Praz-Delavallade a le plaisir d’inviter Soufiane Ababri, Carlotta Bailly-Borg, Micky Clément, Julia Haumont, Thomas Fougeirol, Jim Shaw, Nathan Mabry et Marnie Weber pour l’exposition collective d’été Summer Spirits.

Ensemble, ces artistes plongent le visiteur dans un monde éthéré, où les frontières entre le physique et le spirituel sont floues. Leurs créations audacieuses s’appuient sur différents supports, notamment le film, la sculpture et la peinture, et explorent les thèmes de l’absence, des traces et de la fluidité des corps sous l’effet de la chaleur.

Perceptibles sous certaines incidences, révélateurs de nos mondes intérieurs, les fantômes viennent troubler nos vies sous la forme d’apparitions diffuses, de pensées récurrentes et de rêves à répétition. Leur présence est loin d’être anodine, ils questionnent nos croyances, nos valeurs, nos angoisses, révèlent nos envies, nos peurs, nos espoirs les plus intimes et délivrent parfois des messages. De l’Antiquité avec Ulysse qui côtoyait déjà les âmes des défunts lors de son séjour aux Enfers, au 19è siècle sous la plume d’un grand nombre d’auteurs, captivés par le fantôme du père d’Hamlet et de son imaginaire romantique; en passant par les créatures fantastiques du folklore thaïlandais, vietnamien, chinois ou japonais, tels que les yokai japonais qui sont souvent représentés comme des esprits malicieux démontrant les tracas quotidiens; les fantômes s’immiscent dans chaque interstice de nos vies et cultures.

Bedwork de Soufiane Ababri reprend l’idée du «corps dans le corps» avec une scène d’un poster de Paul Newman collé sur un miroir où un personnage se regarde via les trous placés au niveau des yeux. L’œuvre explore l’idée d’un rituel, offrant la possibilité de s’imaginer dans la peau d’une icône du cinéma hollywoodien ainsi que l’ambiguïté de se référer à un sex symbol pour affronter le quotidien. Le dessin, bien qu’ ironique, aborde également la question de la survie au sein de certaines communautés où la référence aux personnages du passé peut constituer le seul moyen de progresser.

Les peintures poétiques de Carlotta Bailly-Borg plongent dans le royaume des fantômes de l’été. Ses coups de pinceau capturent des moments fugaces et des apparitions délicates, évoquant un sentiment de nostalgie et d’éphémère. Les corps libres, fluides et flexibles se plient avec une grâce presque sans effort. L’artiste utilise des traces de fleurs comme pour convoquer les esprits des plantes. Les formes délicates s’entremêlent et sont empreintes de mythologies grecque et hindoue, de manuscrits médiévaux et de représentations érotiques japonaises comme celles de Sharaku.

Réalisées au pastel sec, les œuvres de Micky Clément offrent un face à face frontal entre l’artiste et son support, seule l’action des doigts provoque l’alchimie des mouvements et des aplats. L’œuvre Vue sur mer mélange ici souvenirs et fantasmes : sans visage, sans personnage, le décor intérieur-extérieur ouvre la perspective de l’échappatoire joyeux. Une histoire simple, une piscine, la mer, plusieurs chemins à prendre. Julia Haumont crée son propre terrain de jeu, qu’elle anime avec des œuvres en céramique et en verre, ici avec des sculptures transparentes inspirées de la mer. Éléments organiques, proches des coraux, ils semblent provenir d’un quelconque monde merveilleux - mais leurs aspérités et irrégularités leur confèrent une inquiétante étrangeté et l’on ne saurait dire s’ils proviennent d’un heureux rêve où d’un cauchemar.

L’univers de Julia Haumont est complété par des figures d’enfants et des collages en matière textile, qui tracent les limites de ce cosmos à reconquérir.

Thomas Fougeirol explore la nature tactile de la peinture et sa matérialité, avec des toiles vibrantes et texturées. Vues de loin, les toiles semblent être des expériences photographiques ou des images de matériaux. Vues de près, elles révèlent la riche diversité de leur structure et mettent à nu les traces du processus par lequel elles ont été réalisées. Ses œuvres capturent des couches spectrales de lumière et de sentiment, évoquant une atmosphère d’un autre monde. Jim Shaw, maître de l’art subversif et surréaliste, présente des œuvres qui donnent à réfléchir et qui remettent en question notre perception de la réalité. Complexes et stratifiées, elles explorent la présence énigmatique des esprits en leur insufflant un symbolisme et des significations cachées. Les œuvres de Shaw invitent les spectateurs à remettre en question leurs propres interprétations et à plonger dans les mystères de la saison estivale.

Nathan Mabry capte l’énergie de la saison avec ses créations expressives, mêlant éléments organiques et industriels. Feels (Ghost) évoque les papiers découpés de Matisse et relie ainsi l’histoire de l’art à la création contemporaine. Les associations avec le lin suggèrent la représentation de fantômes et de visages, offrant une lecture romantique et passionnée d’un motif réinterprété. Les associations avec le lin donnent une première impression de ce qui semble être la représentation de fantômes et de visages, par un motif romantique fougueux.

A Western Song de Marnie Weber raconte l’histoire de jeunes filles décédées tragiquement qui reviennent sous forme d’esprits pour transmettre un message d’émancipation. Cette œuvre, inspirée du mouvement spirite américain des années 1850, mêle le western classique, le surréalisme, le drame expressionniste et des éléments interculturels. Elle explore le voyage spirituel des Spirit Girls à la campagne, abordant la sexualité émergente et les notions de beauté, laideur et cruauté.

Pour Summer Spirits, les artistes invités explorent le rapport ambigu, pluriel et fluide entre notre inconscient et le «fantomatique». Ils nous offrent plusieurs portraits de fantômes et nous invitent à osciller entre le tangible et l’éthéré, brouillant les frontières de notre perception. Dans ce royaume de réalités floues, ils nous plongent dans la dichotomie de la présence et de l’absence, explorant l’interaction de la fluidité et de la transformation.