Originellement, Shambhala est une ancienne cité oubliée et secrète, issue des philosophies hindouisme et bouddhiste. Bien qu’à ce jour, personne n’en soit jamais revenu pour confirmer son existence, c'est toutefois l'un des endroits les plus sacrés de ces deux traditions. En effet, il est appelé le "lieu du bonheur paisible ", car tous ces habitants peuvent y vivre dans la joie et dans l'harmonie. Il s'agit d'un royaume composé d’une population totalement éveillée. Shambhala est considéré comme le cœur du monde, tant physique, ésotérique, qu’énergétique. Le célèbre de tantra de kalachakra y serait d'ailleurs conservé et gardé depuis des temps immémoriaux.

Jampal Trinley Dradül, détenteur de la lignée bouddhiste de Shambhala dit à son sujet : « L’histoire et la légende de Shambhala parlent d’une grande communauté qui a réussi à atteindre un niveau de conscience supérieur. Cette communauté a pu voir le jour parce que tous ses membres participèrent pleinement à la création d’une culture de bienveillance, de générosité et de courage ». Pour sa part, le 14e Dalaï-lama a précisé qu'il s'agissait d'un lieu terrestre situé « entre le monde des dieux et celui des démons ». Il continu en expliquant que ce lieu magique ne peut (et ne doit ?) pas être situé sur une carte : « Il ne peut être vu que de ceux dont l’esprit et les propensions karmiques sont purs ». Les peintures traditionnelles tibétaines, nommées "thangkas" en sont les principales représentations existantes, arrivées jusqu'à nous. Sur ces dernières, Kalapa, la capitale de Shambhala, est dessinées au centre de hautes montagnes. C'est le roi Suchandra, dont le nom signifie seigneur de la lune parfaite en sanskrit, qui en est le régent. Il a été initié par le bouddha lui-même et composa le tantra de kalachakra. C’est ce dernier qui conduit son peuple vers l'illumination, grâce à la pratique de cette transmission pour le moins mystique et complète ! Toutefois, il existe aussi une autre représentation de cette cité : le mandala tridimensionnel de kalachakra en est le symbole ultime. D’ailleurs, les moines bouddhistes le dessinent à l’aide de sable coloré et une fois terminé, il est détruit, rappelant ainsi l’impermanence de toute chose.

Pour les bouddhistes tibétains, l’enseignement de Kalachakra est karmiquement relié au royaume de Shambhala. Aujourd’hui, les préceptes de Kalachakra sont transmis en particulier par Sa Sainteté le dalaï-lama. Kalachakra signifie « Roue du temps », qui est-elle même le symbole de la vacuité. La vacuité est un vide, une absence totale de réalité d’un soi identitaire, mais également l’inexistence de réalité des phénomènes, induits par l’impermanence et l’interdépendance. Ce tantra illustre la relation étroite entre l’Homme et l’univers. Et force est de constater que nous voyons actuellement toutes les répercussions de cette disharmonie et de cette interdépendance, que nous avons perdues. Selon les récits, ce pays secret permettra de dénouer les maux de notre société, et de retrouver cette connexion que nous avons perdue dans les nuances de l’expérience et de la dualité. Il est la source inépuisable d’une vertu fondamentale qui insuffle encore aujourd’hui la voie et la voix, vers la liberté et l'éveil, mais également vers la conscience que nous ne formons qu’une seule famille universelle.

Ce tantra, indissociable de Shambhala, renferme un grand nombre de sujets différents et pas seulement spirituels, mais également, astrologiques, ésotériques, énergétiques et cosmiques ! Ce précieux texte est donc composé de trois parties et de cinq chapitres : les deux premiers contiennent l’astrologie et ses modes de calculs. Le second met en rapport les cycles et la naissance de l’univers avec l’Homme, mais également avec les planètes du système solaire. Ce tantra traite aussi du fonctionnement physique et mental du corps humain et surtout de ces corps subtils. Les chapitres suivants sont consacrés quant à eux à l’initiation de kalachakra et à l’explication de son mandala. Pour finir, une dernière partie traite bien évidemment de spiritualité et d’éveil. Si son contenu détaillé ne reste accessible qu’à de rares initiés capables de lire les textes anciens, l’approche globale faite dans ce tantra, considéré comme le plus haut des enseignements bouddhistes, est très intéressante. Nombre de religions n’abordent jamais les thèmes ésotériques et énergétiques. Ceux-ci sont même parfois jugés comme impures et contre-nature. En Europe, on brûla d’ailleurs nombre de sorciers et sorcières, qui montraient alors une grande érudition en ésotérisme ainsi qu’en naturopathie.

