Les Drapiers présente du 4 octobre au 22 novembre de nouvelles œuvres, encore jamais dévoilées aux publics, du créateur textile Daniel Henry. Diplômé de l’ENSAV La Cambre, il dirige depuis 25 ans un studio spécialisé en sérigraphie et ennoblissement basé à Tournai. Il partage son temps entre la recherche et le développement pour l’industrie textile, l’artisanat pour les maisons de luxe et développe depuis 2014 son travail personnel d’artiste. En 2024, il remporte le concours d’intégration d’une œuvre pérenne pour la Salle des mariages de l’Hôtel de ville de Bruxelles.

L’exposition « Les fleurs de fanent jamais », inaugurant le cycle « Fleurs » des Drapiers, s’inscrit dans le travail de sublimation des textiles de Daniel Henry, avec une approche davantage liée à l’intime, tant d’un point de vue matériel que symbolique, où les objets du quotidien sont transformés en objet précieux, faisant se rencontrer le profane et le sacré. L’artiste s’attache à l’objet textile en tant que témoin de vies et support de symboles, de traditions. Collectant depuis de nombreuses années essuies de vaisselle à carreaux, serviettes damassées florales, mouchoirs ou pochettes de costumes, il s’est constitué un trousseau idéal. Le point d’impulsion a été les portraits de ses grand-mères Jeanne et Andrée – l’une d’origine modeste, l’autre d’origine bourgeoise –, réalisés en patchwork.

Le deuil et la mort a également une place importante dans le travail de Daniel Henry. La fleur, symbole de vanité, mais aussi offrande posée sur les tombes, se retrouve également prise dans le geste de sublimation et évoque le lien des vivant·e·s avec la mémoire et les souvenirs passés, et une certaine volonté de figer le temps.

Guidé par les histoires personnelles de leurs propriétaires qui transparaissent dans les objets et les matières, l’artiste fait émerger du tissu ses singularités, telles que les motifs, les monogrammes ou les plis. Ceux-ci sont autant de traces du passé, à la fois proche et lointain, de souvenirs encore présents dans sa mémoire. Daniel Henry renforce ces traces, voire les crée par impression, dorure ou assemblage. Il les refaçonne, les magnifie et les fige dans la matière, allant jusqu’à l’abstraction, dans un geste de conservation amplifié, telle une « fossilisation » des récits de vie.