Avant toute chose j’aimerais d’abord mettre en lumière la raison pour laquelle ce sujet me touche particulièrement.

Qu’est-ce qui différencie fondamentalement, l’enfant de l’adulte ? Pourquoi abandonnent t-on en grandissant, notre nature pure et délicate pour nous charger d’émotions négatives, de malice et souvent, de sentiments négatifs à l’égard d’autrui ? Ces questions sont celles qui me sont le plus souvent revenues tout au long de ma vie concernant la nature humaine. Et je ne m’exclus pas de ces questionnements, en en étant moi-même coupable à bien des égards.

Pourtant les enfants eux-mêmes ne sont pas exempts de toutes fautes. Ils sont crus dans leur mots, souvent plus que les adultes. Ils frappent, hurlent et blessent autrui tout comme nous, mais nous le leur pardonnons tout aussi facilement voire même, nous les honorons pour leur attitude sans détours. C’est parce que nous savons, intimement, qu’ils ne sont pas mus par la malice. Les enfants expriment ce qu’ils sont à l’instant T sans réserves et sans retenue. C’est cette sincérité dans la manière d’être que nous perdons au fur et à mesure que la mémoire prend place dans nos interactions avec notre environnement.

Il y’a de cela 2 ans, je me réveillais un beau jour avec l’envie inextinguible de faire des choses nouvelles. C’est alors que je décide de quitter le logis aux alentours de 5h du matin pour m’imposer une activité que je n’avais jamais entreprise. Courir en pleine nature avant le lever du soleil. Alors que le froid matinal me saisit, je décide d’entamer ma course sous un rythme soutenu pour chauffer mon corps et oublier l’inconfort dans lequel je venais délibérément de me plonger. Très rapidement, je quitte les zones pavillonnaires autour de mon petit quartier du Plessis-Bouchard pour me retrouver dans les champs avoisinants. « La Coulée Verte », cette allée de quelques centaines de mètres, magnifiquement parsemée d’arbres me fait face et domine le paysage. Derrière elle se trouve la forêt dans laquelle je comptais finir mon jogg.

C’est là, dans cette zone peu éclairée, que je lève la tête et fait face à un spectacle auquel je n’avais pas assisté depuis bien des années. Un ciel parsemé d’étoiles dont les seules lumières parvenaient à éclairer le chemin devant moi. Il devait bien y en avoir une centaine, chacune brillant de sa propre intensité.

Cette simple vue m’a enchanté et empli d’humilité. Depuis combien de temps avais-je oublié que ce splendide spectacle se tenait au dessus de ma tête chaque soir sans que j’y prête attention ?

La scène me renvoya à mon enfance sur cette plage de Sendou au Sénégal. Là où je passais des soirées à observer l’astre lunaire et ses compagnons de la nuit. Une époque où je me laissais émerveiller par les choses simples de ce monde.

En rentrant chez moi ce matin-là, je me sentais nouveau. Tout ce sur quoi je posais mon regard me semblait être différent. Une expérience aussi banale avait changé quelque chose en moi, et c’est cette expérience qui me fait comprendre aujourd’hui la différence fondamentale qui régit notre perception du monde à l’âge adulte. En grandissant, nous nous enfermons bien souvent dans cette image que nous avons forgée de notre personne. Nous nous plions aux même activités, renforçons nos idées préconçues sur le monde qui nous entoure et sur notre propre rôle vis à vis de celui-ci. Dans ce cas précis, la mémoire agit comme un ennemi, et c’est précisément notre mémoire des expériences négatives qui nous pousse à éviter l’inconnu, nous rend rigide au changement et donc, limite nos possibilités d’accomplissement.

Ouvrir ses perspectives, c’est selon moi une voie que l’on ne peut éviter lorsque l’on cherche à se réaliser, à partir à la poursuite de ses rêves. Ouvrir ses perspectives, c’est avant tout renouveler ses propres schémas de pensée.

Aussi, depuis ce jour, je me suis fait la promesse de constamment aller à la recherche de ces nouvelles perspectives. Petit à petit, j’ai incorporé de nouvelles choses à mes routines quotidiennes, je me suis replongé dans la lecture, je me pousse à marcher en pleine nature, à apprendre de nouvelles choses, et ma perception du monde s’est peu à peu métamorphosée. J’ai pu retrouver une part de cette soif de l’inconnu que j’avais perdue. Mes actions les plus banales en ont repris du sens. Ce regard inquisiteur que j’avais développé vis à vis de mon entourage, cet état d’esprit rigide et ce jugement négatif que je portais sur beaucoup de choses se sont peu à peu atténués et mes intérêts se sont tournés vers moi. Bien sûr les sentiments et les émotions négatives sont toujours bien présentes, mais je ne les laisse plus dicter ma perception ni mes actes.

On dit que l’humain passe les 7 premières années de sa vie à découvrir le monde, et j’ajouterais que nous passons le reste de notre existence à vouloir l’apprivoiser. Mais inutile de se tenter à une telle entreprise, ce serait comme nager contre le courant d’un fleuve. À mon humble avis, il serait plus sage de s’apprivoiser soi-même, connaître ses limites et les challenger sans cesse pour se rendre compte d’une réalité; voir les choses sous un nouveau jour n’est pas envisageable sans changer d’angle de vue, sans se porter vers de nouvelles expériences.

Alors oui, tentons des choses nouvelles. Retrouvons cet esprit de l’enfant qui est en chacun de nous, celui qui s’interroge et sollicite pleinement ses sens, qui pose un regard curieux sur toute chose. Nourrissons notre corps et notre esprit de nouvelles expériences et ouvrons nous au champ des possibles.