La Galerie Xippas de Genève est heureuse de présenter une exposition d’André Butzer. L’artiste allemand investit pour la première fois les espaces genevois avec une exposition rétrospective présentant dans le premier espace un ensemble de peintures récentes issues de sa célèbre série des « N-Bild » initiée en 2010, et une sélection d’œuvres antérieures dans le deuxième espace. Ce parcours au sein des deux galeries permet d’avoir une appréciation plus large de l’œuvre d’André Butzer.

André Butzer est l’un des peintres les plus importants de la scène artistique allemande contemporaine. Il développe son œuvre exclusivement autour du médium de la peinture et de son histoire. Dès le milieu des années 1990, Butzer se fait connaître à l’international au travers de ses peintures colorées représentant des personnages de dessins animés. Les premières œuvres d’André Butzer, qu’il qualifie lui-même d’« expressionnistes de science fiction », présentent une réalité artificiellement exagérée et aux formes parfois grotesques dont les figures sont les habitants d’une planète imaginaire : « Nasaheim » (nom formé de Nasa et d’Anaheim, ville californienne de la banlieue de Los Angeles fondée au 19ème siècle par des familles immigrées allemandes et aujourd’hui siège de Disneyland). Ces figures sont le produit d’une culture de masse inventée qui pousse la déformation à l’extrême nous plongeant dans des allusions infinies.

Puis, les figures tendent peu à peu à disparaître dans le fond, marquant le passage du figuratif à l’abstrait en faveur de l’autonomie des moyens picturaux. La structure semble anarchique, les motifs se mêlent sur la surface dans un chaos de couleurs éclatantes. L’empâtement et l’emploi de la peinture appliquée sur la toile directement depuis le tube deviennent la quasi-signature de Butzer. Dans la continuité de ce cheminement vers l’abstraction, il réalise en 2010 la première « N-Bild » et rompt alors avec les peintures colorées qui appartenaient à son œuvre jusqu’alors. Les peintures présentées dans le premier espace de la Galerie de Genève s’inscrivent dans la continuité de cette série qui consiste en un ensemble d’huiles sur toile en noir et blanc de moyen et grand formats débutée en 2010 puis développée au cours de ces sept dernières années. Ces œuvres sont constituées d’un unique espace blanc vertical réalisé à main levée sur un champ chromatique noir, traduisant la recherche permanente menée par l’artiste sur les éléments picturaux et les relations qu’ils entretiennent entre eux. Les peintures développent leurs propres nuances selon l’éclairage. Le noir n’absorbe pas seulement la lumière mais en devient également sa source. La partie blanche semble flotter sur la toile, tel un flash visuel, créant ainsi un interstice. André Butzer se définit comme un coloriste. Il justifie l’usage du noir et blanc comme une recherche autour du potentiel maximal de la couleur, ces deux éléments résultant en effet de la réunion de toutes les teintes existantes.

Quant au terme « N-Bild », le « N » fait d’abord référence au terme « Nasaheim », vision utopiste imaginée par André Butzer, expliquée plus haut dans le texte. André Butzer explique également que le “’N’ est un nombre sacré, voir même un nombre d’or ou une lettre qui aiderait les artistes dans leur processus de création ainsi qu’à se frayer leurs propres chemins à travers leurs toiles. ‘N’ suit ses propres règles et ne se réfère à aucune mesure terrestre.” Bien qu’au premier regard les lignes ou formes nous paraissent droites, André Butzer ne cherche pas à réaliser des tracés parfaitement rectilignes, ce qui équivaudrait à reproduire des unités de mesure géométriques auxquelles il ne croit pas. Chaque œuvre est unique malgré les ressemblances formelles. Premiers et arrière-plans sont abolis. Selon lui « la géométrie artistique ou picturale est totalement différente de la géométrie à laquelle nous nous référons quotidiennement en architecture ou design. La géométrie picturale n’est pas imparfaite, elle est même supérieure à la géométrie habituelle. La géométrie picturale a une dimension divine, (…) elle se rapporte au « N »; Elle représente un monde où nos règles terrestres ne s’appliqueraient pas. »

André Butzer est né à Stuttgart en 1973. Il vit et travaille à Rangsdorf, proche de Berlin. De 1996 à 2000, il a étudié à Hambourg, à l’Académie Isotrop. De nombreuses institutions lui ont consacré des expositions personnelles : le Bayerisches Armeemuseum à Ingolstadt (2016), Kunstverein Reutlingen (2015), la Fondation pour l’Art Contemporain de Weidingen (2014), le Kunstverein à Heppenheim (2012), le Musée d’Histoire de l’Art de Vienne et la Kestnergesellschaft à Hanovre (2011) ou encore la Kunsthalle de Nuremberg (2009). Le travail d’André Butzer a été exposé dans diverses expositions collectives telles que Abstract Painting Now! à la Kunsthalle de Krems (2017), Hope and Hazard : A Comedy of Eros à la Hall Art Foundation aux Etats-Unis (2017), Sammlung Viehof : Internationale Kunst der Gegenwart à la Deichtorhallen d’Hambourg (2016) et aussi au MOCA (Los Angeles) ou au Musée d’Art Contemporain de Nîmes. En 2018, il sera invité pour une exposition personnelle par le Musée d’Art Contemporain IKOB en Belgique ainsi qu’à la Yoshii Fondation à Hokuto au Japon. Ses œuvres font notamment partie de collections telles que celles de la Fondation Prada (Milan), de la Goetz Collection (Munich), de la Saatchi Collection (Londres), de l’Université de Chicago (Chicago), du Museum of Old and New Art (Tasmanie), du Kunstmuseum de Stuttgart, la Rubell Collection (Miami), le Musée d’art contemporain de Los Angeles, le Hammer Museum (Los Angeles), le Hamburger Bahnhof – Musée d’Art Contemporain (Berlin), le Carré d’art de Nîmes, ou encore le Phoenix Art Museum (Phoenix).