Punascha Parry – titre emprun­té à un livre épo­nyme du pein­tre Nirode Mazumdar, qu’on pour­rait tra­duire par « une ré­so­nance de Paris » – est une expo­si­tion conçue comme un voyage, dans laquelle archi­ves et images s’assem­blent pour former un récit, une mé­moire.

L’his­toire de la colo­ni­sa­tion de l’Inde est longue et com­plexe, les archi­ves épar­ses et lacu­nai­res - notam­ment en ce qui concerne l’his­toire de l’art. Un cons­tat que Samit Das (Pernod Ricard Fellow 2017) fait tout à la fois comme his­to­rien et comme artiste, et qui l’amène à pro­po­ser une car­to­gra­phie iné­dite de l’Inde. L’expo­si­tion enquête ainsi sur le voca­bu­laire visuel de l’art moderne indien, dans une ten­ta­tive de réé­va­lua­tion de l’idée de moder­nisme à tra­vers les vies, tra­vaux et des­tins d’artis­tes indiens à Paris. Revisitant des pans igno­rés de la vie artis­ti­que et intel­lec­tuelle pari­sienne du XXème siè­cle, Samit Das mêle ses oeu­vres à celles d’artis­tes indiens ayant sé­jour­né ou vécu à Paris, et dont les tra­jec­toi­res res­tent igno­rées ou mé­connues.

La plu­part des oeu­vres n’ont jamais été expo­sées à Paris ; leur mons­tra­tion est le fruit d’un tra­vail d’enquête mené par Samit Das et Sumesh Sharma (com­mis­saire asso­cié pour la recher­che) auprès des té­moins de cette épo­que, de leur famille, leurs amis et com­pa­gnons de tra­vail. Ce sont donc des arti­cu­la­tions esthé­ti­ques mais aussi poli­ti­ques, inti­mes, que l’expo­si­tion don­nera à voir, met­tant en pers­pec­tive la cons­ti­tu­tion d’un dis­cours sur l’his­toire de l’art dans le contexte du natio­na­lisme indien des années de lutte pour l’indé­pen­dance.

Samit Das (1970, Jamshedpur, Inde) a étu­dié les beaux-arts à Santiniketan, Kala Bhavan, Inde avant d’inté­grer un post diplôme au Camberwell College of Arts à Londres grâce à une bourse du British Council. Sa pra­ti­que artis­ti­que com­prend la pein­ture, la pho­to­gra­phie, les arts inte­rac­tifs et la créa­tion d’envi­ron­ne­ments multi-sen­so­riels à tra­vers des ins­tal­la­tions artis­ti­ques et archi­tec­tu­ra­les. Il porte un inté­rêt par­ti­cu­lier aux archi­ves et à la docu­men­ta­tion.

Le tra­vail de Samit Das a été pré­sen­té dans de nom­breu­ses expo­si­tions mono­gra­phi­ques et col­lec­ti­ves en Inde et à l’étran­ger. Il a notam­ment pris part à la bien­nale de Dakar, Sénégal. Il a docu­men­té la maison Tagore à Calcutta (1999-2001). Le fruit de ses recher­ches sur l’archi­tec­ture de Santiniketan, dé­bu­tées lors de son master, a été publié dans Architecture of Santiniketan : Tagore’s concepts of space (Niogy Books, Delhi). Il a été com­mis­saire de quel­ques expo­si­tions his­to­ri­ques comme The Idea of space and Rabindranath Tagore and Resonance of Swami Vivekananda et Art of Nandalal Bose. Son édi­tion d’artiste, Hotel New Bengal, a été publiée en 2009 (Onestar Press, France). Il a ré­cem­ment reçu la bourse de recher­che ProHelvetia New Delhi pour visi­ter la Suisse.

Sumesh Sharma est artiste, com­mis­saire et auteur. Il a co-fondé the Clark House Initiative à Bombay en 2010, dont il est à pré­sent com­mis­saire. Son tra­vail est nourri d’his­toi­res de l’art alter­na­ti­ves qui incluent sou­vent des pers­pec­ti­ves cultu­rel­les mar­quées par des ques­tion­ne­ments socio-éco­no­mi­ques et poli­ti­ques. Il pré­pare une expo­si­tion au Showroom de Londres (2018). Il a été com­mis­saire invi­té à la Biennale d’art contem­po­rain afri­cain de Dakar, Dak’Art 2016 et de Checkpoint Helsinki en 2015. En tant que com­mis­saire, il a orga­ni­sé des expo­si­tions à l’Irish Museum of Modern Art (Dublin), au Metropolitan Museum (New York), à la Kadist Art Foundation (Paris), à Para Site (Hong Kong), à la Villa Vassilieff (Paris), au Stedelijk Museum Bureau (Amsterdam), à Insert 2014 (New Delhi), etc. Il a été sé­lec­tion­né pour les pro­gram­mes de ré­si­den­ces du Latvian Center for Contemporary Art de Riga, de la Manifesta Online Residency, de la Cité des Arts (Paris) et à été le ICI Fellow du Sénégal en 2014 — où il a mené des recher­ches autour des mé­ca­nis­mes de finan­ce­ments cultu­rels et ins­ti­tu­tion­nels de l’art qui uti­li­sent les struc­tu­res de pou­voir mises en place par les lois colo­nia­les. Sa pra­ti­que artis­ti­que s’inté­resse aux dif­fé­rents niveaux de maté­ria­li­té poli­ti­que ainsi qu’aux échecs de l’his­toire de l’art et de la théo­rie lorsqu’il s’agit de visua­li­té. Son Master de recher­che à l’uni­ver­si­té Paul Cézanne (2008) pro­po­sait une enquête autour des car­riè­res d’artis­tes.