Le Mali, pays agricole par excellence, s’impose progressivement comme l’un des plus grands producteurs de mangues en Afrique de l’Ouest. Ce fruit juteux et parfumé, prisé tant au niveau local qu’international, joue un rôle clé dans l’économie nationale.

La production de mangues représente un levier de croissance pour de nombreuses familles de producteurs, qui trouvent dans cette culture une source de revenus stable et croissante. Grâce aux conditions climatiques favorables du pays, aux terres fertiles et à une main-d’œuvre abondante, le Mali dispose d’un potentiel énorme pour s’imposer sur le marché international des fruits exotiques.

Toutefois, malgré cet atout, le secteur peine encore à se structurer et à exploiter pleinement son potentiel d’exportation.

Les principales zones de production de la mangue au Mali se situent dans les régions de Sikasso, Koulikoro et Bamako, où des milliers d’hectares sont dédiés à cette culture. L’essor de la filière repose sur l’adoption progressive de nouvelles techniques agricoles, la modernisation des vergers et l’élargissement des surfaces cultivées.

Ces évolutions ont permis une augmentation de la production, avec une amélioration qualitative et quantitative du fruit. De nombreux producteurs se tournent désormais vers des variétés de mangues plus prisées sur les marchés internationaux, notamment l’Amélie, la Kent et la Keitt, qui répondent aux critères de consommation en Europe et en Asie.

Au-delà de sa production locale, la mangue malienne représente une véritable opportunité économique grâce aux exportations. Depuis quelques années, les producteurs et exportateurs maliens tentent de s’implanter durablement sur les marchés étrangers, notamment en Europe et en Asie, où la demande pour les fruits tropicaux ne cesse de croître.

L’exportation des mangues offre une entrée importante de devises pour le pays, ce qui en fait un secteur stratégique pour le développement économique. Cependant, accéder à ces marchés requiert de répondre à des normes rigoureuses en matière de qualité, de traçabilité et de sécurité alimentaire, ce qui constitue un défi de taille pour de nombreux producteurs.

L’un des obstacles majeurs freinant l’essor des exportations de mangues maliennes est le manque d’infrastructures adaptées. Les routes menant aux zones de production sont souvent en mauvais état, ce qui complique considérablement le transport des fruits vers les centres de collecte et d’exportation. La fragilité de la chaîne logistique entraîne des pertes post-récolte importantes, pouvant atteindre jusqu’à 40 % de la production.

Ces pertes sont aggravées par l’insuffisance des infrastructures de stockage et de conservation, notamment l’absence de chambres froides en nombre suffisant pour préserver la qualité des fruits avant leur acheminement vers les marchés étrangers.

Un autre défi de taille réside dans le respect des exigences des marchés internationaux. L’Europe, principal débouché des mangues maliennes, impose des réglementations strictes en matière de qualité, notamment les normes GlobalG.A.P., qui garantissent une production respectueuse des règles sanitaires et environnementales.

Pour les producteurs maliens, obtenir ces certifications représente un investissement financier et organisationnel conséquent. Or, la plupart d’entre eux travaillent à petite échelle et n’ont pas les moyens d’assumer seuls ces coûts. L’absence de coopératives structurées et de mécanismes de financement adaptés complique encore davantage l’accès aux marchés étrangers.

La concurrence régionale constitue également un défi pour le Mali. D’autres pays ouest-africains, comme la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, disposent d’un avantage certain grâce à leurs infrastructures plus développées et leurs chaînes de distribution mieux organisées.

La Côte d’Ivoire, par exemple, exporte une grande partie de ses mangues vers l’Europe via des infrastructures portuaires modernes et des systèmes de certification bien rodés. Le Mali, quant à lui, souffre de son enclavement et doit compter sur des voies terrestres et aériennes pour acheminer sa production, ce qui augmente les coûts logistiques et réduit sa compétitivité sur le marché international.

Au-delà des aspects économiques, l’essor du secteur de la mangue au Mali pose également des défis environnementaux.

