Le « social programming » désigne le processus par lequel les idées, les concepts et les croyances de la société dans laquelle nous vivons sont ancrés dans notre psyché. Ce processus se fait généralement par assimilation et/ou pression sociale.

Nous sommes tous touchés à divers degrés par ce « social programming » et à vrai dire, il a toujours existé. Toutes les expériences recueillies par les générations qui nous ont précédées ont un impact indéniable sur nos propres connaissances, et donc subséquemment sur notre vie et notre vision du monde.

Cela constitue-t-il nécessairement une mauvaise chose ? Je crois que non.

Les avancées sociales, culturelles et technologiques transmises de génération en génération constituent un patrimoine dont il n’est nul besoin d’énumérer les avantages ici. Grâce au phénomène de l'apprentissage social, chaque jeune, en devenant membre de la société, découvre le fonctionnement du monde. Il ou elle n'a pas besoin de tout apprendre à partir de zéro en commettant toutes les erreurs qui ont été commises par quelqu'un d'autre auparavant.

Cependant, il y a un revers à cette condition dans laquelle nous nous trouvons tous. La programmation sociale ne s’arrête pas à la sortie de l’enfance, elle continue tout au long de notre vie. Dans ce contexte de l’évolution de l’être humain à l’âge adulte, elle est le processus sociologique qui consiste à former l’individu à réagir d'une manière généralement approuvée par la société et les groupes sociaux.

Dans un paradigme qui, depuis les bancs de l’école, valorise - soi-disant - la pensée critique, notre psyché est bien souvent façonnée par d'innombrables modèles de pensée qui nous submergent à partir de nos téléviseurs, ordinateurs, journaux, magazines et autres médias de masse. Les problématiques que ce « social programming » soulèvent sont donc d’autant plus importantes que lesdites sources de cette programmation sont plurielles.

Les deux mécanismes de programmation sociale les plus fréquents sont la récompense/punition et la répétition du même principe ou du même message. Le premier consiste à récompenser certains comportements chez l’individu afin de les renforcer, et à en punir d'autres, dans l’objectif de les affaiblir, voire les supprimer. Par exemple, à l’école, l’obéissance est récompensée et la méchanceté est punie.

Le second mécanisme consiste à transmettre de manière répétée certains messages, quitte à le marteler, généralement par des figures d'autorité, jusqu'à ce que notre esprit finisse par reconnaître ces messages comme des vérités irréfutables. Ce mécanisme est utilisé, par exemple, dans la propagande de guerre, lorsque les médias nationaux désignent un pays comme agresseur et un autre comme victime. Le glissement sémantique utilisé par les médias « mainstream » ces dernières années en est un exemple parlant. Le glissement sémantique, c’est le fait de substituer un mot par un autre, tout en conservant le sens du message. Ce glissement a pour effet de rendre un acte ou un comportement plus acceptable ou au contraire intolérable, selon le sujet et l’objectif.

Ce que l’on appelait autrefois bombardements, se transforme en « frappe aériennes » comme on a pu le voir récemment dans plusieurs conflits opposant les pays occidentaux au Moyen-Orient. Cela a pour effet de rendre l’acte moins violent, plus doux et facile à accepter pour notre subconscient. Le terme « capitalisme » revêtant de plus en plus une connotation négative s’est vu remplacé par le mot « libéralisme » qui ne souffre pas tant de mauvaise réputation dans l’inconscient collectif.

D’un autre côté, il est fréquent d’entendre le terme « casseurs » au journal télévisé après une grande manifestation.

À ce stade, vous pouvez vous sentir défiant et vous considérer comme immunisé contre de telles manipulations. Malheureusement, dans ce cas, vous ne pourriez pas avoir plus tort. De nombreuses études ont montré à quel point nous nous soumettons facilement à diverses formes d'influence, même lorsque nous sommes conscients de leur existence. Je sais que si je regarde le journal télévisé du soir plusieurs jours d'affilée, mon humeur et ma vision du monde changeront considérablement car le biais cognitif auquel nous soumettent leurs différents messages finissent par s’insérer durablement comme un mantra dans nos esprits. S’assujettir à ces différentes influences de programmation sociale, c’est s’assurer d’être influencé par elles, même si nous pensons y être immunisé. Voilà pourquoi être conscient de notre sensibilité à la programmation sociale est le meilleur moyen de s'en protéger en évitant de se soumettre trop régulièrement à ces dites sources de programmation. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les grandes marques de tous secteurs n’hésitent pas à débourser des milliers voire des millions d’euros en publicités. Les équipes chargées de créer ces publicités et véhiculer les messages qui les accompagnent connaissent pertinemment le pouvoir de notre subconscient et la place qu’il occupe dans notre état mental et nos impulsions.

Heureusement, nous pouvons nous extirper, ou du moins, nous préserver de la plus grande partie de cette programmation sociale qui bouleverse nos existences. Je me réserve de plonger plus avant au sein de ce sujet dans un prochain article.