De retour à la galerie Templon, Jim Dine fait exploser les couleurs, les formes, les techniques pour mieux interroger ses thèmes de prédilection : la création, le soi, la mémoire. A 82 ans, l’artiste et poète américain, au travail dans son atelier de Montrouge, ne s’est jamais senti aussi libre.

La galerie dévoile un ensemble inédit de peintures réalisées à l’été 2017 dans son nouvel atelier. Autoportraits, compositions abstraites ou paysages d’objets, chacune des toiles renvoie toujours au même sujet : la peinture elle-même, son inspiration, sa production, son dépassement. Chacune porte en elle une histoire des repentirs, un souvenir de la puissance physique à l’origine de sa naissance. Travaillée avec de l’acrylique et du sable, à la meuleuse, la surface des toiles acquiert volume et matérialité : Jim Dine sort du plan.

Obsessionnel de la gravure, l’artiste s’est inspiré des travaux sur bois d’Edward Munch dans une nouvelle série d’estampes hallucinatoires composées comme des puzzles. L’artiste réimprime ses supports, y intègre de nouveaux fragments, en dessine les détails à la tronçonneuse, pousse jusqu’aux limites l’accumulation des couches. Le cerne noir de sa tête, aussi reconnaissable que Le Cri de l’artiste norvégien, traverse une infinité de variations par les traces, les couleurs et les motifs.

Point d’orgue de l’exposition, un autoportrait en bronze haut de plus de 2 mètres : la tête de l’artiste hérissée d’outils, comme une affirmation du pouvoir de la main sur celui de la tête ?

Né en 1935 à Cincinnati dans l’Ohio, Jim Dine vit et travaille entre Paris (Montrouge), Göttingen (Allemagne) et Walla Walla aux Etats-Unis. Pionnier du happening avec Claes Oldenburg et Allan Kaprow à New York dans les années 1960, Jim Dine emprunte très vite une voie singulière. Bien que son nom ait souvent été associé au Pop Art, son œuvre défie les catégories. Bois, lithographie, photographie, métal, pierre, il expérimente toutes les techniques pour en bouleverser les règles. Pour lui, l’outil et le processus de création sont aussi cruciaux que l’œuvre achevée.

Depuis sa première exposition en 1960, son oeuvre a été présenté dans près de 300 expositions personnelles. Jim Dine est représenté dans plus de 70 collections publiques à travers le monde, dont celle du Metropolitan Museum of Art de New York, du Musée national d’art moderne - Centre Pompidou à Paris, de la Tate Collection à Londres.

En 2016, Jim Dine a été invité à collaborer avec la Manufacture de Sèvres. Il y a créé Thru the stardust, the heat on the lawn (Claude), un ensemble de 10 vases-sculptures en terre cuite vernissée à la surface couverte des poèmes calligraphiés de l’artiste et plantés d’outils. Ils ont été exposés dans le jardin des Tuileries dans le cadre de la programmation Hors les murs de la FIAC en octobre 2017. Début 2018, le Mnam - Centre Pompidou consacrera une exposition à la donation exceptionnelle au musée, par l’artiste américain, d’une vingtaine de ses œuvres.

Premier ouvrage en français consacré à l’artiste depuis 10 ans, un catalogue bilingue anglais a été édité à l’occasion de l’exposition, introduit par un entretien mené par Guy Boyer, journaliste et rédacteur en chef de Connaissance des arts.