L’art a, de tout temps, servi le pouvoir en place. À partir de la renaissance, utilisé par les princes et les rois, au XXème siècle par les présidents. En France, Louis XIV, en créant l’académie de peinture et de sculpture en 1648, officialise la relation entre art et pouvoir, le second encadrant alors officiellement le premier.

L’Art est alors enseigné selon des codes bien précis et selon les besoins de l’époque : un classicisme qui s’exprime dans la rigueur du dessin et le contrôle des émotions. Ces normes visent à créer des œuvres, religieuses ou mythologiques, qui glorifient la monarchie en général et le roi soleil en particulier. Cette académie a évolué au fil du temps, supprimée à la Révolution, puis remplacée par l’Académie des beaux-arts et finalement aujourd’hui l’institut de France. Ainsi, sous le contrôle de l’état, qu’il soit monarchique ou démocratique, l’Art est utilisé, promu ou développé selon les époques. Concernant la 5ème République il est intéressant d’étudier de plus près les politiques culturelles des différents présidents qui se sont succédés.

Charles De Gaulle

Sous Charles de Gaulle est créé le premier ministère de la culture, en 1959 et André Malraux, sera son premier ministre. Le but est clairement de faire rayonner la France à l’étranger. En effet, le patrimoine culturel de la France était alors placé dans la balance du pouvoir mondial et pouvait peser. C’est ainsi que la Joconde partit aux États Unis en 1963 et ce prêt apaisa alors les tensions diplomatiques. Mona Lisa qui est depuis une véritable ambassadrice de la richesse culturelle française.

Georges Pompidou

Georges Pompidou s’est lui particulièrement attelé à redonner à Paris sa place de grande capitale culturelle et à mis en valeur l’art contemporain. Il est à l’origine du Centre national d'art et de culture (le futur Centre Pompidou) décidé dès décembre 1969), le Festival d'automne (la première édition se déroule en 1972) ou encore le renouveau de l'Opéra de Paris. Amateurs de design, Monsieur et Madame Pompidou ont aussi modifié des pièces du palais présidentiel comme le mobilier de la salle à manger, du fumoir, du salon qui sera alors orné de toiles de Kupka et Delaunay et de l'antichambre au décor à effet cinétique de rayures colorées de Yaacov Agam. Une petite révolution moderniste !

Valéry Giscard D’Estaing

Valéry Giscard d’Estaing va essentiellement poursuivre les chantiers de son prédécesseur comme la transformation en musée d’art pictural de la gare d’Orsay, qui ouvrira officiellement en 1986, et proposera la création de la Cité des Sciences et de l’Institut du Monde Arabe.

François Mitterrand

François Mitterrand est le plus grand bâtisseur de la Ve République : l’arche de la défense (conçue pour être dans l’alignement de l’arc de triomphe et de l’arc du carrousel), la pyramide du Louvre, la bibliothèque nationale. En nommant Jacques Lang ministre de la culture, il encourage les arts populaires avec par exemple la création de la fête de la musique. Loin d’être anecdotique, cette fête témoigne de la reconnaissance par l’État de la pluralité des cultures et des pratiques populaires, loin d’un certain élitisme et de la centralisation parisienne.

Jacques Chirac

Jacques Chirac s'est toujours passionné pour l'art des anciennes cultures lointaines. Il décide ainsi de créer un musée dédié aux arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques en 1996 : le Quai Branly. Sa politique tient dans sa citation de l’époque : « Plus que jamais, le destin du monde est là, dans la capacité des peuples à porter les uns sur les autres un regard instruit et à faire dialoguer leurs différences et leurs cultures ».

Nicolas Sarkozy

Sous Nicolas Sarkozy, les Arts se sont exportés avec l’ouverture du Louvre Abu Dhabi qui n’a d’ailleurs pas manqué de susciter de nombreuses controverses (condition de construction du bâtiment sous Nouvel, prêt des œuvres à une autocratie, censure de certaines peintures, prêt de fonctionnaire d’état à un pays étranger…) Sa politique culturelle a également été marquée par la restitution de têtes maories à la Nouvelle-Zélande grâce à l’amendement du statut d’inaliénabilité des objets des musées français.

François Hollande :

François Hollande a poursuivi la décentralisation amorcée sous Mitterrand en inaugurant le MUCEM à Marseille en 2013 notamment.

Emmanuel Macron

Encore en poste, le président Macron n’a pas contribué à de grands projets d’envergure contrairement à ses prédécesseurs. La mise en place et le développement d’un Pass culture, de plages horaires élargies pour certains lieux culturels vont dans le sens d’une volonté de développement de l’accessibilité à la Culture.

Ainsi, il existe en France une vielle tradition d'intervention de l'État dans la culture, qui date de la monarchie. Elle a été institutionnalisée, et aussi vivifiée par la Révolution française, explique l'historien Christian Delporte. Il explique aussi que « A côté de cela, la culture est aussi le fait du prince. Chaque président - et la manière dont celui-ci est imprégné de culture - influe sur la façon dont l'état va intervenir dans ce domaine ». Force est de constater néanmoins que les problématiques budgétaires influent grandement sur les grands chantiers culturels et que le problème principal d’accès aux populations les plus défavorisées reste à résoudre.