Xippas Paris a le plaisir d’annoncer Au-dessous du barrage, la quatrième exposition personnelle d’Yvan Salomone. L’exposition présente un ensemble d’aquarelles récentes, accompagné d’une sélection de photographies peintes, rarement montrées. Transformés par l’intervention plasticienne (peinture, grattage, feutre..), ces clichés de petits formats rappellent l’importance de la photographie comme point de départ dans le travail de l’artiste. Ils introduisent dans un registre plus intime, une vingtaine d’aquarelles aux couleurs vives, plus larges et de même format.

Yvan Salomone est l’un des rares artistes qui fonde aujourd’hui son travail sur l’intuition d’une parenté profonde entre les deux techniques (peinture et photographie). L’huile, le bitume et la térébenthine qui ont fait les grandes heures de la peinture réputée plénière sont souvent des matériaux de revêtement : l’aquarelle, elle, est un sang clair ou une eau de larme, comme l’est aussi le bain révélateur de la photographie argentique, qu’August Strindberg aimait à comparer à la mer, chargée de chlorure de sodium, de sulfate et de magnésium …

Une eau marine lustrale dans laquelle Yvan Salomone (il vit à Saint-Malo), se plonge chaque jour, hiver comme été, pour recevoir en somme l’onction et le pardon quotidien du matériau avec lequel il collabore en peinture — l’aquarelle est un medium très exigeant, qui implique maîtrise des techniques mais aussi respect de l’accident, patience et précision : l’eau sèche plus vite que l’huile, mais toujours plus lentement qu’on ne le voudrait,

et n’autorise aucune correction, aucun repentir, lorsqu’elle s’est évaporée pour laisser à la surface du papier l’empreinte du pigment dont elle était chargée.

« Vous délirez », se dira certainement l’éventuel lecteur ! La chose est possible, naturellement, mais le rituel est une dimension capitale du travail de Salomone. L’artiste s’est fixé depuis 1991 une règle de bénédictin (la cérémonie du bain de mer donne une idée de son aptitude à la discipline !) à laquelle il ne déroge jamais, hors périodes de voyages : successivement sortent de son atelier des aquarelles de grande taille, toujours du même format, inspirées le plus souvent d’un site industriel ou portuaire déserté, ou du no man’s land (au sens strict : aucune figure humaine jamais ne traverse les œuvres de Salomone, non plus que celles autrefois d’Eugène Atget) d’un pays oublié — ou plutôt dévasté — par la modernité.

Chaque planche reçoit invariablement un numéro d’immatriculation, ou, disons, d’inventaire, un titre composé de onze lettres, souvent un de ces mots-valises que Salomone, lecteur assidu de Finnegans Wake et d’Ulysse, affectionne, et s’accompagne, en secret ou presque, non pas d’une légende ou d’un commentaire, mais d’une prière laïque, aussi belle qu’hermétique […]

Extrait adapté du texte de Didier Semin « Peindre au-dessous du barrage », catalogue Yvan Salomone, Déluge & retrait, Ed. Frac Bretagne, 2018, p. 500-502

Yvan Salomone est né en 1957 à Saint-Malo où il vit et travaille.

L’œuvre d’Yvan Salomone a été exposée dans plusieurs institutions en Europe, telles que Centre Pompidou (Paris), Mac Val (Musée d’art contemporain du Val de Marne), Cité de l’architecture (Paris), Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, La Criée – Centre d’art contemporain (Rennes), Mamco (Genève), Witte de With (Rotterdam), Musée de la Chaux-de-Fonds (Suisse), et divers FRAC.

En 2018, le FRAC Bretagne (Rennes) lui a consacré une exposition personnelle d’envergure « Déluge et retrait » regroupant plus de 170 aquarelles, accompagnée d’un livre de même titre.

Le Mamco de Genève a consacré une série d’ouvrages au travail d’Yvan Salomone. « Zoneblanche » rassemble les aquarelles réalisées entre 1996 et 2006 et « Le point d’Ithaque », paru en 2010, réunit les textes d’Yvan Salomone correspondant à chaque aquarelle de la même période. Le livre « Évaporations » regroupe les œuvres de 2006 à 2016.

Les œuvres d’Yvan Salomone figurent dans des collections publiques et privées telles que Centre Pompidou, FMAC, Mac Val (Musée d’art contemporain du Val de Marne), les FRAC Bretagne, Haute Normandie, PACA, Picardie, Limousin, Poitou-Charentes, Île-de-France, Auvergne, Pays de la Loire, Languedoc-Roussillon, Fonds Municipal de la Ville de Paris, Collection Société Générale, MAMCO (Genève), Museu Colecçao Berardo (Lisbonne), Witte de With (Rotterdam).