Louna Ladevant, 23 ans, a réussi une prouesse. Une de plus. Celle de réunir sur un même terrain l’art et l’escalade. Comment ? Par la magie de son corps, ce médium qui permet tous les possibles. L’art se définit comme un ensemble d’œuvres artistiques, mais c’est également l’habileté, le talent, le don pour faire quelque chose. Louna Ladevant est de ces hommes-là. A seulement 23 ans, il entre dans l’Histoire d’une discipline. Celle de l’escalade. Et ce n’est pas une discipline comme les autres ; l’escalade demande de la rigueur, un accord parfait entre son corps et la Nature car tout ne fait plus qu’un. « Pour l’escalade, chaque parcelle du corps est utilisée : des doigts jusqu’aux orteils des pieds. Tous les muscles sont nécessaires » indique Louna. « L’escalade sur glace est un sport naturalisé. Il dérive des sports de montagne, de l’alpinisme en particulier. Ce sport me passionne par l’esthétisme des mouvements, la technicité, l’aspect complet qu’il y a dans les qualités physiques à avoir ».

L’art comme vision

L’art nécessite un effort, celui du ressenti, du sentiment, du devoir. Le devoir de transmettre. Et c’est un effort que de rechercher le média le plus juste, le plus judicieux, le plus précis, le plus caractéristique de l’expression corporelle. C’est aussi un effort intellectuel que de mettre en œuvre une œuvre, une belle œuvre, une œuvre intemporelle, parlant au-delà de sa génération. Louna Ladevant, jeune et prodigieux grimpeur, le prouve à chaque grimpe, l’escalade demande un effort physique et intellectuel similaire. Il faut songer à la rapidité, aux prises. Cela demande du courage pour franchir les obstacles, de la curiosité pour se découvrir à travers chaque épreuve. Cet effort construit la beauté du geste, un geste aussi majestueux que celui du peintre sur sa toile. Louna Ladevant tisse sa grimpe comme un peintre peint sa toile, harmonieusement, magistralement, en toute simplicité.

L’escalade au sommet

L’escalade c’est avant tout gravir une hauteur. Une fois que l’homme parvient à la gravir il se situe alors au sommet. C’est en gagnant une première fois une coupe du monde en 2020, que Louna Ladevant est devenu le plus jeune victorieux de l’histoire de l’escalade. Il est également le plus jeune à gagner le classement général et le plus jeune à gagner les championnats du monde. Louna est arrivé au sommet de sa discipline. « Ma mère est notre première partenaire, elle nous a toujours soutenue. Elle et très fière ». Lorsqu’un artiste arrive lui aussi au sommet, on nomme cela des prodiges. Louna Ladevant danse avec la roche comme le musicien joue du piano : c’est lisse, limpide. Ça coule de source. Ce destin naturel relève en réalité d’un travail acharné. Un travail qu’il réalise en duo avec son frère aîné Tristan, son meilleur modèle. « Nous nous entraînons 35 heures par semaine. » précise Louna.

Ces deux frères n’ont pas reçu une éducation commune. Leur mère les a élevés dans une yourte, en montagne. Sans eau, ni électricité, ils n’avaient pour jouer que la montagne. Ce « terrain de jeu », comme aime à l’appeler Louna, si fabuleux, leur a offert des perspectives immenses, des joies à n’en plus finir et leur a fait toucher la victoire du bout des doigts. La Nature les a forgés à son image : hostile, généreuse, indomptable, aux mille facettes. « Nous pratiquons beaucoup de sports : ski, ski de randonnée, parapente ».

Louna et son frère repartent pour d’autres aventures : « Nous avons deux films qui vont sortir sur des voyages passés. L’un sur un trip à vélo que nous avons fait l’été dernier où nous avons voulu proposer une histoire originale, celle de partir en vélo à travers l’Europe avec du matériel de seconde main et un budget réduis. Nous avons fait deux des grandes voies les plus dures d’Europe. Le second film est une aventure au Brésil où nous escaladons de très grands murs. Ils sortiront pour les festivals de films de montagne. Nous allons également faire une expédition pour faire de la haute altitude à l’automne. Nous avons quelques projets de micro-aventures où nous allons mixer plusieurs activités notamment dans le Vercors. Nous souhaitons partir en vélo et faire un enchaînement de trois voies aux styles différents. L’objectif est de les faire en moins de 24h, trajet en vélo depuis Grenoble compris. C’est moins lourd qu’une expédition mais ça reste des projets à préparer et pour lesquels il faut s’entraîner. En falaises, nous souhaitons faire Céüse, dans les Hautes-Alpes, dont une voie qui est un 9a, soit la cotation la plus difficile. Enfin, nous souhaitons faire un trip en hiver en escalade sur glace au Kirghizistan probablement. »

Une histoire que les deux frères écrivent au fil de l’eau et qui se vit comme une romance, où chaque jour est une aventure.