Dans son travail, Ivan Moudov a constamment abordé et défié les divers codes du monde de l’art. Les règles visibles et invisibles des collections, des musées, des expositions et des vernissages ont été soumises à un jeu impitoyable de déconstruction et de mise en abîme. First, Admit You Have a Problem (D’abord, admettez que vous avez un problème) est la première œuvre à c a r a c t è r e p l u s h u m a n i s t e d ’ I v a n M o u d o v. Probablement parce qu’il n’est pas seulement un artiste, mais aussi un collectionneur, il adopte ici une approche plus globale et propose une exposition qui porte essentiellement sur un processus de guérison. Dans un monde de l’art hyper-productif et hyperconsommateur, nous partageons — peu importe de quel côté du jeu nous sommes — le fait que nous avons tous un problème.

Cette révélation a inspiré Ivan Moudov à créer Collectors Anonymous (CA), un système d’entraide permettant aux collectionneurs de reconnaître leur obsession et d’abandonner cette activité telle que nous la connaissons, avec toutes les répercussions possibles que cet effort pourrait avoir dans le monde de l’art dans son ensemble.

L’exposition présente les premières réunions du CA : des rassemblements de collectionneurs qui seront organisés tous les mardis à 18 heures pendant toute la durée de l’exposition. Un modérateur spécialement préparé suivra les principes de CA, développés pour ce projet. Les rassemblements se dérouleront dans l’intimité, après la fermeture de la galerie. Aucun public à l’exception des participants et du modérateur n’assistera aux séances. Les participants devront s’inscrire à l’avance à la galerie.

De surcroit, Ivan Moudov a mis au point avec le Docteur Ivaylo Dimitrov, psychiatre et homéopathe spécialisé en dépendances et toxicomanies, un programme homéopathique complet destiné à se réhabiliter du collectionnisme, ce qui facilitera le processus de guérison. L’homéopathie utilise des doses infiniment petites de substances qui normalement produisent les mêmes symptômes que ceux qu’elle vise à guérir.

Moudov propose aussi une solution (ou plutôt un complément) intégrant une démarche manifestement plus artistique et probablement plus chère : les « energy paintings ». L’effet de ces peintures est presque immédiat, les collectionneurs pourraient ne pas vouloir les accrocher au mur (mais ils doivent le faire). Bientôt ces peintures seront la seule œuvre d’art qu’ils posséderont. Une fois arrivés à ce stade, ils pourront s’en débarrasser. Ils n’en auront plus besoin, puisqu’ils ne seront plus des collectionneurs. Afin d’aider les collectionneurs à bénéficier à long terme des résultats de la thérapie (dans un futur proche, ces réunions intégreront probablement le programme des foires d’art contemporain), d’autres réunions du CA continueront à être proposées pendant divers événements artistiques.

(Dessislava Dimova)