La culture intensive de la mangue, bien qu’elle génère des revenus importants, a un impact sur l’écosystème local. L’exploitation des ressources en eau pour l’irrigation, la déforestation liée à l’extension des plantations et l’utilisation croissante de pesticides et d’engrais chimiques menacent la durabilité de la filière. Si des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement ne sont pas rapidement adoptées, la productivité des vergers pourrait être compromise à long terme.

Face à ces risques, il est essentiel de promouvoir des méthodes de production durables, telles que l’agriculture biologique, l’agroforesterie ou l’utilisation de fertilisants naturels, afin de préserver les ressources naturelles tout en garantissant une production de qualité.

Pour surmonter ces défis et permettre au secteur de la mangue de jouer pleinement son rôle moteur dans l’économie malienne, plusieurs solutions doivent être envisagées. Tout d’abord, l’amélioration des infrastructures est une priorité absolue.

Investir dans la construction et la réhabilitation des routes reliant les zones de production aux centres de collecte et d’exportation permettrait de réduire les pertes post-récolte et d’améliorer la compétitivité des mangues maliennes sur les marchés internationaux. De même, la mise en place d’installations de stockage frigorifique adaptées permettrait de préserver la qualité des fruits et d’optimiser leur durée de conservation.

Ensuite, la formation des producteurs aux exigences des marchés internationaux est essentielle. De nombreux petits exploitants ne maîtrisent pas encore les bonnes pratiques agricoles permettant de garantir une production conforme aux normes d’exportation.

Des programmes de formation et d’accompagnement technique doivent être mis en place pour leur permettre de s’adapter aux standards internationaux et d’améliorer la qualité de leurs fruits.

L’accès au financement représente un autre enjeu crucial. Les producteurs maliens, en particulier les petits exploitants, ont souvent du mal à obtenir des crédits pour investir dans du matériel moderne, améliorer leurs vergers ou financer les certifications nécessaires à l’exportation.

Le soutien des institutions financières, des organismes de développement et des partenaires internationaux est indispensable pour leur offrir des solutions de financement adaptées et faciliter leur intégration dans les chaînes de valeur internationales.

Par ailleurs, la promotion de pratiques agricoles durables doit être encouragée afin de garantir la pérennité du secteur. L’adoption de méthodes de production respectueuses de l’environnement, comme l’agroécologie ou la lutte biologique contre les ravageurs, permettrait de limiter l’impact écologique de la filière tout en maintenant une production compétitive.

Le développement de labels de certification bio pourrait également offrir aux producteurs un avantage commercial sur les marchés occidentaux, où la demande pour des produits issus de l’agriculture durable est en forte croissance.

Malgré ces défis, les perspectives du secteur de la mangue au Mali restent prometteuses. Si les investissements nécessaires sont réalisés et si des réformes structurelles sont mises en place, le pays pourrait renforcer sa position sur le marché mondial de la mangue et accroître les retombées économiques pour ses producteurs.

Une filière bien structurée et compétitive bénéficierait non seulement aux agriculteurs, mais aussi à d’autres secteurs économiques connexes, tels que le transport, le commerce et la transformation agroalimentaire.

L’essor du secteur de la mangue pourrait également jouer un rôle clé dans la lutte contre la pauvreté en milieu rural, en offrant aux producteurs une source de revenus stable et en créant des emplois durables. L’exportation de mangues pourrait ainsi contribuer à une croissance économique plus inclusive, en intégrant davantage de petits producteurs dans les circuits commerciaux et en favorisant un développement équilibré entre les différentes régions du pays.

En définitive, le secteur de la mangue au Mali représente un formidable potentiel de croissance et de développement. Cependant, pour en tirer pleinement parti, il est impératif de relever les défis liés aux infrastructures, à la certification, à la concurrence et à l’impact environnemental.

Avec un soutien adéquat des pouvoirs publics, des investisseurs et des partenaires internationaux, le Mali pourrait non seulement consolider sa place sur le marché mondial de la mangue, mais aussi transformer cette filière en un véritable moteur de développement économique et social, durable et profitable aux générations futures.