. Mais s’attarder sur cela serait oublier que le football n’est rien sans son maître du jeu. Mettre de l’ordre dans ce capharnaüm commence par y poser de solides fondations, à savoir placer les bonnes personnes aux bons postes, selon leur compétence et expertise et non pas, comme dans le cas présent, éjecter Stéphane Lannoy pour laisser in fine le poste vacant et ce jusqu’à nouvel ordre.

Le non-sens prend, dans ce cas présent et comme souvent, malheureusement le dessus sur la logique. Le football ne doit pas être gangrené par des personnes vénales et/ou pistonnées mais se doit effectivement d’être purgé en y instaurant une conscience professionnelle et une faculté de dialogue de façon à expliquer clairement le pourquoi d’une décision quelle qu’elle soit. Ce qu’il s’est produit au Parc ce dimanche pourrait, ou plutôt, devrait être la goutte de trop.

Des arbitres hors-jeu et (trop souvent) hors-sujet

Le dernier exemple en date ne se passe pas chez nous mais outre-Manche, au sein du berceau du football et il remonte au 28 décembre dernier, l’Arsenal-West Ham de la dix-neuvième journée de Premier League est l’un des exemples de « cafouillage » arbitral. Michael Oliver, alors « referee » de la rencontre, a mis exactement cinq minutes à valider le but de Thomas Soucek suite à la remise de Jarrod Bowen. Il a fallu tout ce laps de temps à l’expérimenté natif d’Ashington pour déterminer si oui ou non, la sphère était entièrement sortie de l’aire de jeu, avant de valider la réalisation du milieu tchèque sous les railleries des spectateurs de l’Emirates.

Trop long, bien trop long, et pourtant, aucune mesure n’a été prise depuis, sinon d’augmenter le temps des arrêts de jeu. Le football est aujourd’hui, en 2024, un sport qui ne dure plus 90 minutes, mais désormais dix de plus, comme l’annonçait le patron du football mondial en 2022, Gianni Infantino, au célèbre journal Corriere Dello Sport. Ainsi, laisser plus de temps aux vingt-deux joueurs pour quoi, au juste ? Prolonger le suspense ? En guise de compensation ? Qu’ils soient anglais ou bien de chez nous, il est urgent d’apporter des changements plus judicieux à l’avenir, et peut-être plus intéressant encore : faire évoluer les mentalités pour aller dans le bon sens.