Le philosophe et anthropologue français Marc Augé a décrit le ‘non-lieu’ en 1992 comme un endroit universel dépourvu d’identité socio-sociétale ou architecturale, un produit typique de notre super-modernité occidentale qui n’arrivera jamais au statut d’un lieu humanisé à part entière en raison de son ‘statut d’entre-deux’. Des exemples de ‘non-lieux’ donnés par Augé sont des aéroports, des chambres d’hôtel, des stations de métro et des autoroutes, mais les musées pourraient tout aussi bien entrer en ligne de compte. En raison de leur caractère impersonnel, anonyme et éphémère, les ‘non-lieux’ évoquent une gamme de sentiments indéfinis, depuis ‘l’unheimlichkeit’, la nostalgie, le détachement et la déshumanisation jusqu’au désir ou l’attente d’exotisme, d’escapisme, de liberté ou d’un avenir meilleur.

Alors que le ‘non-lieu’ est interprété, du point de vue anthropologico-social, en se basant sur son caractère anonyme et son impact sur la psychologie humaine, il semble être compris de façon plutôt utopique par de nombreux artistes. Selon eux, le ‘non-lieu’ est une métaphore du désir d’un endroit où règne l’autonomie pure, aussi bien vis-à-vis de l’art que de la société dans laquelle il se trouve. La plupart des oeuvres d’art de cette exposition représentent donc non seulement un rapport détaché, distant, surprenant et étranger avec la réalité actuelle super-moderne et fugace, mais en outre, elles tolèrent rarement d’autres oeuvres à proximité. D’où le choix de les présenter indépendamment les unes des autres, comme des ‘non-lieux’ entre l’espace concret et mental, entre quelque part et nulle part, ici et maintenant, là et alors.

Avec des oeuvres de Maurice Blaussyld, Dirk Braeckman, Jean-Marc Bustamante, Johan De Wilde, Alberto Garutti, Mark Manders, Wesley Meuris, Reinhard Mucha, Dennis Oppenheim, Paul Thek, Jan Vercruysse, Henk Visch et Lawrence Weiner.