Qu'est-ce que le secours en montagne ? C'est l'ensemble des moyens mis en œuvre pour porter secours aux victimes d'accidents en montagne. Trois organismes professionnels assurent ces missions en France : les Pelotons de Gendarmerie de Montagne (PGM, dans le Jura, les Vosges et le Massif central) et de Haute Montagne (PGHM, dans les Alpes, les Pyrénées et sur les îles de la Corse et de La Réunion) ; les policiers des Compagnies républicaines de sécurité (CRS, dans les Alpes et les Pyrénées) ; et les sapeurs-pompiers titulaires de l'unité Secours en montagne.

Il faut différencier ces secours de ceux sur les domaines skiables, prodigués par les pisteurs secouristes et relevant de la compétence du maire.

La naissance du secours en montagne

La montagne a toujours été un lieu de passage et de danger. Avant même l'an 1000, des refuges ont été construits à certains cols alpins pour abriter les voyageurs. L'un des plus connus, l'Hospice du col du Petit Saint-Bernard, a ensuite été confié à l'ordre des moines de Saint-Gilles de Verres. Abandonné et rénové à la suite de plusieurs guerres et révolutions, il a fait l'objet d'un programme d'aménagement financé par l'Europe dans les années 90 et est maintenant une attraction majeure du col.

Plusieurs de ces édifices se dressent au milieu des montagnes pour témoigner qu'avant même de partir à l'assaut des sommets, des femmes et des hommes ont traversé ces cols, vallées et massifs en portant des denrées et des messages. Ces régions sont donc depuis longtemps habitées par un esprit de solidarité et d'entraide nécessaire à la vie et aux dangers inhérents à la montagne. Malgré cela, de nombreux drames ont endeuillé les villages et les secours se sont alors organisés. Des sociétés bénévoles de secours en montagne ont été créées pour porter assistance aux blessés et conduire des gardes dans les massifs environnants pour retrouver les disparus. À Chamonix, par exemple, la Société chamoniarde du secours en montagne a été fondée en 1910.

L'accident tragique

Le 24 décembre 1956, veille de Noël, au Mont Blanc, deux cordées : Walter Bonatti, célèbre guide, et Silvano Gheser, ainsi que l'aspirant guide Jean Vincendon avec son ami François Henry. Tous sont déterminés à atteindre le sommet par deux itinéraires différents.

Le mauvais temps force Bonatti et Gheser à sortir de leur voie et à bivouaquer sur la Brenva, l'itinéraire de la seconde cordée. Les quatre hommes unissent leurs forces pour certains passages, mais lorsque la tempête se lève, Vincendon et Henry perdent le contact avec leurs homologues italiens. Ils font alors le choix de faire demi-tour, une erreur fatidique. Le sommet se dresse à quelques centaines de mètres d'eux, et derrière se trouve le refuge Vallot, bien connu des alpinistes. Au lieu d'y chercher refuge, ils décident de redescendre directement sur Chamonix, ce qui les force à passer par la Combe Maudite, un labyrinthe où ils se retrouvent bloqués.

En bas, face à l'absence de nouvelles, les secours se mobilisent. Cependant, les moyens ne sont qu'amateurs et ne sont pas adaptés pour faire face aux pires tempêtes d'hiver. Les guides de Chamonix refusent pendant plusieurs jours d'envoyer certains des leurs, même volontaires, par voie terrestre, et un temps précieux est perdu. Des messages pressent Vincendon et Henry de rejoindre le Grand Plateau, avec l'espoir qu'un hélicoptère puisse s'y poser.

L'un des deux hélicoptères envoyés les atteint, mais face aux chutes de neige, il est contraint de se poser. Les secouristes rejoignent péniblement l'abri Vallot, sans pouvoir emmener Vincendon et Henry, trop faibles et faute de matériel. Ils les protègent dans la carlingue de l'hélicoptère avec l'espoir que le temps se calme et qu'ils puissent être évacués. Pendant ce temps, la cordée terrestre, menée par le guide chamoniard et ami des deux alpinistes, Lionel Terray, qui a finalement eu gain de cause sur sa compagnie, est contrainte de faire demi-tour.

Ce n'est que le 3 janvier 1957, 10 jours après la première nuit d'immobilisation de Vincendon et Henry, que de nouveaux hélicoptères arrivent à décoller. Seule l'équipe de sauvetage est évacuée. Avec l'accord des familles, la mission de sauvetage est arrêtée. Un dernier survol de l'emplacement ne permet pas de repérer un signe de vie, et les risques sont trop grands. Les corps ne pourront être descendus que trois mois plus tard.

La professionnalisation

S'il est impossible de juger a posteriori des décisions prises durant l'ascension et le sauvetage, ces décès déclenchent une polémique, et le gouvernement est mis au pied du mur : les secours en montagne doivent être organisés de manière professionnelle et dotés des moyens adéquats. En 1958, la circulaire ORSEC (Organisation de la Réponse de la Sécurité Civile) donne la compétence du secours en montagne aux préfets, sous la tutelle du ministère de l'Intérieur. Cette assistance est alors, et est restée, gratuite en France. Un lieutenant est chargé de faire le lien entre ces nouveaux pelotons de professionnels et les associations locales de bénévoles. Il crée le GHSM, qui devient en 1971 le PGHM.

Un travail qui s'organise

Ces trois unités de secours en montagne, appelées USEM, travaillent en coordination, que ce soit en unicité quand un seul acteur est présent, comme à La Réunion où il n'y a que le PGHM, en alternance dans l'Isère où le PGHM et la CRS alternent une semaine sur deux, ou en mixité comme en Haute-Savoie où les équipes de secours se composent d'un gendarme et d'un pompier. Le massif du Mont Blanc est resté une exception : des accords bilatéraux entre secouristes italiens, suisses et français ont permis une coopération immédiate sans formalisme. Une entraide transfrontalière qui porte le nom de "La Triangulaire".

En Isère et dans les Pyrénées-Atlantiques, des secouristes spécialisés en spéléologie ont également été intégrés au dispositif de sauvetage. Cette décision fait suite à un second accident, celui de la grotte de Gournier en 1976 dans le Vercors. Une crue avait bloqué à l'intérieur trois spéléologues en exploration. Et si les secours volontaires étaient venus de tous les côtés, cet accident a mis en lumière la nécessité d'intégrer dans certains départements des professionnels du secours en milieu souterrain.

Près de 95% des secours s'effectuent actuellement par hélicoptère. Les moyens et les compétences ont considérablement augmenté depuis 1956, et les endroits inatteignables par voie aérienne et héliportage sont rares. En 2022, le seul PGHM de Haute-Savoie a effectué 1138 interventions, parmi lesquelles 75 accidents mortels. Et bien que l'on parle beaucoup des accidents, voire des décès, en alpinisme hivernal, il est à noter que la moitié des interventions des secouristes se produisent en été, sur les sentiers de randonnée.