Nicholas Crombach puise son inspiration dans les interactions complexes qui se jouent entre les humains et les animaux. Ayant recours aux sports et à la chasse comme symboles d’une longue tradition relationnelle à la fois collaborative et adverse entre l’Homme et la bête, Crombach examine la signification culturelle et les enjeux subtils, voir enchevêtrés, qui découlent de la domestication et de la domination, du jeu et de la survie au 21e siècle.

Crombach fusionne de multiples références à la mythologie par une esthétique saisissante et crée des œuvres qui se révèlent au travers de leurs contradictions et de leurs contrastes. L’artiste s’inspire notamment du mythe de Diane et Actéon, lequel est en fait omniprésent dans son nouveau corpus d’œuvres. Dans ce conte d’Ovide, Actéon le chasseur, lors d’une balade en forêt en compagnie de ses chiens, se fait prendre à épier Diane, déesse vénérée de la chasse, prenant un bain entourée de ses nymphes. Apercevant le voyeur, les naïades s’empressent de couvrir le corps de la déité à l’abri de ce regard avide et fougueux. Furieuse, Diane éclabousse Actéon d’eau, lequel se transforme en cerf, dépouillé ainsi de sa capacité d’élocution. Il s’enfuie dans le bois pourchassé par ses propres chiens qui le dévorent à mort. Le chasseur est devenu la proie.

Fetch (2018) de Nicholas Crombach se réfère à la mythologie de Diane et Actéon dans sa fin tragique, mais l’histoire de la métamorphose est dévoilée par un jeu de balle entre un maître et son chien dans un parc. Crombach crée un hybride entre les représentations classiques appartenant à l’histoire de l’art, en s’inspirant de peintures dépeignant des chiens qui chassent le cerf, composées de couleurs criardes et de matériaux synthétiques de jouets modernes pour canins. La sculpture est exposée à côté d’une variété de ces jouets qui agissent à titre d’indices pour l’interprétation de l’œuvre. D’autres ont été transformés en porcelaine et marqués avec des motifs de chasse aristocratiques retrouvés sur la poterie anglaise antique. Ici, l’assemblage des œuvres crée une tension par la juxtaposition d’une culture visuelle traditionnelle associée à la noblesse avec l’effondrement de la chasse comme institution, et la perturbation que les jouets à mâcher véhiculent par leur fonction d’appâts.