La Kunsthalle Basel présente Sumber alam, la première exposition institutionnelle en Europe de Bagus Pandega (1985). Se déployant sur plusieurs salles, l’exposition fonctionne comme une séquence
chorégraphiée d’œuvres dialoguant entre elles. Alliant sensibilité poétique et exploration approfondie des processus technologiques, elles retracent les dyna miques changeantes entre machines, signaux et matière vivante.

Fondée sur une recherche de terrain, l’exposition répond aux bouleversements environnementaux en Indonésie, où la propagation des plantations de palmiers à huile et l’extraction du nickel transforment les paysages et les modes de vie des populations. Pandega traduit ces dynamiques en un écosystème de machines et de signaux interconnectés: une machine
à peindre contrôlée par une plante, une installation sonore sculptée dans un bois issu de la déforestation et un simulateur d’extraction minière semblable à un jeu vidéo examinent l’impact de la croissance extractive sur l’environnement et la vie quotidienne.

Le titre Sumber alam, ou « source de la nature », renvoie à la fois aux ressources matérielles et aux forces symboliques qui se déploient dans l’exposition. Pandega considère les objets non comme des élé ments statiques, mais comme des agents actifs qui absorbent le monde qui les entoure, lui servent d’écho et le remodèlent. Des matériaux tels que le nickel, le bois ou les signaux de biofeedback deviennent partie intégrante d’un circuit à la fois fragile et complexe,
où les plantes déclenchent des mouvements et où les machines s’accordent aux rythmes de la nature.

En reconfigurant les matériaux industriels et les processus mécaniques, Pandega ouvre un espace où la nature s’exprime. Lorsque le bois bourdonne, que
le nickel pulse et émet des signaux et que les plantes contrôlent les machines, la vie non-humaine devient clairement perceptible au sein des systèmes humains.

Plutôt que de proposer un récit figé, l’exposition invite le public à se frayer un chemin à travers un cycle d’énergies entre croissance et érosion, mémoire et effacement, questionnant le coût du prétendu progrès durable et imaginant un avenir guidé non par l’extrac tion, mais par la nature elle-même.