En 1900, l’auteur Chogyam Trungpa parlait en ces termes de ce royaume, dans « Shambhala, la voie du guerrier » : « Il existe réellement une sagesse humaine fondamentale qui peut nous aider à résoudre les problèmes du monde. (…) Cette sagesse n’est pas l’apanage d’une culture ou d’une religion, pas plus qu’elle n’est l’exclusivité de l’occident ou de l’orient. Il s’agit plutôt d’une tradition humaine… »

Le mythe de Shambhala pourrait même avoir une origine plus ancienne. En effet, une autre légende issue du bouddhisme Bön est très semblable. Cette ancienne tradition spirituelle originellement chamanique, posséderait également au Tibet, sur le côté ouest du célèbre mont Kailash, un pays mythique. Ce lieu serait entouré de montagnes enneigées… Celui-ci aurait la forme d'une fleur de lotus à huit pétales. En outre, il serait divisé en quatre régions dont le centre aurait la forme d’une roue du Dharma. Il s’agit d’une surprenante ressemblance, avec le tantra de kalachakra.

De nombreuses expéditions ont été organisées afin de trouver Shambhala. Nicolas Roriech dans les années 1920 a exploré le Tibet pour trouver cette cité merveilleuse, en vain. Mais il n’a pas été le seul ! Et même les nazis, vers la fin des années 1930, ont fouillé cette région pour établir et maintenir un contact avec les habitants de Shambhala, dans le but sournois de récupérer leurs pouvoirs et de les détourner à leur profit. Heureusement, personne ne le trouva en encore aujourd’hui, il reste plus une légende qu’un véritable pays. Si Shambhala n’a jamais été retrouvé, peut-être se trouve-t-il à la limite même de la réalité physique ? Einstein pensait que la différence entre le monde visible et invisible dépendait de la vitesse de vibration des molécules. "Tout est énergie, et c’est là tout ce qu’il y a à comprendre dans la vie. Aligne-toi à la fréquence de la réalité que tu souhaites et cette réalité se manifestera. Il ne peut en être autrement. Ce n’est pas de la philosophie. C’est de la physique". Albert Einstein.

D’ailleurs de nombreuses capacités extra-égotiques dépendent de notre niveau de perception. Et à l’image d’un pont reliant ce monde à l’au-delà, Shambhala serait donc un lieu où serait sauvegardé un savoir primordial, instinctif, transmis par le bouddha lui-même. Une sorte de cachette où seraient conservés les secrets du fonctionnement de l’univers et de l’Homme.

Il existe toutefois des ressemblances étonnantes avec d’autres récits bien connus. En effet, la légende de ce lieu, habité par une société idéale, nous rappelle étrangement l’Atlantide de Platon. Et bien sûr, la métaphore du Jardin d'Éden, qui a elle aussi traversé les siècles pour arriver jusqu'à nous, est étonnamment semblable… À proprement parler de Shambhala, il y a pour ma part, deux points qu’il me semble primordial de souligner : d’une part l’approche unique et pluridisciplinaire du tantra de kalachakra. Ce dernier mêlant harmonieusement énergétique, ésotérisme, spiritualité, cosmologie et astrologie, montre du doigt que l’on ne peut pas approfondir un de ces sujet de façon autonome, mais qu’à l’image de l’Homme dans son environnement, tout est interdépendant ! Ainsi, les nombreuses capacités dites extra-sensorielles, ne doivent pas être accessibles si le niveau de conscience n’est pas aligné avec un éveil complet et véritable. Le second point est que ce pays qui demeure invisible ou caché, est en quelque sorte la mémoire du fonctionnement optimal de l’Homme avec l’univers.

Le royaume de Shambhala est par-delà le temps et l’espace, au-delà du temps qui passe et des distances qui s’effacent, la cité qui conserve les secrets de l’univers. Peut-être même que le savoir des anciennes civilisations antédiluviennes pourraient avoir été caché dans ce lieu retiré et inaccessible, tant par ses montagnes enneigées et dangereuses, que par sa réalité qui semble disponible uniquement à ceux qui sont prêts…