Pour cette exposition monographique, l’artiste Hervé Charles a choisi un titre énigmatique : albedo, un terme latin signifiant "blancheur". Ce mot était notamment utilisé par les alchimistes, au Moyen Âge, pour désigner la deuxième phase du Grand Œuvre, processus visant à accélérer la transmutation des matériaux impurs et vils en or, forme métallique la plus noble.
Au 18e siècle, il a été francisé en albédo par le mathématicien et astronome Jean-Henri Lambert (1728-1777) pour qualifier le pouvoir réfléchissant d’une surface. Concrètement, plus une surface est claire et renvoie la lumière qu’elle reçoit (comme la neige fraîche), plus son albédo est élevé. À l’inverse, une surface sombre (comme la lave séchée et refroidie) présente un albédo faible.
Ce phénomène est un facteur déterminant dans la régulation du climat puisque l’albédo influe sur la quantité d’énergie absorbée par notre planète : en réfléchissant une part importante des rayons solaires vers l’espace, une surface éclatante contribue à abaisser la température ambiante et donc à limiter le réchauffement de l’atmosphère. À l’opposé, une surface obscure emmagasine la chaleur, participant à l’élévation des températures.
Le titre Albedo embrasse ainsi les préoccupations environnementales de l’artiste mais aussi les réflexions qu’il mène autour de son médium de prédilection, la photographie. La lumière est en effet le matériau de base de tout photographe par l’empreinte qu’elle laisse sur la pellicule photosensible (appareil argentique) ou les pixels électroniques (appareil numérique) ; Hervé Charles utilisant ces deux techniques pour saisir des fragments de paysages naturels. De fait, la Terre, par les bouleversements et transformations qu’elle connaît, est au cœur de son œuvre depuis ses premiers travaux dans les années 1990.