La nouvelle présentation de la salle des verreries anciennes commence avec un film sur la fabrication du verre. Les vitrines donnant sur le jardin du cloître vous présentent les différentes techniques qui ont été utilisées au fil des siècles ainsi que le contexte historique de fabrication et d'exportation de ces fragiles oeuvres d'art.

À Venise, Porte de l’Orient, dès le XIIIe siècle, les verriers imitent les verres clairs à décor émaillé importés d’Égypte ou de Syrie. C’est au milieu du XVe siècle, sur l’île de Murano, qu’est mise au point la recette du cristallo, un verre réputé aussi clair que le cristal de roche. Sa limpidité est due à sa composition : la silice pure obtenue par broyage des galets du Tessin et la soude extraite des algues d’Égypte. Le secret de cette recette, préservé pendant un siècle, sera ensuite transmis dans toute l’Europe par des verriers vénitiens migrants.

Deuxième port de transit vers les pays du Nord, au XVIe siècle, Anvers attire marchands et artisans étrangers. Les premiers verriers italiens s’y établissent vers 1535 pour y produire le verre à la façon de Venise. La verrerie anversoise, dont le rayonnement s’estompe dans les premières décennies du XVIIe siècle, cèdera le pas à celle de Bruxelles.

Au XVIIe siècle, la famille liégeoise des Bonhomme s’approprie progressivement l’ensemble des fournaises existantes, pour dominer l’industrie et le commerce du verre en Principauté de Liège et dans les Pays-Bas méridionaux. Afin de couvrir toute la gamme des produits, ils s’entourent de maîtres italiens aptes à souffler les verres de table et de prestige à la façon de Venise, ainsi que d’allemands pour les bouteilles et les roemers. Originaires de Venise, et surtout d’Altare, aux environs de Gênes, les verriers italiens actifs chez Bonhomme portent la production au sommet de la qualité et la réputation du nom au-delà des frontières.

Coupes à fleur ou à serpents, calices à trois ou quatre boutons, étaient les fleurons des verreries Bonhomme. Alors que les modèles d’usage plus commun avaient disparu, ces verres précieux ont été pieusement conservés dans les familles. Ils étaient très prisés des collectionneurs du XIXe siècle qui en ont légué un nombre impressionnant au Musée du Cinquantenaire. On a donc longtemps considéré les verres à serpents comme représentatifs de la production du XVIIe siècle, alors qu’ils n’en constituaient que le phénomène le plus prestigieux et le plus rare.... et leur symbolique La symbolique des verres à serpents nous échappe aujourd’hui. L’attachement qui leur a été porté au cours des siècles témoigne vraisemblablement d’un contenu quasi superstitieux ; ainsi pourrait-on interpréter le verre à serpents comme un gage d’amour ou d’amitié, que l’on offrait pour s’attacher un coeur ou pour le préserver du mal.

La salle des verreries anciennes a pu être rénovée grâce au soutien financier de la Loterie Nationale.