Il y a quelques années, j’ai découvert le terme “FOMO” acronyme de Fear Of Missing Out qui pourrait se traduire par “La peur de louper quelque chose”. Il s’agit d’un concept théorisé par Patrick McGinnis en 2004 puis popularisé par les réseaux sociaux, notamment Twitter. Le FOMO est un phénomène vieux comme le monde ou du moins aussi vieux que l’apparition des médias, mais c’est surtout pour notre génération que son effet est le plus dévastateur.

FOMO, c’est en quelque sorte le mal de notre siècle. À mesure que les décennies passent, nous nous immergeons dans un monde où la frontière entre le réel et le digital est de plus en plus floue. Nous pouvons suivre chaque jour les aventures et la vie privée de milliers de personnes à travers le monde, et tout cela nous le faisons à portée de doigt avec un outil que nous utilisons des heures durant ; nos téléphones. C’est précisément là que le mal-être venant de cette peur de manquer des opportunités se développe.

Bien sûr, le web contribue à notre divertissement personnel, à l’accroissement de nos connaissances et à la création de liens sociaux. Mon objectif ici n’est donc pas de jeter l’opprobre sur les réseaux sociaux mais bien d’en comprendre les effets sur notre psychologie.

Le flux d’informations intense auquel nous sommes soumis de manière régulière entraîne des effets secondaires non désirés sur nos comportements. Nous devons nous évertuer, à une époque où tout devient accessible à portée de clic, à consommer de manière plus consciente afin d’en subir de façon moindre les effets négatifs.

Malheureusement, ce n’est pas le seul problème qui guette notre santé mentale lorsque nous sommes excessivement plongés dans l’usage des médias sociaux. Elle est également affectée par la facilité de comparaison que ceux-ci nous offrent. Plusieurs études sur le sujet ont démontré que leur usage excessif influe négativement sur la manière dont nous nous percevons dans notre environnement. Les médias sociaux principaux que nous utilisons possèdent désormais tous des flux d’actualités qui s'actualisent à la seconde. Nous sommes potentiellement toujours au fait de ce qui se passe de l’autre côté du globe à l’instant. Cela développe inévitablement le sentiment de ne jamais être au bon endroit au bon moment, l’impression de toujours rater quelque chose.

FOMO, c’est cette envie que l’on ressent lorsqu’on tombe sur la publication d’un ami en train de profiter des plages paradisiaques de Bali pendant que nous sommes sous la grisaille de Paris. FOMO, c’est aussi cette frustration de manquer le passage de ton artiste préféré en concert dans ta ville et d’assister à toutes les stories. Bref, il y a mille et une manières de chuter face à cette peur insidieuse et presque imperceptible au premier abord.

Mais alors comment lutter contre FOMO ? Se rendre compte que l’on en souffre est déjà un bon début. Identifier et reconnaître ce fait permet de mettre en place des actions pour le combattre. La surutilisation des plateformes sociales entraîne des problèmes de santé mentale dont plusieurs symptômes sont les suivants :

Une diminution de l’estime de soi, l’anxiété, un manque d’interrelations, un sentiment d’infériorité, une perte de concentration et d’autres symptômes du trouble d’hyperactivité mais aussi une dépendance à ces mêmes réseaux et tout cela pouvant même mener à la dépression ou des symptômes dépressifs.

L’une des origines de tous ces effets néfastes est que nous pouvons aisément être tentés de nous noter négativement par rapport aux vies sublimées que nous voyons sur Instagram ou Facebook.

Le bon sens nous dicte que ce que nous voyons défiler à l’écran est bien souvent une version embellie, ou exagérée de la réalité. Nous sommes bien conscients, encore plus aujourd’hui, que les leaders d’opinions et autres influenceurs nous montrent en ligne que ce qu’ils veulent bien nous montrer de leur vie privée, en occultant les moments moins glamour ou glorieux.

Cependant, même si nous sommes consciemment capables d’analyser tous ces faits et reconnaître qu’il ne s’agit là que d’une idée que l’on se fait de l’existence parfaite, il est facile devant ces images de se trouver inadéquat. Que ce soit notre apparence physique, nos accomplissements, notre style de vie, voire même notre intelligence, tous ces éléments peuvent être remis en question lorsque nous sommes constamment face à des personnes qui semblent vivre mieux et avoir plus de “qualités” professionnelles ou humaines que nous.

Une étude réalisée sur 500 Britanniques, âgés de 14 à 24 ans, a permis de constater que la moitié des jeunes interrogés estimait qu’Instagram et Facebook exacerbaient l'anxiété. Sur ce même échantillon, 7 individus sur 10 ont reconnu qu'Instagram les faisait se sentir mal dans leur peau. La mise en scène d’une vie rêvée finit par créer en nous de réelles frustrations et de la jalousie.

Mais alors comment retirer aujourd’hui les éléments amélioratifs de l’usage des réseaux sociaux sans en subir les effets indésirables ? J’estime que comme pour tout, il existe un problème dès lors que l’on s’engage excessivement dans la consommation particulière de quelque chose. Quoi qu’il arrive, l’usage de nos médias sociaux préférés s’accompagnent de leur lot de conséquences négatives. Cependant, je suis convaincu qu’il ne s’agit pas là d’une fatalité et qu’il est possible d’en user avec rigueur et d’en retirer bien plus d’avantages que d’inconvénients.

Facebook, Instagram ou encore Twitter, ces outils sont tous très addictifs et des millions voire des milliards de personnes aujourd’hui souffrent plus ou moins de difficultés à s’en délester.

Il serait judicieux dans un premier temps de réévaluer son usage de ces plateformes et d’en faire le bilan. Pour quelles raisons j’utilise cet outil actuellement ? Combien d’heures par jour est-ce que je passe dessus ? Ai-je du mal à fermer mon téléphone et passer à une différente activité ? Est-ce que je ressens de la frustration, de la colère ou de l’anxiété lorsque je suis contraint de ne pas l’utiliser pendant plusieurs heures ? Je pense que toutes ces questions sont à se poser lorsqu’il s’agit d’établir une nouvelle manière d’user de ces applications. Il serait ensuite sage de se détoxifier. Prendre une journée, voire si possible, plusieurs jours sans utiliser les réseaux peut être un bon moyen de remettre à plat les compteurs et de moins sentir cette surcharge d’informations que ceux-ci peuvent faire peser sur nous. Enfin, avant de se replonger dans l’usage de ces plateformes, se poser des limites claires que l’on s’appliquera à respecter. S’imposer à l’avance des limites précises quant au nombre de sessions quotidiennes et à leurs durées peut énormément aider dans la mise en place d’une discipline vis-à-vis de leur usage. De plus, cela permet également de consommer de manière plus consciente lorsque l’on se connecte car on établira plus facilement un ordre de priorité dans les informations que l’on veut consommer.

Et parce que se couper du monde pour mieux le vivre est l’un de mes adages, je suis convaincu que la solution la plus radicale est encore de se priver complètement pendant la durée que l’on sent adéquate. Faire le vide permet de se remettre face à soi-même, de se percevoir en tant qu’individu propre et indivisible et de se rendre compte que nous ne pouvons ni vivre par le biais d’autrui, ni se percevoir à travers son regard.

Exhortons-nous mutuellement à mieux vivre ces outils formidables qui nous permettent de garder le lien avec les autres. Ne les autorisons pas à détruire ce lien. Ce travail c’est à nous tous de le faire.